14616.hr - Illustration L’heure du laitier
Pour son exploitation laitière, Pierre Chapdelaine voulait un système à la fois simple et efficace, qui lui permette d’être le plus autonome possible.

L’heure du laitier

Près de la moitié des installations réalisées aujourd’hui en Bretagne se font hors cadre familial. Cela suppose de bien définir son projet, ses priorités et de trouver ensuite l’exploitation qui y correspond… Témoignage de Pierre Chapdelaine qui a franchi le pas en octobre dernier pour s’installer sur une exploitation laitière, à Pleine-Fougères.

Depuis quelques années, son char à voile est remisé dans un hangar. Pierre Chapdelaine, qui fut couronné champion de France Jeunes de la discipline en 2014, espère bien pouvoir le ressortir un jour. Et goûter à nouveau à l’ivresse des longs bords de vitesse sur le sable découvert par la marée basse, dans cette Baie du Mont-Saint-Michel si chère à son cœur. Mais pour l’instant, le Bretillien a d’autres priorités. En octobre dernier, il a réalisé son rêve professionnel et repris une exploitation laitière, sur la commune de Pleine-Fougères.

Avant de se lancer dans l’aventure de l’installation, le jeune homme originaire de Cherrueix (35) a souhaité se forger une première expérience. Fort d’un BTS Acse complété par un master réalisé en alternance, il fait ses premières armes en tant que technico-commercial, au sein d’une coopérative. « Il a fallu que je crée mon portefeuille de clientèle. J’ai beaucoup prospecté auprès des fermes du nord de l’Ille-et-Vilaine et du sud de la Manche ». Un quotidien qui lui permet d’échanger avec les agriculteurs et de découvrir nombre d’exploitations aux modes de fonctionnement très différents. De quoi nourrir utilement sa réflexion. « Pour moi, cette installation était un vrai projet de vie. Alors, je voulais quelque chose qui soit intéressant à la fois humainement, économiquement, socialement… »

[caption id=”attachment_75826″ align=”aligncenter” width=”720″]14619.hr Les terres sont concentrées dans un rayon de 3,5 kilomètres autour du siège de l’exploitation.[/caption]

Simple et efficace

Au gré des discussions en famille, les contours de sa future exploitation se font plus précis. « Mon objectif était d’avoir un système simple, efficace, qui me permette d’être le plus autonome possible ». Son graal ? Une ferme de type polyculture-élevage avec suffisamment de terres, pour pouvoir avoir un peu de céréales. Sans oublier un dernier critère et pas le moindre : être proche de la Baie du Mont-Saint-Michel !

C’est finalement par son réseau familial qu’il trouve son bonheur. Une exploitation laitière située sur la commune de Pleine-Fougères, au lieu-dit Le Pin, à trois kilomètres à peine de l’exploitation tenue autrefois par ses grands-parents et qui a été reprise par son oncle. Le couple de cédants, Pierrick et Christine Bourgeaux, désirait qu’un jeune lui succède. « Je les ai rencontrés pour la première fois fin 2019, se remémore Pierre Chapdelaine. Puis tout s’est enchaîné assez simplement et rapidement. Dès que nous nous sommes entendus sur la reprise, ils m’ont associé aux choix de l’exploitation. Nous avons établi une relation saine et constructive », comme l’illustre le tuilage de deux mois dont le jeune agriculteur a bénéficié avant de faire ses premiers pas en solo. « Une aide précieuse pour bien identifier le trajet des réseaux d’eau et d’électricité, apprendre à connaître les parcelles séchantes et les zones qui restent humides ! J’ai profité du savoir accumulé tout au long d’une vie de travail ».
Côté bancaire, Pierre Chapdelaine a sollicité deux établissements susceptibles de l’accompagner dans son installation. Avant de finalement opter pour le Crédit Mutuel de Bretagne. « J’ai apprécié que mon interlocuteur vienne voir sur place l’outil de travail qu’il allait financer ».

[caption id=”attachment_75825″ align=”aligncenter” width=”720″]14617.hr Le jeune agriculteur apprécie de pouvoir organiser ses journées comme il l’entend.[/caption]

Travailler à son goût

Installé depuis quatre mois, l’enfant de la Baie ne regrette pas d’avoir franchi le pas. « Cela correspond en gros à ce que j’attendais, hormis l’aspect administratif qui est très chronophage. J’apprécie l’autonomie, et là, je peux organiser mes journées comme je l’entends. Au départ, je me faisais un agenda quotidien. Aujourd’hui, je suis plus sur une programmation hebdomadaire. Par rapport aux prévisions, je suis dans mon plan de marche et plutôt favorablement impressionné par le niveau de production. Mon objectif est de diminuer les intrants sur l’exploitation tout en optimisant ma marge. Je vais éviter les inter-cultures pour laisser à la terre le temps de se reposer et étaler les périodes de travail ».

Sorties 300 jours par an, les 45 vaches laitières – pour une moitié des Normandes, pour l’autre des Prim’Hosltein – ont dormi dehors jusqu’à la fin novembre. Le parcellaire s’y prête avec des terres concentrées dans un rayon de 3,5 kilomètres autour du siège de l’exploitation, et notamment un îlot de 28 hectares sans avoir à traverser la moindre route.  Parallèlement à son atelier lait, Pierre Chapdelaine réalise un peu d’engraissement de bovin viande à l’herbe. « C’est quelque chose que j’apprécie et qui contribue à mon équilibre. Mes parents m’ont toujours dit que pour durer dans le temps, il fallait travailler à son goût ! »

Pleinement satisfait de son outil de travail, l’agriculteur de 26 ans envisage un seul nouvel investissement dans les années à venir : remplacer la salle de traite, pour passer à 10 places contre 6 actuellement. « Mes prêts bancaires sont étalés sur 5, 7, 10 et 12 ans. L’idée est d’avoir terminé ce premier cycle de remboursements pour mes 40 ans. Mais il y a forcément toujours des imprévus, donc je me garde une marge de manœuvre ».

Celui qui a l’intention de s’inscrire prochainement au Centre d’études techniques agricoles (Ceta) lait de Dol-de-Bretagne pour pouvoir discuter pratiques professionnelles avec ses pairs attache de l’importance au dialogue. « J’échange déjà énormément avec mon cousin qui s’est installé le même jour que moi, sur la ferme familiale. On s’entraide beaucoup ». L’équilibre entre vies professionnelle et personnelle passe aussi par là. Et puisque l’homme a de la suite dans les idées, il y a fort à parier que, dès qu’il aura trouvé son rythme de croisière sur l’exploitation, son char à voile glissera à nouveau sur les plages de la Baie du Mont-Saint-Michel.

Jean-Yves Nicolas

Motivation et implication

L’installation de Pierre Chapdelaine s’inscrit dans l’objectif du CMB d’accompagner les futurs Jeunes Agriculteurs depuis leur parcours d’installation jusqu’au démarrage de l’activité. J’ai pu apprécier chez Pierre sa motivation et sa forte implication dans l’élaboration de son projet. Son expérience antérieure lui a permis d’affiner le modèle de production dont le chiffrage traduit une faisabilité financière et économique avérée du projet. Outre le financement des investissements, la gestion de la trésorerie, l’assurance prévoyance et les services font partie intégrante des préconisations abordées par le conseiller du CMB. Christophe Drugeot, responsable de clientèle agricole, Pôle pro de Vitré depuis le 31 janvier


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