10961.hr - Illustration Engranger la valeur ajoutée
Les chaudières du séchoir de Jean-Marie Gaude sont alimentées par du bois provenant, pour partie, de l’entretien des haies de l’exploitation.

Engranger la valeur ajoutée

Comme son père avant lui, Jean-Marie Gaude cherche à concilier diversification et autonomie sur son exploitation. Mais sans jamais perdre de vue la nécessaire cohérence de l’ensemble. Une ligne de conduite qui l’a conduit à s’équiper récemment d’un séchoir à balles rondes.

« Aujourd’hui, la chaufferie est devenue le cœur de l’exploitation », constate Jean-Marie Gaude. En fonction depuis la fin 2020, son équipement, composé de 2 chaudières à bois en cascade, produit la chaleur qui alimente non seulement les séchoirs mais aussi l’étable des veaux et les poulaillers. Comme un symbole de la complémentarité de cette exploitation costarmoricaine diversifiée.
Installé depuis 8 ans sur la commune de Saint-Igeaux, le trentenaire a pris la suite de son père, Jean-Michel, sur un atelier de volailles de chair et compostage qu’il a complété avec un élevage de 35 vaches allaitantes en label limousin. Intéressé par le séchage du fourrage pour l’alimentation de son cheptel, le jeune agriculteur a le déclic fin 2018. « Sur la seule partie bovin, cela ne collait pas. Mais en cumulant avec la volaille et, pourquoi pas, le séchage d’autres produits, l’ensemble prenait sens ». D’autant plus que les besoins de chaleur ne sont pas simultanés : le séchage de l’herbe se déroule d’avril à septembre, période durant laquelle les besoins en chauffage dans les bâtiments de volailles sont moindres.

[caption id=”attachment_62011″ align=”aligncenter” width=”720″]10962.hr Les balles rondes sont placées sur des bouches de séchage intégrées dans la dalle et via lesquelles de l’air réchauffé par le toit solaire ou par les chaudières – en fonction de la température ambiante – est pulsé.[/caption]

Avec Jean-Michel, son père, Jean-Marie s’enthousiasme pour cette idée. Mais les deux hommes n’oublient pas d’être réalistes. Avec le concours de l’association d’éleveurs Segrafo, ils se documentent et peaufinent leur projet. La plupart des chaudières à biomasse étant autrichiennes, le duo décide de se rendre sur place, à l’été 2019, en compagnie de leur partenaire, Cyrille Galliot, de GR Énergies, entreprise de Merdrignac spécialisée dans les énergies renouvelables. « Nous avons visité quatre structures différentes. Et le système de la quatrième exploitation nous a séduits. C’était un séchoir à balles rondes, quelque chose de très poussé, très rigoureux. Là-bas, cela existe depuis 20 ou 30 ans ! »

La prestation de services

Pour Jean-Marie, le choix est fait. « Il faut savoir se diversifier sans se disperser. Là, pour nous qui sommes aussi présents dans le secteur du tourisme avec deux gîtes, c’était un projet novateur, dans l’air du temps et qui avait du sens ». Avec notamment des chaudières à bois alimentées pour partie (plus du tiers) par l’entretien du bocage de l’exploitation.
Réalisés par des entreprises du territoire – « Nous y tenions ! » –, les travaux de construction ont été achevés en octobre 2020. Depuis, Jean-Marie a eu le temps de prendre son nouvel outil en main. L’équipement permet de sécher simultanément 40 balles rondes. Celles-ci sont placées sur des bouches de séchage intégrées dans la dalle et via lesquelles de l’air réchauffé par le toit solaire ou par les chaudières – en fonction de la température ambiante – est pulsé. « Je fais 5 coupes d’herbe par an, alternées de 4 à 6 semaines. Il faut ensuite de 36 à 48 heures pour passer d’une balle de 500 kg bruts à 380 kg de foin sec. Mais il y a une méthode de travail des balles à respecter, le Segrafo m’a d’ailleurs beaucoup apporté sur cet aspect ». L’éleveur ne tarit pas d’éloges sur le foin ainsi obtenu. « Il n’y a pas de refus. Je trouve que les animaux sont plus calmes et que leur viande est bien persillée ».

[caption id=”attachment_62012″ align=”aligncenter” width=”720″]10963.hr Le nouveau bâtiment intègre également 2 séchoirs
à plat qui peuvent recevoir du miscanthus, du blé,
de la fétuque, des plaquettes ou de la sciure de bois…[/caption]

Outre le séchoir à balles rondes, le nouveau bâtiment intègre 2 séchoirs à plat. « Je m’en sers pour le miscanthus, utilisé en litière dans les poulaillers. Mais il est possible de sécher également du blé, de la fétuque, des plaquettes ou de la sciure de bois… » Tout un univers de prestations que Jean-Marie découvre avec plaisir. « Cela me permet de m’ouvrir à d’autres domaines, c’est très enrichissant. Et puis, c’est un revenu complémentaire qui n’était pas intégré au plan de financement ! »
Avec cet investissement d’un montant global de l’ordre d’un million d’euros, le jeune agriculteur estime, au final, être parvenu « à renforcer l’autonomie de l’exploitation, tout en conservant la valeur ajoutée sur place ». Une stratégie en parfaite cohérence avec sa vision de l’agriculture.

Un projet dans l’air du temps

Le séchoir a trouvé toute sa place au sein de cette exploitation diversifiée. Il participe à la cohésion de l’ensemble. Le bois des haies, source d’énergie renouvelable et locale, sert de combustible à la chaudière qui permet de sécher le foin pour l’alimentation des bovins et de chauffer les poulaillers afin d’améliorer le bien-être et les performances techniques. Tout au long de leur démarche, Jean-Marie et Jean-Michel Gaude ont eu une attitude proactive. Ils se sont rendus en Autriche pour étudier les différentes solutions de séchage, puis ils se sont investis pour que l’aide financière du Fonds chaleur de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) soit proposée par le Pays Centre Ouest Bretagne aux entreprises et collectivités optant pour une production de chaleur écologique… C’est un projet novateur et qui s’inscrit parfaitement dans l’air du temps.Xavier Rault, Responsable de clientèle agricole, CMB

Jean-Yves Nicolas


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