15292.hr - Illustration L’envol du fauconnier
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L’envol du fauconnier

Récemment installé à son compte, Armand Coussa-Cariou régule les populations d’oiseaux indésirables par capture ou régulation sanitaire. Demain, ses buses de Harris l’épauleront dans son métier.
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Armand Coussa-Cariou

L’été prochain, Armand Coussa-Cariou affaitera ses premiers oiseaux de proie, des buses de Harris, dans la campagne d’Arzano (29). « Un couple de 3 mois, que j’achèterai à un éleveur spécialisé », précise le futur fauconnier. Il doit encore obtenir son agrément pour pouvoir effaroucher pigeons, corvidés et étourneaux avec des rapaces. Ce devrait être le cas dès le mois d’avril. Il défendra son dossier devant une commission de l’Office national de la biodiversité. Préparé tout jeune à cette profession grâce à un oncle créateur du spectacle des oiseaux du Puy du Faou, il ne se voyait exercer aucun autre métier. « J’ai obtenu un BTS gestion de la nature à Pommerit-Jaudy (22), en alternance dans l’entreprise Fauconnerie Team, spécialisée dans la prédation naturelle. Au cours de mon parcours, j’ai effectué des stages avec des fauconniers indépendants, notamment sur l’aéroport de Lann-Bihoué (56), où les volatiles sont chassés des pistes par des oiseaux de proie ». En attendant de faire de la prévention avec ses buses, Armand propose des campagnes de capture, de la régulation sanitaire (tirs) et des nettoyages des zones souillées à des collectivités, à des entreprises agroalimentaires ou pharmaceutiques, à des semenciers et à des agriculteurs. Pour pratiquer ces activités, il est détenteur d’un certificat d’aptitude, délivré par la DDTP.

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Les buses de Harris travaillent en meute.

Réguler puis prévenir le retour des oiseaux

« Je propose une visite technique aux clients. En fonction de l’espèce à déloger et des endroits à protéger, les procédés diffèrent ». En zone urbaine ou péri-urbaine, dans des bâtiments industriels, sur des sites agroalimentaires ou sur des terres agricoles et viticoles, les moyens déployés sont variés : « Des captures, de moineaux, par exemple, à l’aide de filets à l’intérieur des bâtiments afin de les relâcher plus loin dans la campagne, des opérations de dénidification, des tirs sanitaires sur pigeons et corneilles, une limitation de la reproduction par stérilisation (pulvérisation par drone d’un produit biocide rendant les œufs stériles), un effarouchement des étourneaux par des engins pyrotechniques… ». Il s’agit alors de réguler les populations. La prévention est ensuite bien venue, avec les oiseaux de proie. « Le but est de faire croire aux colonies aviaires envahissantes au retour de leurs prédateurs naturels les forçant ainsi à se déplacer ». D’où la nécessité d’obtenir son agrément pour travailler, à son compte, avec des rapaces. La pose de nichoirs à chouettes ou à faucons crécerelles à proximité de silos, à des endroits indiqués, rend aussi de grands services. « Ceux installés à proximité des silos de la coopérative Terrena sont occupés à 80 % ». Un couple de chouettes effraie prélève 5 000 petits rongeurs dans l’année pour leurs besoins et celle de leur nichée. Un couple de faucons prélève jusqu’à 50 pigeons. La pose d’une perche dans un champ est également efficace : « Les buses qui s’y posent contrôlent tout un espace  ». 

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Rééquilibrer les écosystèmes

Après avoir agi en amont contre les colonies aviaires, Armand Coussa-Cariou propose d’assainir les lieux. « Je nettoie et désinfecte les surfaces, je traite les mousses avec des produits sans danger pour l’environnement, éventuellement par drone, je place des répulsifs et ferme les zones d’entrées ». Il conseille aussi les clients pour préserver certaines espèces, rééquilibrer les écosystèmes et retrouver une biodiversité adaptée. « C’est la combinaison de toutes ces opérations, de la capture à la sensibilisation, en passant par le travail avec les rapaces, qui permet de garantir les objectifs fixés ». Il travaille en Bretagne mais aussi en Normandie et en Pays de la Loire.

La pesée de l’oiseau, essentielle pour le dressage

Pour affaiter un oiseau, il y a une première phase de socialisation, pour l’habituer à son nourrisseur et une deuxième de rappel, au gant ou au leurre, en fonction des espèces. Pour ceci, on se sert de son appétit pour le faire revenir. Dans la nature, un rapace qui n’a pas faim, ne va pas chasser pour le plaisir. La socialisation commence dès réception d’un oiseau. Elle peut s’étendre d’une semaine à plusieurs mois. Elle consiste à faire accepter au rapace, de se nourrir au poing et à ne plus craindre le nourrisseur. Ensuite, tous les jours le fauconnier pèsera l’oiseau. Le poids de chasse (moins 20 % de son poids plein) est le poids où son agressivité est exacerbée. Une fois la socialisation finie, il est accroché à une filière, posé sur un bloc haut. Les jours suivants, commencent les balades suitées, de préférence sur les lieux où l’oiseau a été promené au poing pendant la socialisation.

Contact : 06 95 40 72 41


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