
Déjà connu dans les pays germaniques, le lait de foin se développe aujourd’hui en France. Bénéficiant de la mention « spécialité traditionnelle garantie », il répond à la fois aux attentes des transformateurs et des consommateurs. Témoignage d’un Gaec morbihannais engagé dans la démarche.
Du lait de foin… Petra zo ? Pas d’inquiétude ! S’il est possible de fabriquer une boisson que d’aucuns baptisent « lait de soja » à partir de graines trempées, mélangées à de l’eau puis cuites, le lait de foin est bien, lui, un véritable produit lacté. Et tout ce qu’il y a de plus naturel. La « recette », très en vogue à l’époque de nos grands-parents, consiste simplement à nourrir les vaches à partir d’herbe ou de foin, sans recourir aux aliments fermentés, ni aux OGM. Avec, au final, un lait possédant un meilleur ratio oméga 3 et oméga 6. Et aussi, une reconnaissance officielle : « La spécialité traditionnelle garantie ou STG ».

L’atout de l’herbe
Parmi les premiers producteurs de lait de foin certifiés, figure le Gaec morbihannais Avel ar vro (le vent du pays), des frères Erwan, Morgan et Goulven Le Cras. « Cet agrément, c’est un barreau de plus sur l’échelle de la qualité », soulignent les trois hommes. Et une suite logique de la démarche de conversion à l’agriculture biologique entamée par leurs parents en 1999, sur l’exploitation familiale de Langonnet. « Quand je me suis installé en 2006, explique Erwan, nous avons cherché à mieux valoriser notre système herbager, afin de gagner en autonomie et de réduire nos coûts alimentaires ». La réflexion débouche alors sur un séchoir en grange composé de trois cellules et d’un toit solaire de 750 m² pour le réchauffement de l’air. Suite à l’arrivée de Morgan, en 2010, l’installation de traite est à son tour modernisée. Puis, lorsque Goulven rejoint ses deux aînés, en 2016, c’est la question même de l’orientation de l’exploitation qui est posée. « Fallait-il ou non continuer le lait ? Quel confort pour les animaux, quelle qualité de vie pour nous ? » De ces discussions, émerge une conviction : « Nous sommes ici, dans le Kreiz Breizh, au cœur d’une région faite pour l’herbe ». Alors, autant jouer cet atout à fond !

Vers une meilleure valorisation
Une nouvelle stabulation sur aire paillée de 114 places a ainsi vu le jour en début d’année. Un bâtiment clair, spacieux et fonctionnel où la présence du bois contribue à la sensation de bien-être. Tout est désormais réuni pour produire un lait de qualité dans les meilleures conditions possible. Un lait de foin dont les transformateurs apprécient tout particulièrement les propriétés. Et que la certification devrait, à terme, contribuer à mieux valoriser. Le vent du pays n’a pas fini de souffler sa bonne odeur de foin !
Jean-Yves Nicolas