- Illustration Le double rôle des bandes fleuries
Le lotier donne de très bon résultats, aussi bien en couverture de sol que pour héberger des auxiliaires.

Le double rôle des bandes fleuries

En plantant des bandes fleuries en bordure de tunnel, les chercheurs du Grab d’Avignon ont pu observer quelles étaient les espèces qui attiraient le plus d’auxiliaires des cultures, tout en couvrant le sol pour limiter le salissement.

Planter des bandes fleuries dans l’intention de servir de refuge aux auxiliaires des cultures tout en limitant la croissance des mauvaises herbes, tel est l’objectif du projet Ecophyto nommé Placobh* et lancé par le Groupe de recherche en agriculture biologique d’Avignon (84).

Pour déterminer les meilleures plantes accompagnatrices des cultures, le Grab a sélectionné des espèces vivaces, rustiques, capables de s’installer rapidement et avec une bonne capacité à héberger les auxiliaires. Ces végétaux ont été plantés en bordure de tunnel, en 2017.

12 espèces testées

Parmi les 12 espèces de plantes essayées dans ce protocole, trois ont retenu l’attention des chercheurs : l’achillée, le lotier et la centaurée jacée. « Elles limitent la charge de désherbage et sont très prometteuses en station expérimentale », confirme Jérôme Lambion, ingénieur d’expérimentation en maraîchage. Il se prépare à tester ces plantes sur le terrain et chez des producteurs. L’occupation du sol est satisfaisante pour ces 3 espèces, qui couvrent entre 80 et 90 % du sol et ne laissent donc que peu de place aux adventices pour se développer.

Pas de mélange

Dans cet essai de 3 ans, les espèces végétales vivaces n’ont pas été plantées en mélange, mais par bande de 10 m en pure. « Si les plantes sont associées, une espèce va prendre le dessus. Nous avons opté pour une plantation plutôt qu’un semis pour gagner du temps. Chaque vivace a été plantée tous les 20 cm », explique Jérôme Lambion.

Les auxiliaires des cultures trouvent dans ces bandes du nectar, des proies ou d’autres formes de nourriture. « Les araignées y tissent leurs toiles pour chasser à l’affût ». Ces bandes ont abrité essentiellement des auxiliaires généralistes, tels des punaises prédatrices ou des forficules. « Des parasitoïdes de pucerons ont aussi été observés. Des pucerons ont également été présents sur ces plantes auxiliaires et ont servi de nourriture aux coccinelles ».

Les observations entomologiques de l’essai ont montré des différences de capacité à héberger les auxiliaires selon les espèces végétales. Ainsi, la centaurée ou le lotier abritent entre 50 et 60 individus par comptage (par aspiration). À l’inverse, des espèces comme l’absinthe, le sainfoin ou la tanaisie abritent moins d’insectes qu’une flore spontanée.

Un effet global

Après des cultures de tomate et de concombre en 2018, des aubergines et des poivrons ont été cultivés en 2019. Les tunnels de production avec bandes fleuries ont été comparés à ces mêmes cultures, mais sans plantation de fleurs. Des effets directs sur les cultures n’ont pas pu être mis en avant, mais un effet global est à souligner, avec une présence plus faible d’acariens sur aubergine et moins de pucerons sur poivron. Ces différentes observations ouvrent des perspectives aux producteurs. Dans des abris froids classiques, « la technique peut être transposée en Bretagne. Les plantes choisies sont rustiques et vraisemblablement adaptées au climat sous l’abri et les auxiliaires rencontrés en Provence au Grab existent aussi dans la faune bretonne », fait observer Jérôme Lambion.

*Le projet Placobh est fiancé par l’Office Français de la Biodiversité (OFB).


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