dd8156.hr - Illustration « Nous retrouvons goût à notre métier d’éleveur »
Philippe Le Dû et le troupeau en croisement 3 voies depuis 5 ans, sur une parcelle d’agroforesterie.

« Nous retrouvons goût à notre métier d’éleveur »

Pour parvenir à de meilleurs résultats économiques et travailler moins, Philippe et Cathy Le Dû ont bouleversé leur système en le rendant pâturant et économe. Une trajectoire qui leur a aussi permis de réduire la consommation de phytosanitaires jusqu’à passer en bio.

Après avoir été éleveurs laitiers dans le Finistère, Philippe et Cathy Le Dû sont arrivés à la Noë-Blanche (35) en 2009 sur une exploitation de 88 ha. Un « déménagement » qui leur a demandé de revoir leurs techniques pour s’adapter à une zone plus sèche. « Nous avons opté au départ pour un système intensif avec une forte consommation d’intrants, ce qui générait des difficultés économiques. Pour nous en sortir et tenter de diluer les charges, nous avons essayé d’augmenter l’effectif avec un nombre de vaches laitières qui est monté jusqu’à 85. Nous faisions 30 ha de maïs et 10 ha de céréales de vente », décrivent les éleveurs.

Au bord de la rupture

« Mais cela n’a fait que renforcer les problèmes : nous avions davantage de vaches dans une petite salle de traite, un nombre de mammites qui explosait… » Au bord de la rupture économique, sanitaire et noyés sous le travail, les éleveurs ont même pensé arrêter leur activité. En 2013, se posant la question d’un passage en système plus herbager, ils rejoignent un groupe animé par l’Adage 35. « L’entrée ‘travail’ est très importante dans nos groupes et peut jouer sur les choix techniques. Les éleveurs veulent être bien dans leur tête », souligne Pauline Usson, animatrice Adage 35.

En 2015, Philippe et Cathy Le Dû signent une Maec système 18/65 et débutent leur conversion en bio l’année suivante. En 2017, ils intègrent un groupe 30 000 de l’Adage dont l’objectif est de réduire l’emploi des produits phytosanitaires. « Nous avons toujours utilisé de faibles doses de traitements. Pour le maïs, nous avons opté pour du désherbage mécanique. Les mélanges d’espèces et/ou variétés dans le méteil, les prairies et les céréales à paille contribuent à la maîtrise des adventices. » Sur le troupeau, l’usage des traitements allopathiques a été réduit. Grâce à des échanges parcellaires et la construction d’un boviduc en 2017, les éleveurs ont fortement accru la part de pâturage. « Aujourd’hui, nous disposons de 59 ha accessibles pour 65 vaches. Au plus loin, elles font un peu plus d’1 km de marche », soulignent les producteurs. Désormais, la ferme est totalement autonome, seul du minéral est acheté.

Les éleveurs ont bénéficié de 9 800 € de subvention de la Région sur le boviduc qui coûtait 25 000 €. Ils ont été aidés par le Département pour la réalisation de chemins et par Breizh bocage pour la plantation de 6 km de haies – l’élevage en totalise aujourd’hui 10 km. Ces orientations ont redonné le sourire à Philippe et Cathy Le Dû qui « se sentent apaisés moralement et ont retrouvé du sens à leur métier. » Les résultats économiques se sont améliorés. « Nous avons investi dans une salle de traite 2 x 10 simple équipement. Entre 2017 et 2020, l’EBE annuel s’est accru de 60 000 €. »

Le lotier bien adapté

Sur la SAU de 91 ha, 75 ha sont en herbe, 6 ha en maïs, 5 ha en méteil battu et 5 ha en blé panifiable (vendu à une meunerie). « Nous faisons du maïs épi déshydraté pour l’énergie, pour maintenir les taux et l’état des vaches. Et nous nous orientons vers du maïs épi ensilé à l’avenir. » Fétuque élevée ou des prés, ray-grass et trèfles divers, fléole, lotier, luzerne, plantain peuvent être associés dans les prairies, selon l’utilisation ou le type de sol. Représentant jusqu’à 10 kg dans les 40 kg/ha de semences, le lotier est une plante fourragère adaptée aux terrains secs et superficiels. « Nous avons arrêté le dactyle qui est trop invasif… ».


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