- Illustration Des apports azotés bien positionnés
Pour exprimer son potentiel, une prairie a notamment besoin d’apports azotés bien positionnés.

Des apports azotés bien positionnés

L’azote est l’élément qui favorisera le plus le rendement et la qualité des prairies. Les apports commencent avant la reprise de végétation puis sont répartis pendant la phase de croissance.

Sur une campagne, une prairie bien gérée peut offrir 15 t MS/ha. Pour cela, elle a notamment besoin d’apports azotés bien positionnés. Globalement dans les prairies de l’Ouest, l’apport sera compris entre 100 et 200 kg N/ha/an, en 3 à 5 apports réalisés sur la période de croissance, soit jusqu’à début juin pour les zones séchantes ou jusqu’en début d’été pour les zones pluvieuses à bon potentiel herbager.

« Rappelons que le premier apport est à réaliser dès les 200 °C jour cumulés après le 1er janvier, sur prairies de graminées. Il permet d’assurer une production fourragère de qualité dès le premier cycle de la culture. Cette année, avec l’hiver doux, nous avons rapidement atteint ces 200 ° C jour, dès le 20 janvier pour les zones les plus précoces, soit avec une semaine d’avance », souligne Anthony Uijttewaal, responsable du pôle fourrages chez Arvalis.

Calcul des 200 °C

Les 200 °C s’obtiennent en additionnant les températures moyennes journalières. La température moyenne journalière se calcule ainsi : (température minimale du jour supérieure à 0 °C + température maximale du jour) divisé par 2. « Cette règle des 200°C cumulés est valable pour une dose appliquée inférieure à 100 kg N/ha et quel que soit le mode d’exploitation (pâturage, ensilage, enrubannage, foin). »

À ce moment, c’est de l’azote minéral, rapidement disponible, qui devra être apporté sous forme d’ammonitrate ou de lisier de bovin ou porc, en respectant évidemment la réglementation et la portance des sols. « En cas d’apport d’urée, privilégier son utilisation en sortie d’hiver lorsque les températures ne sont pas trop élevées et en l’absence de vent pour éviter les pertes par volatilisation. » Parfois, le 1er apport d’azote doit être reporté. « L’effet sur le rendement d’un décalage de l’apport à 300°C jour reste globalement faible. »

Pour les épandages suivants, il est judicieux d’intervenir rapidement après pâturage. En prairie de fauche, il est préférable d’attendre la reprise de végétation de l’herbe, soit une semaine à 10 jours. Et mieux vaut éviter l’apport en période de sécheresse : il serait sans effet sur les repousses. « Comme pour les autres espèces, un apport positionné juste avant une séquence pluvieuse est gage d’une bonne valorisation. »

À noter que les associations graminées + légumineuses permettent de diminuer les apports d’azote minéral et d’améliorer la valeur nutritive des prairies. En présence de légumineuses et dans le but de les favoriser, l’apport en première année est déconseillé. Et un apport de 30 à 50 kg N/ha en sortie d’hiver les années suivantes est préconisé pour booster le redémarrage. Par ailleurs, « sur prairies multiespèces, une exploitation précoce par fauche ou pâture permet d’accroître la proportion de légumineuses en leur facilitant l’accès à la lumière. »

Planifier grâce à l’outil Date N’Prairie

Date N’Prairie est un outil qui utilise la règle des 200°C pour apprécier le bon moment pour le premier apport d’azote dans sa région. C’est un site web accessible librement et gratuitement depuis un smartphone, un ordinateur ou une tablette. Il suffit à l’utilisateur de renseigner son code postal pour obtenir sa date d’apport. Les calculs sont effectués sur la base des données de la station météo la plus proche, fournies par Météo France.

Faut-il chauler ?

Le chaulage des sols avant implantation d’une prairie n’est pas systématique. Des pH de 6 à 6,2 sont suffisants pour la plupart des cultures. Pour une luzernière par contre, il faudra viser un pH de 6,5 avant implantation pour favoriser la mise en place. Dans les situations bénéficiant régulièrement d’épandages de matière organique, l’apport de chaux pourra être revu à la baisse. Les effluents d’élevage, et notamment les fumiers et composts, ont tendance à accroître le pH. Une analyse de sol régulière sur l’horizon travaillé (tous les 5 ans pour le pH) permettra d’ajuster les apports. Il est préférable de la réaliser à la même période de l’année car le pH varie au cours de la saison.

Une approche P et K liée au type de prairie

Pour les apports en phosphore et potassium, deux approches différentes sont à prendre en compte. Pour une prairie temporaire qui s’insère dans une rotation, dès lors qu’il y a du travail du sol à l’échelle de la rotation, le raisonnement des apports pourra se faire avec l’analyse de terre, selon la méthode de calcul préconisée par le Comifer sur cultures annuelles. Le calcul de dose se base sur les exportations de la culture à fertiliser, la teneur du sol, l’exigence des espèces et l’historique des apports. « Les rotations fourragères (maïs fourrage – prairie de fauche, méteils ensilés par exemple) ont un fort niveau d’exportation, notamment en potasse, et peuvent amener rapidement à des carences », note Didier Deleau, ingénieur fourrages Arvalis. « À titre d’exemple, un apport de 30 t/ha de fumier de bovins peut couvrir les exportations en P et en K d’un maïs fourrage à 15 t MS/ha. Mais si ce maïs est précédé d’une culture intermédiaire exploitée en dérobé – comme un RGI ensilé à 3,5 t MS/ha – une fertilisation complémentaire sera nécessaire. »

Dans le cas des prairies permanentes, il est préférable d’utiliser l’analyse d’herbe et de calculer les indices de nutrition phosphatée et potassique pour piloter la fertilisation PK (la brochure Comifer « L’analyse d’herbe : un outil pour le pilotage de la fertilisation phosphatée et potassique des prairies naturelles et temporaires » peut être consultée en ligne sur le site https://comifer.asso.fr/). Didier Deleau recommande par ailleurs de caler l’apport de phosphore et/ou potassium au plus près du démarrage de la végétation, aux alentours des 200°C cumulés comme pour l’azote. « Si ce seuil est dépassé, des apports seront toujours possibles si des analyses d’herbe antérieures ou des analyses de terre récentes le justifient. »


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