D5527 - Illustration Limiter les croisements et les risques de contamination
Patrick Gautier et sa fille Julie, devant les panneaux d’indication à l’entrée de l’élevage pour les intervenants extérieurs.

Limiter les croisements et les risques de contamination

Améliorer la biosécurité a permis aussi d’optimiser les sens de circulation et de gagner du temps et du gazoil.

Au Gaec Gautier Nicolas, on trouve tout de suite ses marques. Un parking « intervenants » accueille les personnes extérieures, avec les numéros de portables des époux Gautier : Florence, responsable de l‘atelier porc et Patrick, à l’atelier bovin lait. De cette aire de parking, un fléchage permet de guider l’interlocuteur vers le sas d’entrée en porc ou l’entrée de la laiterie en bovin lait, où le jet de lavage des bottes et un pédiluve rempli de chaux vive sont installés. Cette démarche de biosécurité, ils l’ont mise en place en janvier 2020, fortement sensibilisés avec l’obligation de sa mise en place en production porcine d’ici le 1er janvier 2021. Néanmoins, ils ont aussi inclus l’élevage bovin dans l’audit, « pour voir ce que l’on faisait de bien et de moins bien… », introduit Patrick Gautier. L’occasion aussi de se poser, de profiter d’un œil extérieur pour vérifier que les « habitudes prises pour se simplifier la vie au quotidien » sont les bonnes pratiques.

« Le travail n’est pas plus compliqué »

L’audit a ainsi permis de réaliser la liste des marges de progrès et de les hiérarchiser selon la gravité et la fréquence des risques. De cette intervention réalisée par le GDS Bretagne, il est apparu que, sur l’atelier bovin, une fois la désileuse pleine, Patrick Gautier faisait tout le tour de sa stabulation laitière, par simplicité, « juste pour éviter de faire une marche arrière sur 50 mètres », dans le circuit vert, zone de circulation réservée aux internes de l’élevage dans leur travail quotidien. Mais il y croisait l’accès au pâturage, souillé par les bouses. Pour éviter de salir l’aire d’alimentation, il recule dorénavant avec sa désileuse tous les jours dans le couloir d’alimentation. « C’est une évidence, maintenant que j’en ai pris conscience. Le travail n’est pas plus compliqué, au contraire, il me fait gagner du temps et du gasoil. »

Modifier ses habitudes

D’autres postes sont aussi concernés, en particulier dans la zone rouge, destinée à la zone de circulation des intervenants extérieurs ne croisant pas avec la zone verte : la stabulation ne sera plus accessible au négociant pour le départ des animaux. Un accès spécifique (flèche noire sur la photo ci-contre), donnant sur des box lui sera aménagé sans grands frais, par une porte déjà présente entre la stabulation et la fumière. Le camion d’aliment, qui entre dans la stabulation pour charger le silo des Dac, se verra également attribuer une zone de déchargement, dans un nouveau silo extérieur sous un abri qui se situera près de la laiterie. Ce poste nécessitant du temps de travail pour aménager le système d’approvisionnement des Dac – et de la trésorerie – a été différé dans le temps. « Mais, en un an, nous aurons effectué tous les aménagements nécessaires », envisage-t-il.

« On évite les croisements pour les tâches quotidiennes. L’objectif n’est pas forcément d’empêcher tous les croisements mais de les limiter, car certains sont inévitables. Pour ceux à moindre fréquence, en cas de souillure, on nettoie et on désinfecte », insiste l’éleveur, convaincu par sa démarche. Et pour cause. Un problème de paratuberculose a obligé les éleveurs à bio-compartimenter les postes pour ne pas contaminer les génisses. « Nous avons donc arrêté de soigner les veaux pendant la traite. Ces derniers, à préserver pendant la phase d’acquisition de leur immunité sont protégés et isolés dans des salles autour de la laiterie. Nous les soignons dorénavant avant la traite, avant de nous occuper des adultes. Il faut intégrer cela dans notre travail quotidien, modifier nos habitudes. Mais, si la solution est simple, elle est vite adoptée. » Et, si aujourd’hui la paratuberculose est dans leurs préoccupations, ces pratiques sont aussi efficaces envers de nombreuses autres sources de contamination.

La biosécurité en porc gérée à part

La zone porcine est à part et a sa propre entrée, avec un nouveau sas de 10 m2. Elle dispose d’une « cour de circulation » des animaux, protégée des intrusions extérieures par des murs en plein ou des barrières de 1,50 m. Le quai d’embarquement donne sur la zone de sortie. 

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Le principal risque provient de l’extérieur amené par les roues, les pattes ou les pieds

L’audit biosécurité permet de hiérarchiser l’ensemble des mesures de protection sanitaire à mettre en place dans un élevage pour maîtriser les risques de transmission de contaminants à l’entrée, à la sortie, et au sein même de l’élevage. Cela concerne par exemple les intervenants et le matériel, les risques inhérents à l’alimentation, ainsi que les contacts avec des cheptels voisins. La démarche peut mener à changer des habitudes simples, sans compliquer néanmoins le travail quotidien dans le site existant, ou à programmer des pratiques à prévoir régulièrement (lavage et désinfection de matériel par exemple). Si la biosécurité est obligatoire en volaille depuis 2016 et en porc depuis 2018, la démarche émerge en bovin lait et est désormais proposée par GDS Bretagne. Elle doit aussi être intégrée dès le départ dans la réflexion d’un projet, nouveau bâtiment ou agrandissement de stabulation en bovin.Félix Mahé, Expert GDS Bretagne


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