7249.hr - Illustration Une génétique moins gourmande en finition
La génétique est un levier pour mieux tirer profit de l’herbe et des fourrages.

Une génétique moins gourmande en finition

En conduite de production économe et en bio, les éleveurs adaptent la génétique de leurs troupeaux bovins pour qu’elle colle mieux à leurs besoins et leurs marchés.

Éleveur dans la Vienne sur 150 ha, Philippe Alamome oriente la sélection de son troupeau limousin en bio (50 vêlages/an) sur la préservation de la robustesse et la facilité de finition. « Ce n’est pas simple de trouver un bon taureau herbager en Limousine. Pour cela, je me déplace dans des élevages où la conduite est plus difficile que chez moi, en montagne, dans la Creuse… Je sélectionne des reproducteurs plutôt élevés en bio qui ont montré des performances sous la mère, pas des animaux de concours », souligne l’éleveur qui garde 20 génisses par an pour le renouvellement ou la vente et 10 mâles engraissés en bœufs.

Les premiers mois pour juger

Les vêlages sont groupés de début février à avril. « Les veaux n’ont pas de complémentation avant leur pesée en septembre. Je veux connaître la valeur laitière des mères et le potentiel de croissance des veaux avec du lait et de l’herbe seulement. Je cultive des prairies multi-espèces avec beaucoup de trèfle. Dans cette phase sans concentré, mon objectif de GMQ est de 1,1 à 1,2 kg/jour sur les veaux mâles, un peu moins sur les femelles. »

Passage en Aubrac

Témoignant également lors de la journée sur la sélection des ruminants organisée le 4 décembre par Bio Nouvelle-Aquitaine, Christophe Caillé prend quant à lui une orientation plus radicale en amenant la race Aubrac sur son élevage jusqu’alors en Limousine (60 vêlages/an). Éleveur dans les Deux-Sèvres, en bio depuis 1999, il s’est lancé dans l’engraissement à l’herbe il y a quelques années. « Aujourd’hui, je rencontre des difficultés pour la finition. C’est pourquoi j’achète des Aubrac que je pense plus adaptées aux nouvelles conditions climatiques. Mon objectif est de ne plus donner de concentrés. Actuellement, les veaux sont complémentés l’été au nourrisseur avec un mélange céréalier et de la luzerne déshydratée. » Ne vendant quasiment qu’en vente directe, l’éleveur cherche à réduire ses poids de carcasses : « 400 kg serait l’idéal. »

La ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou accueille un cheptel de 120 UGB (70 vaches limousines) en autonomie. « En regardant l’évolution sur les 15 dernières années, nous constatons des durées de finition et des quantités de concentrés en hausse qui nous poussent à nous interroger sur l’efficience technico-économique du système. Et l’aval demande aujourd’hui plutôt des carcasses plus légères avec une part importante d’herbe », souligne Bertrand Daveau, ingénieur projet sur la ferme.

Croisement limousin x angus

Pour répondre à ces objectifs, les responsables de la station souhaitent gagner en précocité notamment sur le dépôt de gras. « La race parfaite n’existant pas, nous avons décidé de réaliser du croisement terminal en race angus, reconnue pour sa rapidité à déposer du gras, sans remise en cause du cheptel souche limousin. Le croisement ne concerne que les génisses avec un objectif de vêlage qui passe de 30 à 24 mois dans l’idée d’augmenter la production de viande vive avec un même nombre d’UGB. L’objectif est de parvenir à des bœufs et génisses croisées de 24 à 27 mois affichant 350 à 400 kg de carcasse. »
L’élevage va voir naître une vingtaine d’animaux croisés par an, répartis entre vêlages de printemps et vêlages d’automne. « Nous allons analyser l’efficacité alimentaire dans les deux périodes, la qualité des carcasses et les propriétés organoleptiques de la viande. Cela nous permettra entre autres d’objectiver l’effet mode que connaît actuellement la race angus », souligne Bertrand Daveau.

Un essai en croisement salers x angus

Un autre type de croisement a été testé par l’Inrae : des mères salers avec des pères angus. « L’objectif était d’augmenter la précocité, de faciliter l’engraissement et de mieux valoriser l’herbe », explique Bernard Sepchat, de l’Inrae. « Peu de concentrés ont été distribués de la naissance à l’abattage. Le poids vif moyen des jeunes bovins, abattus à environ 15 mois, était de 450 kg avec un bon état d’engraissement. La viande était tendre mais pas très rouge ». Le fait que ces animaux n’entrent pas dans les standards de la demande (âge, race, poids) a induit des difficultés de commercialisation. « La Salers n’est pas forcément la meilleure race à croiser avec l’Angus. »


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