La betterave, au menu depuis 15 ans

Sur la SCEA Quenet, située à Trévérien (35), les bovins croquent les betteraves à l’heure du goûter. Cette culture permet aux éleveurs d’intensifier les UF sur leur parcellaire.

Les bovins en raffolent, les éleveurs en général l’apprécient moins, freinés par les difficultés techniques qui peuvent accompagner sa culture et sa récolte. Sur la SCEA Quenet pourtant, la betterave a été mise en place il y a une quinzaine d’années et les éleveurs ne reviendraient pas en arrière aujourd’hui. Sur une SAU de 80 ha, Lydie et Olivier Quenet gèrent un atelier bovins viande naisseur-engraisseur en race Limousine qui passe actuellement de 45 à 51 vaches et un atelier naisseur-engraisseur de 170 truies. Un système intensif qui ne laisse pas de place au « gaspillage » des hectares.

La betterave est cultivée sur 1,5 ha, les céréales sur 25 ha (blé 18 ha, orge 7 ha), le maïs sur 18,5 ha, et l’herbe sur 35 ha : 20 ha de prairies permanentes et 15 ha de prairies temporaires (RGA-TB, luzerne 2 ha, méteil 3,3 ha, RGI 2,5 ha). « La betterave nous permet de produire plus d’UF sur nos surfaces, et de réserver davantage de céréales pour les porcs », a détaillé Olivier Quenet, lors de l’assemblée générale du syndicat Limousine 35, le 29 janvier. « Je donne le maïs et l’herbe le matin, puis les betteraves en fin d’après-midi quand l’auge est vide. » Au total, 2 tonnes brutes qui sont distribuées entières au godet désileur, et croquées comme des pommes par les vaches, génisses et taurillons. « Parfait avec le foin. »

Attention aux cailloux

Parfois, un caillou peut bloquer la machine, mais « ce n’est pas très fréquent. Le mieux serait d’avoir un tapis sur une vieille désileuse, pour ne rien abîmer. » Olivier Quenet le reconnaît, la betterave demeure une culture exigeante. « Je sélectionne les bons terrains, sans cailloux, pour les semis qui sont réalisés par une entreprise avec un semoir spécifique. » Autre point souvent appréhendé par les éleveurs : la récolte. « Elle est assurée par une entreprise qui a investi dans une machine, avec plusieurs éleveurs clients. Il faut compter environ 600
euros/ha. »

Un rendement de 21 t MS/ha

L’arrachage se fait aux alentours de la Toussaint, sans urgence particulière, contrairement au maïs. « La croissance continue tant que les feuilles sont présentes. L’idéal est de récolter quand les feuilles du bas commencent à jaunir. Les conditions climatiques doivent par contre permettre d’avoir des racines propres. » Sur l’exploitation, le rendement atteint 125 t brut/ha, soit 21 t MS/ha. Un bon score. Autre intérêt aux yeux de l’éleveur : « la betterave qui bénéficie des pluies de l’automne offre des rendements plus réguliers que le maïs. » Assurant des croissances autour de 1 300 g/j, les JB de l’exploitation Quenet reçoivent de la betterave, mais aussi du blé. L’objectif est de 420-430 kg de carcasse à 18-19 mois. La génétique fait également partie des leviers de progrès sur l’élevage qui affiche un Ivmat de 103,8. Si l’IA n’est utilisée que pour un peu plus de 10 % des naissances, les trois taureaux de l’élevage sont choisis en fonction de leurs origines, leurs index et leur mixité. « Tous les veaux sont engraissés. Quelques femelles sont vendues en reproduction, d’autres en vente directe », précise Olivier Quenet. Agnès Cussonneau

L’avis de Frédéric Guy, conseiller viande bovine Chambre d’agriculture 35

A l’hectare, la betterave dépasse largement le maïs ensilage en rendement, UF et PDIN. Même si les charges opérationnelles sont supérieures, notamment la récolte, le coût ramené à l’UF se rapproche du maïs. La betterave est un aliment appétent qui doit être complété par d’autres sources d’énergie, sinon il y a risque d’acidose et d’acétonémie. En engraissement, il est possible de distribuer 0,6 kg MS/100 kg vif (max de 0,8). La betterave peut permettre de remplacer une partie du blé, voire la totalité. »


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