Caprin : Produire du lait à contre-saison

La manipulation de la durée du jour permet d’induire l’activité sexuelle des chèvres et boucs en dehors de la période naturelle, à l’automne. Simuler l’automne au printemps. Seul un jeu de lumière performant en bâtiment permet d’y arriver. En appliquant artificiellement des jours longs (16 heures de lumière par jour) en fin d’hiver suivis de jours courts (8 heures de lumière), les éleveurs espèrent induire une activité sexuelle au printemps, à une période où des animaux saisonnés comme la chèvre sont normalement en anœstrus, phase caractérisée par l'absence de cyclicité et donc l'absence de chaleurs. Un bâtiment conçu autour de ce photopériodisme C’est la technique choisie par Nathalie et Samuel Chouannière, installés à La Bosse-de-Bretagne (35) en septembre 2016. « Cela nous permet de faire une pause estivale quand nos animaux sont taris, d’adapter au mieux la production laitière de nos 465 Saanens à la grille de paiement d’Agrial qui collecte notre lait, de grouper des mises bas qui démarrent fin août et qui s’étalent sur des jours longs en cette période de fin d’été, pour une meilleure gestion de la main-d’œuvre, ainsi que de profiter des températures agréables de septembre pour élever des chevreaux dans de bonnes conditions », explique l’agricultrice. Le projet a été raisonné bien avant l’installation. « Nous avons réfléchi au système de production à mettre en place avant de définir cette période de mises bas, et nous nous sommes beaucoup renseignés avant d’investir dans des projecteurs à induction », insiste l’ancien inséminateur de métier. Toutes les lumières s’éteignent au 14 février Ces spots permettent d’éclairer en continu le bâtiment de 6 h à 22 h du 14 novembre au 14 février. « Et cela fonctionne bien, avec 90 % des mises bas groupées sur 3 semaines depuis deux ans. C’est agréable de travailler l’hiver dans cet environnement très lumineux. C’est un peu Las Vegas, la ville des lumières… » Ensuite, le changement est brutal. Le jour de la Saint-Valentin, tous les ans, cette « chèvrerie des lumières » s’éteint pour 45 jours. Les éclairages de type led dans les couloirs et la salle de traite ne sont pas utilisés durant cette phase dite de jours courts. Le bâtiment bénéficie de panneaux translucides et à claire-voie qui facilitent le travail à cette période de l’année. Les éleveurs décalent néanmoins d’une demi-heure les horaires de traite (8 h 30/16 h 30) pour profiter de la lumière naturelle qui provient de deux fenêtres orientées à l’Ouest. Et ce, jusqu’à ce que les IA soient effectuées sur le lot des chèvres à inséminer, le 5 avril. Les chèvres ne répondant pas au protocole et celles en attente de réforme rejoignent un lot « subi » d’animaux en lactation longue. Des spots accessibles Un luminaire a été installé tous les 8 mètres, au-dessus du tapis distributeur, pour un meilleur rayonnage sur les quatre aires paillées. Le bâtiment compte 11 spots pour les 1 050 m2 de couchage. Placés à 4 mètres du sol, ils permettent aux chèvres de capter une intensité lumineuse de 250 lux. « Leur emplacement permet aussi, une fois par an, leur nettoyage avec mes plateaux de paillage ». La partie chevrette est équipée de la même manière : 6 projecteurs pour 172 m2. Le dispositif leur a coûté 7 000 € (projecteurs, programmateur dans le tableau électrique hors pose). « Ces spots sont plus coûteux que les néons, mais il en faut moins. Et leur efficacité est prouvée sur ce protocole de photopériodisme. » Ils ont par contre opté pour la couleur blanche plutôt que le jaune, sans incidence technique pour les animaux, mais plus pour leur confort, car ils la trouvent plus proche de la lumière du jour. En savoir plus : L’EARL Cap Breizh Saanen, située au lieu-dit La Touche, à la Bosse-de-Bretagne, ouvre les portes de sa chèvrerie le 7 juin 2019, de 10 h à 16 h.

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