Souveraineté alimentaire : « Cessons d’être naïfs »

16115.hr - Illustration Souveraineté alimentaire : « Cessons  d’être naïfs »
Des terres nordiques pourraient être mises en valeur en raison du réchauffement climatique. © Dmitry Pichugin - stock.adobe.com

Avant d’amorcer sa décrue à la fin du siècle, la population mondiale devrait atteindre un pic de 10 milliards d’habitants. Pour Sébastien Abis, directeur de Demeter*, il faut s’armer pour produire plus. Le déclenchement de la guerre en Ukraine a montré à quel point l’Europe avait oublié l’importance des sujets alimentaires. Sébastien Abis, intervenant aux Rencontres économiques et sociales des filières agricoles et agroalimentaires bretonnes, à Pontivy (56), y voit de la naïveté. « Il faut voir le monde tel qu’il est et pas comme on souhaiterait qu’il soit. Beaucoup de pays ne jouent pas avec les mêmes règles que nous en Europe ; ils ne veulent pas coopérer. Nous assistons à une désoccidentalisation du monde ». La guerre en Ukraine n’est pas perçue de la même manière partout sur la planète. De même, les guerres en Éthiopie au Soudan ou au Yemen laissent les Européens indifférents. « Ce chacun pour soi doit nous interroger sur notre dépendance aux importations d’engrais, à notre autonomie en protéines, au devenir de la Pac ». Une politique agricole qu’il estime mal expliquée, mal perçue, détricotée au niveau communautaire. « Comme pour la pêche, elle pourrait n’être qu’une politique environnementale, si on n’y prend garde, dans quelques années ». Sibérie et Groenland, nouveaux eldorados ? Pour l’économiste, il faudra produire plus, avec moins d’impact sur l’environnement. « La politique productiviste actuelle, qui fait fi des ressources, est insoutenable dans le temps. La décroissance est inacceptable dans un monde en croissance démographique, où des habitants n’ont déjà pas suffisamment à manger. Une politique raisonnable qui consisterait à produire autant avec moins d’intrants s’avérerait insuffisante face à l’enjeu alimentaire ». Pour parvenir à accroître la production et nourrir deux milliards d’habitants supplémentaires, il évoque l’aspect positif du changement climatique. « Des régions, comme la Sibérie, le Groenland ou l’Arctique, pourraient être un nouveau Far North. La Sibérie…

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