Des fermes laitières bio sans repreneur

Alors que le marché du lait bio est en forte hausse, les conversions se tassent aujourd’hui. Certaines exploitations déjà en bio n’ont pas de candidats à la reprise.

Dans un marché des produits laitiers biologiques en croissance continue, les producteurs répondent avec une collecte européenne en hausse, se situant à 4,4 millions de t en 2016, soit 3 % des volumes totaux de lait. Deuxième producteur européen derrière l’Allemagne, la France devrait produire plus de 810 millions de L en 2018. Mais après les fortes vagues de conversions de 2009 et 2016, ces dernières sont moins nombreuses aujourd’hui.

Moins de demandes d’accompagnement

[caption id=”attachment_34183″ align=”alignright” width=”148″]David Roy, coordinateur technique Agrobio 35 David Roy, coordinateur technique Agrobio 35[/caption]

« Nous avons même de fortes inquiétudes par rapport aux transmissions aujourd’hui. Certaines fermes laitières n’ont pas de successeur en Ille-et-Vilaine. Dans les demandes d’accompagnement que nous recevons, 7 sur 10 environ sont en maraîchage, 2 en élevages diversifiés et à peine 1 en lait », chiffre David Roy, coordinateur technique d’Agrobio 35, groupement des producteurs bio d’Ille-et-Vilaine. Même constat chez Agrial qui observe aussi des fermes sans successeur.

L’astreinte de la traite, l’image de crise véhiculée par l’agriculture, le manque d’élèves dans les centres de formation et la méconnaissance de la bio sont des raisons évoquées par les participants à la soirée-débat du 3 avril à Tinténiac. Une des sept organisées par le réseau des producteurs bio en mars sur toute la Bretagne. « Les vaches sont par ailleurs de gros animaux de 650 kg qui peuvent faire peur aux personnes n’étant pas enfants d’éleveurs », ajoute David Roy. Les filières ont pourtant besoin de lait bio avec un marché français de 711 millions € en 2015. Les laiteries souhaitent augmenter leurs volumes. « Il y aura toujours des possibilités de collecte en bio pour les agriculteurs », notent plusieurs intervenants.

Collecte groupée ?

La gestion des volumes a aussi été abordée. « Je pense que l’avenir du bio, c’est la collecte groupée car on peut, en cas de surproduction, faire baisser les volumes. Cela a été le cas en 2012. Tous les producteurs ont abaissé leur production via différents leviers (monotraite, moins de concentrés, départ de vaches). Sur les 5 % demandés, la baisse finalement a été de 10 % », soulignent des producteurs livrant à Biolait. L’organisation de producteurs 100 % bio collecte et propose le même prix partout en France. Elle va passer de 250 millions L collectés en 2018 à 300 en 2019.

Renforcer le cahier des charges européen

« Tous les aliments utilisés sur nos fermes sont français pour garantir le sans OGM », explique Aurélien Leray, producteur Biolait. La contractualisation tripartite sur 5 à 7 ans avec des distributeurs comme Biocoop et Système U est par ailleurs développée par l’OP. « A chaque renouvellement de contrat, on observe une croissance des volumes. Nous proposons aussi des contrats « départ ferme » avec des transformateurs locaux. D’ici 4-5 ans, nous devrions exporter 13 % de nos volumes. » Du côté d’Agrial, les éleveurs s’interrogent aussi par rapport au cahier des charges européen très ouvert. « Nous souhaitons aller vers une bio à notre image, avec un cahier des charges prenant en compte l’alimentation, le bilan carbone, la gestion des déchets… Un collectif Génération bio a été mis en place rassemblant différentes productions », souligne un éleveur Agrial. La coopérative accompagne les nouveaux postulants au bio en réalisant des études économiques. « Les deux années de conversion peuvent parfois être difficiles… »


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