- Illustration « 400 € la caméra, c’est cher, mais je ne pourrais pas m’en passer »
Peu encombrante et discrète, la caméra de chasse se cache dans la végétation, attachée à un piquet de clôture ou sur une branche d’arbre. L’éleveur la déplace au gré des changements de parcelles de ses moutons.

« 400 € la caméra, c’est cher, mais je ne pourrais pas m’en passer »

Comme Élodie Crossouard, éleveuse à Sion-les-Mines (44), de nombreux éleveurs de moutons de Loire-Atlantique sont les victimes régulières de vols de moutons par dizaines.

Depuis janvier 2020, au moins 350 moutons ont été volés en Loire-Atlantique, selon le « Collectif des éleveurs pillés ». Soit autant en six mois que pour toute l’année 2019. « Au préjudice économique s’ajoute la détresse morale et le stress permanent qui touchent de plein fouet la famille des éleveurs », s’alarme le président du collectif, Sébastien Héas.

Deux caméras de chasse, bientôt quatre

Début mars, un dimanche soir, Élodie Crossouard, éleveuse à Sion-les-Mines (Nord Loire-Atlantique), s’est faite voler treize agnelles qui devaient mettre bas un mois plus tard. C’est son associé du Gaec Natur’agneau qui l’a prévenue au petit matin. « On a remarqué des traces de pneus de voiture, des pas. Les voleurs avaient sans doute repéré les lieux avant, comme ils le font d’habitude. Le fil électrique avait été coupé et le grillage leur avait servi à attacher les animaux », dit-elle.

Il y a deux ans, elle a acheté deux caméras de chasse (1) et en disposera bientôt de quatre au total. Sans compter les deux autres qu’elle a installées sur le site d’exploitation pour surveiller les abords des bâtiments. « J’ai sept lots de brebis en permanence dehors, j’installe donc les caméras de chasse aux endroits les plus sensibles. » Elles sont équipées d’une carte SD qui permet de stocker 200 photos par mois. « Avec l’abonnement que j’ai pris en plus (120 €/an), j’ai un historique illimité de toutes les photos ».
Dès qu’une photo est prise, son Smartphone sonne et elle peut envoyer une alerte à la gendarmerie. Le soir, elle met ses caméras en mode détection de mouvement. « C’est le côté négatif de la caméra : je suis réveillée chaque nuit depuis début mars… » Avec une dizaine de gendarmes, le collectif a aussi créé un groupe WhatsApp, ce qui permet de faire circuler instantanément messages d’alertes et photos.

Assurance

Depuis mars, en plus du vol, l’éleveuse a recensé dix tentatives qui ont été évitées grâce aux caméras. « Il y a les tentatives avérées, avec photos de véhicules suspects ou barrières coupées, et celles que je soupçonne, plus nombreuses encore. » Après un vol, les troupeaux sont affolés, le comportement des animaux est modifié. 
Parmi les 500 mères de son troupeau, majoritairement des Romane – Île de France, une centaine de brebis sont destinées chaque année au renouvellement. « J’ai trouvé une ‘mauvaise’ solution, c’est-à-dire faire partir des agnelles en agneaux de boucherie, qui n’auront peut-être pas le poids prévu. Je vais donc en racheter une trentaine, avec les problèmes sanitaires (parasites… ) que cela peut amener. »

Heureusement pour elle, son assurance l’a bien aidée. « J’avais eu le nez creux en m’assurant sur la perte de marge brute, en plus du vol. Elle m’a remboursée 150 euros par agnelle, ainsi que le prix estimé pour 26 agneaux sur présentation d’une échographie certifiant que les brebis étaient pleines », conclut Élodie Crossouard.

Christian Evon

(1) Ce genre de caméra est utilisée par les chasseurs pour le comptage du gibier.


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