- Illustration Pas de souveraineté alimentaire sans hausse du revenu agricole
La crise ukrainienne a relancé le débat sur la souveraineté énergétique et alimentaire.

Pas de souveraineté alimentaire sans hausse du revenu agricole

Les négociations commerciales difficiles malgré la Loi Egalim 2, la guerre en Ukraine, le prix de l’énergie, les aléas climatiques ou encore la grippe aviaire font peser une menace sur la production française.

La balance commerciale agricole et agroalimentaire française est excédentaire mais c’est avant tout le résultat des excédents exceptionnels enregistrés par le secteur des vins et des spiritueux. Hors viticulture, la balance est négative malgré les exportations de céréales et de produits laitiers. Les protéines végétales, les volailles, les produits aquacoles et les fruits et légumes sont massivement importés. De nouveaux évènements, comme la crise ukrainienne ou la grippe aviaire, et l’évolution du climat, font peser une menace sur certains secteurs de la production française. Le risque le plus important pour la souveraineté alimentaire du pays reste le manque de revenu dégagé par les agriculteurs qui pourraient se décourager. Alors que faire ? Les intervenants à une soirée sur ce thème de la souveraineté, organisée par la députée morbihannaise Nicole Le Peih à Pontivy, livrent leurs avis.

Nous devons intensifier la production

Nous avons déjà apporté des solutions avec la loi Egalim, l’élaboration du plan protéines et l’assurance récolte. Nous avons encore cinq chantiers en cours. Nous devons connaître précisément la répartition de la marge entre les différents maillons des filières pour protéger le revenu agricole. Nous devons intensifier la production. Produire plus n’est pas un gros mot. Nous devons intensifier nos exportations, pour notre économie mais aussi pour nourrir des gens qui, eux, n’ont pas les terres ou l’eau pour cultiver (Maghreb) et qui comptent sur nous. Nous devons nous départir de notre dépendance aux engrais importés. Nous devons enfin nous adapter au changement climatique en investissant dans des structures capables de retenir l’eau en hiver. Sinon, il ne faudra pas d’étonner de l’émergence de pénuries dans les magasins.Guillaume Kasbarian, président de la Commission aux affaires économiques de l’assemblée nationale.

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Il faut réhabiliter le « productif »

Jamais un prix Nobel de la paix n’a été attribué à des paysans. Pourtant… Face aux défis climatiques et géopolitiques, ce siècle doit éviter le pire. Depuis deux ans, de plus en plus de gens sur la planète ont faim. La France et l’Europe sont un paradis agricole pour beaucoup d’autres régions. Notre défi sera de relocaliser les productions car une partie du monde travaille pour nous, tout en réussissant la transition agro-écologique. La Russie a créé la rareté, ce qui impose de réhabiliter « le productif ». Fini les 30 glandeuses. Pour l’agriculture, l’inflation alimentaire est un juste retour des choses car l’essentiel a un prix.Sébastien Abis, directeur Club Demeter

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50% de produits locaux dans les cantines de Strasbourg

Auparavant, les agriculteurs à proximité de Strasbourg avaient un statut de double actif. Ils produisaient du maïs et avait un travail en ville. Nous voulions changer ce modèle. Pour cela, la ville a acheté des terres pour les transmettre à des jeunes maraîchers et éleveurs. Ce sont des activités à temps plein. En parallèle, nous avons créé un magasin de producteurs en ville qui fonctionne depuis dix ans et qui leur offre un débouché. Nous avons développé une logistique pour approvisionner nos cantines scolaires. Actuellement, il y a 50 % de produits locaux dans les assiettes. Le prix des repas, à la charge des familles, n’a pas évolué. Ce marché public a vraiment un effet levier pour les circuits courts. Plus globalement, il s’agit de savoir quel est le prix que nous acceptons de payer pour notre alimentation.Françoise Buffet, députée du Bas-Rhin

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Nous avons des soucis de quantité d’eau en Bretagne, pas de qualité

La Bretagne est attractive. 600 000 nouveaux habitants sont attendus à moyen terme. La question de la gestion de l’eau se posera. Nous n’avons pas de problème de qualité d’eau car nous avons réagi tôt. Nous sortons (des dossiers contentieux) à 30 mg de nitrate par litre quand d’autres régions y entrent à 100 mg/l, dans leurs nappes phréatiques. Nous avons, par contre, un problème de quantité, notamment en Ille-et-Vilaine qui s’approvisionne déjà dans les Côtes d’Armor. Où trouverons-nous les m3 nécessaires pour accueillir de nouveaux habitants à Rennes ? La pression augmente, nous avons consommé 10 % de plus ces 3 dernières années. Le programme Ecod’O (économies d’eau dans les entreprises) est une bonne initiative. Il faudra également augmenter la part de recyclage des eaux usées.Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire-Bretagne.


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