L’économie de proximité, de la valeur ajoutée territoriale

L’économie de proximité et sa création de richesses locales en valorisant les atouts du territoire sera-t-elle l’économie du XXIe siècle ?

Depuis les années 80, des économistes ont montré que des territoires organisés, dynamiques, affichaient de bien meilleures performances économiques que les grandes métropoles. Ils ont fait émerger l’idée qu’une économie de proximité coexistait en parallèle d’une économie plus globalisée. Le maître mot serait la coordination des activités et des acteurs. Du fait de la taille limitée des firmes et organisations dans les territoires ruraux et de la limite des capitaux disponibles, les acteurs sont incités à travailler ensemble, à partager des moyens de production ou à se spécialiser dans une suite de tâches pour réaliser le produit/service fini. Une entreprise agroalimentaire aura besoin d’artisans pour gérer la chaîne du froid, de transporteurs, de services aux entreprises… Les emplois induits ne sont pas que chez les sous-traitants mais aussi dans les infrastructures locales (services publics) qui vont être liées à la densité de population générée par l’activité économique.

Des territoires gagnants

C’est ce que l’on va désigner comme l’économie présentielle : économie marchande de biens et services résidentiels, activité non marchande de services centrés sur la satisfaction des besoins vitaux des populations, touristes inclus. Elle se compose de métiers qui se développent grâce à des populations consommatrices : commerces de proximité, alimentation, marchés, services à la personne, services de santé, conseil en informatique, entretien de l’habitat, etc. Bien évidemment, tous les territoires et tous les acteurs n’ont pas la volonté de coordination. Les experts observent donc des territoires gagnants alors que d’autres, bénéficiant des mêmes atouts, ne vont développer aucune dynamique. La Bretagne, le Pays basque, les Savoies et, aujourd’hui l’exemple le plus marquant, la Vendée, sont des régions où la coordination des acteurs a permis de densifier le tissu socio-économique. Dans ces espaces, l’économie de proximité représente de 50 à 80 % de la création de richesse. On notera aussi que l’économie de proximité amortit bien mieux les soubresauts de l’économie mondialisée. Il y a aussi une dimension de « vouloir réussir au pays » qui motive les différents acteurs de ces territoires et porte cette dynamique.

[box type=”shadow” align=”” class=”” width=””]

Quatre conditions pour réussir

La question est de savoir quelles sont les clés du succès de cette économie pour créer de la valeur. À l’échelle des entreprises, quatre conditions inséparables sont nécessaires. Tout d’abord, le territoire doit posséder des savoir-faire ou des atouts (produits, techniques, localisation…) qui vont lui permettre de se différencier. Il doit ensuite être capable de mettre en œuvre ces savoir-faire en mobilisant des compétences adaptées. Certains territoires possèdent des savoir-faire qui sont oubliés ou peu mis en œuvre faute des compétences nécessaires. Ces deux facteurs vont alimenter des trajectoires d’entreprise, autour d’histoires, d’expériences, d’identités qui vont donner du corps au produit fini. C’est cela aussi que les clients attendent dans un produit local. C’est autour des identités retrouvées que se construisent aujourd’hui les plus belles réussites entrepreneuriales.

Enfin, dernière condition, la dynamique territoriale va se développer si les acteurs locaux (élus, entrepreneurs, forces publiques…) prennent des risques, innovent et sont créatifs. C’est souvent sur ce dernier facteur que toute la différence se crée entre des territoires mous et des territoires en mouvement. L’économie de proximité sera-t-elle l’économie qui redonnera du sens à des territoires oubliés ? La réussite de beaucoup d’entre eux depuis une quinzaine d’années apporte une réponse positive.

[/box]

*Cf. “Paris et le désert français” du géographe Jean-François Gravier 


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article