La saison de la pleine pousse de l’herbe

Au Gaec des 4 vents, au Cloître-Saint-Thégonnec (29), les vaches sont dehors nuit et jour depuis le 2 avril. Depuis cette semaine, elles sont à l’herbe plat unique.
Ciel bleu, vertes pâtures enserrées par les crêtes sauvages des Monts d’Arrée, vaches repues allongées dans l’herbe : la ferme laitière de Virginie et Lionel Madec offre une image idyllique en ce 20 avril. Les moines défricheurs de l’abbaye du Relecq, qui s’étaient installés en contrebas au Xe siècle, ne s’étaient pas trompés pour développer l’agriculture. La roche à fleur de peau sur les sommets tout proches n’exclut pas la présence d’une terre fertile en contrebas comme le révèle une parcelle fraîchement labourée de l’exploitation. « Il s’agit d’une terre lourde favorable à la production d’herbe. L’an dernier, la pousse a sérieusement ralenti avec la sécheresse mais c’était toujours vert », explique Lionel.
20 jours d’avance au 20 avril
Cette année, après un mois de février sec, les pluies de mars ont fait du bien même si elles ont ralenti le pâturage. Il faut désormais être vigilant pour ne pas se laisser dépasser par la pleine pousse d’avril. « Le lisier enfoui en février travaille bien », montre l’éleveur qui a entamé le 2e tour de pâturage. « J’ai une vingtaine de jours d’avance sur pied. Et je sens que la pousse s’accélère. Il faudra sans doute débrayer quelques parcelles pour enrubanner ». Mais l’objectif premier est de pâturer le plus possible. « Je n’ai besoin que de 170 rounds par an ».
45 ares par vache
Pour nourrir le troupeau, l’exploitation dispose de 45 ares accessibles par VL. L’aménagement de 750 m de chemins l’an dernier, dont 100 m enrobés en sortie d’étable, constitue un vrai plus pour cette ferme qui s’est progressivement orientée vers l’herbe. « J’étais plutôt maïs », concède l’éleveur. « Puis, un audit avec Cogédis, un suivi pendant une saison avec le Cedapa et des visites de fermes très herbagères m’ont convaincu de l’herbe. Je trouvais que les éleveurs herbagers étaient plus sereins et plus détendus. Et puis ma femme me poussait également dans ce sens ».
La signature d’une MAEC 18 % de maïs en 2020, ainsi qu’une reprise de foncier et un échange de 5 ha avec un voisin la même année, ont permis d’augmenter l’accessible et conduit à diminuer la surface de maïs de 5 ha. Dans le même temps, le Gaec des 4 vents a commencé le croisement 3 voies : Montbéliard, Rouge suédois, puis croisement retour en Holstein. « La Holstein a dû mal en système très herbager. Elle a tendance à fondre. Elle retient alors moins bien », observe Lionel Madec.
Fermer le silo 3 mois
Les prairies sont constituées d’un mélange de ray-grass, trèfle et fétuque des prés. « Elles sont retournées tous les 7-8 ans environ. Soit pour mettre un maïs, soit un colza avec retour en prairie le printemps suivant », explique l’éleveur qui organise le pâturage en paddock de 2-3 jours maxi avec fil avant. « Cette année, l’objectif est de fermer le silo 3 mois, contre 2 mois d’habitude ». Le ciel décidera, et à défaut de moines dans l’abbaye voisine depuis le XVIIIe siècle pour chanter les rogations si la sécheresse venait à sévir, Lionel Madec rouvrira son silo de maïs… « Le maïs, c’est quand même une sécurité ».
Civam 29 : 02 98 81 43 94

Zone humide
Le pâturage se concentrait jusque-là sur les parcelles portantes (15 ha pâturés 2 fois) : depuis mi-avril 30 ha de plus sont accessibles. Les vaches sont jour et nuit dehors (38 VL – 0,5 ha/j), avec une hauteur d’herbe de 20 cm et un complément de foin + 1 kg de céréales. La production est montée à 15 L/VL/j (TP : 35 et TB : 42) en monotraite. Les agnelages en plein air se sont déroulés en 25 jours : 75 agneaux pour 45 BL, taux de fertilité exceptionnel de 100 % et taux de mortalité des agneaux de 3 %. Les brebis pâturent 12 m²/BL/j, complémenté par 0,5 kg de céréales/BL/j. Les agneaux sont sous les mères, le démarrage de la traite est prévu d’ici fin avril. CIVAM AD 56 : 06 62 30 56 57
Beatrijs De Wilt, Nivillac (56)Zone intermédiaire
Le premier tour de pâturage a duré 60 jours et s’est terminé le 17 avril. Les vaches sont en pâturage plat unique depuis le 10 avril. La repousse est de bonne qualité partout, avec un bon tallage. Sur les 32 ha d’accessibles qui ont été déprimés, je pense que 5 ha plus éloignés seront « débrayés » (c’est-à-dire sortis du tour de pâturage et fauchés). Mon repère pour débrayer : lorsque les vaches commencent à mettre plus de 1,5 jour à consommer les paddocks de 80 ares. Le 6 avril, la mise à l’herbe des petites génisses nées à l’automne s’est très bien passée : elles avaient été habituées à la clôture durant leurs 3 premiers mois de vie sous nourrice. Adage : 02 99 77 09 56
Guillaume Houitte, Langouët (35)Zone intermédiaire
Faute d’une pousse suffisante, les vaches ont été rentrées 3 semaines. Elles ont repris le pâturage de jour le 2 avril et elles dorment dehors depuis le 15 avril. Le matin, les vaches reçoivent 2 kg MS de maïs ensilage. L’affouragement en vert se poursuit et permet d’ajuster à l’auge si la quantité d’herbe au champ n’est pas suffisante. L’objectif est de fermer le silo d’ici deux semaines. Depuis le 19 avril, toutes les génisses sont au pâturage. Une récolte d’enrubanné a été faite sur 7 ha de dérobée et une récolte d’ensilage d’herbe s’annonce début mai sur les prairies « déprimées » par l’autochargeuse. La quantité de lait par vache est de 21 L (42/33). Cédapa : 02 96 74 75 50
Pascal Le Guern, Saint-Laurent (22)