- Illustration Des éleveurs bretons au Pays de Galles
Dix éleveurs bretons, accompagnés d’Agriculture paysanne et du Cedapa, ont passé une semaine au Pays de Galles en novembre 2019.

Des éleveurs bretons au Pays de Galles

La tradition ovine est ancienne dans cette contrée au contexte pédoclimatique proche de celui de la Bretagne. Découverte avec Rhydian Glyn, éleveur.

Neuf millions de brebis. Soit trois par Gallois. Le Pays de Galles est au mouton ce que la Bretagne est au cochon. Dans cette péninsule du centre-ouest de la Grande-Bretagne, les ovins sont essentiellement élevés pour la viande. La production d’agneaux est calée sur la pousse de l’herbe et la plupart naissent au printemps, comme chez Rhydian Glyn qui élève 850 brebis Welsh sur une ferme de 240 ha en location. La moitié de ses terres est en « montagne » ; l’autre moitié sur « colline mécanisable », explique ce double-actif, installé hors cadre familial depuis une dizaine d’années. En parallèle de son métier d’éleveur, Rhydian Glyn est en fait vendeur d’aliment.

Des brebis dehors toute l’année

Cet éleveur gallois conduit une partie de son troupeau en race pure pour le renouvellement et la vente de 230 agnelles de sélection par an. L’autre partie du troupeau est croisée avec des béliers Beltex et Aberfield pour la vente d’agneaux de boucherie. Son système repose sur une seule période d’agnelage par an, fin mars. Les brebis sont échographiées en décembre. Elles sont allotées en fonction du nombre d’agneaux qu’elles portent. Les simples sont sur pâture et complémentées avec de l’enrubanné apporté directement au champ. Les doubles sont conduites au fil sur des parcelles de plantes fourragères, comme le rutabaga, semé en mai, avec un apport d’enrubannage. Tous les agnelages se passent en extérieur. Seules les brebis ayant donné naissance à des jumeaux sont amenées en bâtiment durant 48 heures pour favoriser les adoptions.

Un parcellaire aménagé

À un mois, les agneaux sont bouclés, « équeutés » et vermifugés. Ils sont ensuite sevrés dès 10 semaines. Les ventes d’agneaux s’étalent de fin juin à Noël. Leur finition se fait au pâturage sur des parcelles semées de plantain et chicorée. Ils sont vendus en grande distribution à un poids vif de 38 kg minimum pour des poids carcasse de 17 kg, à 77 euros en moyenne. Les agnelles de reproduction sont vendues fin août, à 88 euros environ.
Chez Rhydian Glyn, les clôtures principales sont en grillage noué et les clôtures intermédiaires en fil électrique pour faire des paddocks de trois jours. Toutes les pâtures sont raccordées à l’eau pour l’abreuvement des animaux. Des subventions incitent l’entretien et la création de haies bocagères (noisetier, épine noire…). Ces subventions financent également le travail d’implantation de la clôture. L’éleveur gallois met donc en place des haies clôturées, pour protéger le troupeau du vent et de la pluie.
Au printemps les brebis sont sur des paddocks de 3 jours avec un chargement de 100 brebis pour 1 ha. Au global, le rendement est d’environ 7 t MS ha et par an, permis par l’alternance fauche-pâturage et l’épandage de 30 unités d’azote post-pâturage en mars, avril, juillet, septembre. Grâce à l’utilisation de chiens de troupeaux efficaces, les déplacements des lots sont facilités. Les changements de parcelles ne prennent ainsi que peu de temps.

Des « hills » et des « uplands »

Au Pays de Galles, les éleveurs caractérisent les surfaces de leur ferme en deux types . Les « hills », terres plus hautes en altitude, en pente, exposées au vent, milieu plus pauvre et plus acide, avec une végétation à faible valeur alimentaire où les chargements sont faibles. Les « uplands », terres mécanisables à plus fort potentiel agronomique et souvent protégées par des haies. Les « hills » sont généralement destinées aux agnelles de reproduction en croissance, aux brebis taries et en lutte.

Sur les « uplands », des cultures de racines fourragères sont intégrées dans les rotations d’herbe. Les « uplands » les mieux exposées et abritées sont réservées aux agnelages. Les parcelles implantées de cultures à forte valeur alimentaire (plantain et chicorée) servent à la finition des agneaux.

Des bovins complémentaires

Pour diversifier et sécuriser son revenu, Rhydian Glyn achète 170 génisses par an et les élève durant 16 mois pour les revendre en amouillantes. L’alternance du pâturage des bovins suivi de celui des ovins permet d’abord d’éclaircir les parcelles par le piétinement des bovins pour ensuite favoriser le tallage des graminées et densifier la flore avec le pâturage des moutons qui pâturent plus ras. Ce double-actif dit générer un chiffre d’affaires annuel de 290 000 €, dont 48 600 € d’aides.

Des clôtures bien tenues

Intéressés par l’expérience des Gallois dans l’élevage ovin, dix éleveurs bretons, accompagnés d’Agriculture paysanne et du Cedapa, ont passé une semaine au Pays de Galles en novembre 2019. Ce qu’ont remarqué les Bretons :
– Des clôtures qui tiennent la route : « Les clôtures galloises sont soignées, solides et à la fois esthétique ». Elles permettent de couper le vent. Entretenues à l’épareuse, elles n’en restent pas moins gourmandes en entretien.
– Une contention astucieuse et pas chère : Les manipulations sont effectuées par le biais de parcs de tri (ou « yards ») judicieusement répartis sur le parcellaire et la plupart du temps construits à partir de matériaux de récupération.
– Des brebis bien soignées : L’état sanitaire du troupeau est au centre des préoccupations de l’éleveur. Les charges vétérinaires annuelles s’élèvent à une dizaine d’euros dans les élevages visités.

Cindy Schrader


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