Le cheval à sang pour sang

Léa Weingarten et son équipe ont parcouru 160 km à pied pour amener un troupeau d’une vingtaine de chevaux sur un nouveau site dédié au comportement équin. Quand les cavaliers aiment se réveiller avec une pleine tasse de thé ou de café chaud au petit matin, les chevaux préfèrent arracher çà et là de belles touffes d’herbe fraîche d’une pâture proche du canal de Nantes à Brest. Après ce petit-déjeuner, Léa Weingarten vérifie que les licols sont prêts, les consignes sont données. En guise de réveil musculaire, elle n’hésite pas à étirer les membres postérieurs et antérieurs des chevaux qui en manifestent le besoin. Léa ressent l’état d’esprit de ses animaux, ceux-ci lui font une totale confiance. Déjà, il faut reprendre la route : aidée par des amis et la « famille de Cheval Brocéliande », la troupe continue son périple pour rejoindre Kerien (22), but ultime de cette transhumance. Le centre équestre Cheval Brocéliande déménage de Tréhorenteuc (56) en terres costarmoricaines, et a choisi pour se faire la voie des chemins. Regarder devant Déjà l’an passé, une partie des chevaux et poneys ont rejoint le nouveau site. « Ils regardaient les autres congénères restés derrière. Cette fois-ci, ils regardent devant », s’amuse la gérante du centre équestre. Le canal et ses chemins de halage ont été récupérés à Josselin (56) jusque Mûr-de-Bretagne (22), s’en est suivi des voies vertes, des petites routes. Léa Weingarten a préféré parcourir ce chemin à pied, « le faire en camion aurait été trop radical ». La vingtaine d’accompagnants aide les animaux dans ce périple, tout en douceur. « Les chevaux n’ont plus l’habitude de parcourir de grandes distances, c’est une épreuve physique et mentale. On le sort de son domaine vital, il doit se réapproprier le territoire ». En guise de bivouac, des particuliers, des agriculteurs ou des éclusiers ont offert des lopins de terre garnis d’herbe fraîche. L’oasis n’est pas un mirage Destination Kerien (22) pour le troupeau du centre équestre. Après avoir racheté un ancien hameau inhabité depuis longtemps, Léa Weingarten va réhabiliter les lieux pour leur donner un autre sens, type oasis ou lieu de réserve. Sur 50 ha, elle souhaite organiser stages et formations autour du cheval et de la nature. « Plus on se rapproche des besoins des chevaux, plus on a de plaisir ». Cette nouvelle structure nommée « Les Sources du Blavezh » proposera prochainement diverses formations en équitation comportementale pour amateurs et professionnels, des séances d’équi-coaching, une immersion au milieu de la nature avec des logements insolites. Plutôt que de parler d’éthologie, science de l’observation, Léa Weingarten préfère parler d’équitation comportementale, « qui est une mise en pratique concrète des comportements équins observés par ces éthologues ». Pour exemple et pendant cette transhumance, les équidés préfèrent s’appuyer sur leur partenaire humain lors de passage à proximité de routes fréquentées par les voitures que de manifester un comportement de fuite. « Apprenez à écouter ce que votre cheval murmure à votre oreille », rappelle Aurélia Weingarten, mère de Léa et co-gérante du centre équestre. Une autre équitation Ce lien Homme / cheval basé sur une relation intime et une connaissance du comportement des animaux offre une approche différente de l’équitation. Dans le centre équestre, pas de mors pour contrôler la vitesse et la direction de sa monture. « C’est un accessoire coercitif ». Pour arrêter le mouvement, le cavalier exerce une simple pression nasale sur le cheval à l’aide de sa bride. Dans le même état d’esprit, les chevaux restent « pieds nus », l’entretien des sabots est confié à un podologue. Corneille rappelait dans Le Cid que « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Léa Weingarten s’est inspirée de cette citation, et aborde le cheval auprès des enfants dès l’âge de 2 ans. Pour les cavaliers ayant subi des chutes ou pour les personnes qui ont des appréhensions envers les chevaux, des séjours à la carte font envoler les inquiétudes. Difficile de dater avec précision le début des relations Homme/cheval dans l’histoire, mais les prémices de cette complicité pourraient remonter à la fin du paléolithique supérieur, soit il y a 12 000 ans… Les Sources du Blavezh vont continuer à écrire cette histoire particulière avec ce que certains nomment la plus belle conquête de l’homme. Contacter Les sources du Blavezh La page Facebook Les Sources du Blavezh retrace en photo le périple à pied de 160 km pour relier Tréhorenteuc à Kerien. D’autres informations concernant le projet sont disponibles www.chevalbroceliande.fr, 02 97 93 01 05 ou chevalbroceliande@gmail.com.

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