Edito - Illustration Trop tard ?

Trop tard ?

Ce qu’il se passe dans le monde de l’élevage breton depuis quelques années est inédit et déconcertant. Depuis qu’il a foulé l’Armorique, il y a 5 000 ans, le bétail n’avait jamais cessé de se répandre et de s’imposer sur la péninsule. Jusqu’à imprégner la Bretagne d’une forme de civilisation de l’élevage. Même les coups de boutoir des premières mesures environnementales des années 90 n’avaient pas ébranlé cette inclination pour l’élevage tant la réduction des effectifs imposée à la marge a été compensée par l’amélioration de la productivité. En effet, la vache à 6 000 L en 1990 produit actuellement 9-10 000 L et la truie à 20 porcelets en produit désormais 28. Aujourd’hui, ce n’est plus une réglementation contraignante qui vide les fermes de leurs animaux mais bien les éleveurs qui décident de leur propre chef de fermer leurs étables et porcheries. À certains égards, les productions de légumes de plein champ sont touchées par le même mouvement de fond. Parce qu’ils estiment que la contrainte de l’élevage n’est pas suffisamment reconnue et valorisée, des agriculteurs dégagent les animaux. Poussés aussi dans leur choix par des motivations d’ordre culturel pour ne plus être en marge d’une société de plus en plus urbaine qui vit un autre rapport au temps libre. Aujourd’hui, les agriculteurs aspirent aussi aux week-ends, aux vacances, aux loisirs. Alors, pour se libérer, ils s’affranchissent des bêtes.

Longtemps imperméables à cet avertissement de décroissance du cheptel, les industriels commencent à s’en inquiéter. Des outils ne tournent déjà plus que 4 jours par semaine, des lignes de production de produits agroalimentaires sont ponctuellement à l’arrêt. La loi d’Orientation agricole lancée hier à Rennes sera-t-elle en capacité de renverser la tendance ? Pour l’élevage, elle semble arriver un peu tard…


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