Europe unie

Les Européens veulent-ils encore de l’Europe ? De cette Europe qui, en devenant une union douanière et monétaire, a irrémédiablement changé nos vies. Cette Europe qui, encore une fois, vient au secours des siens pour affronter la crise qui se profile, en proposant un plan de relance de 750 Md €. Que les Bretons auraient apprécié une telle main tendue en 1741 « année de grande épidémie en Bretagne », comme l’écrit Annick Le Douguet, docteur en celtique à l’UBO (Langolen, Chronique d’un village de Basse-Bretagne – 1998). Cette année-là, cette commune du Finistère enregistre 60 morts par 1 000 habitants ; un taux de mortalité 150 fois plus élevé qu’avec le coronavirus. Sans oublier que 1742 fut encore plus terrible et 1743 guère mieux. À cette époque, il n’y avait pas d’Europe à 750 Md €, ni de Pac à 408 Md €. L’histoire s’écrivait à l’encre sombre de l’expropriation des paysans endettés, poussant des familles entières sur les chemins boueux de la faim, de la mendicité, de la dysenterie et du typhus. Si aujourd’hui, on ignore ce que nous réserve le monde d’après, ce monde d’avant ne fait décidément pas rêver ! Mais c’est bien connu, le présent finit toujours par devenir de l’histoire ancienne…

Pourtant, avec la crise sanitaire et économique, la tentation semble de plus en plus forte de reléguer l’Europe de Monnet et d’Adenauer à de l’histoire ancienne. Y compris chez des responsables agricoles qui bataillent de plus en plus fort pour recentrer la consommation sur le marché intérieur. La Commission a d’ailleurs alerté sur les risques de cette dérive de souverainisme incompatible avec les principes fondateurs de l’Europe. Mesurée, elle a souligné à demi-mot que ce sont les mêmes qui s’émeuvent d’une possible réduction des aides Pac que la France seule ne pourrait pas financer.


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