Rompre ou construire

Les temps sont à la rupture, au « dégagisme », au rejet de l’autre. Partout dans le monde, la tentation du renfermement sur soi est à l’œuvre. Ce penchant pour le repli est trop souvent présenté comme la solution aux difficultés et au doute qui assaillent nos sociétés. L’agriculture n’est pas épargnée par cette tendance. En France, peu de voix s’élèvent contre une certaine renationalisation de la politique agricole européenne. Il y a pourtant un exemple à regarder de près : les agriculteurs britanniques ont gros à perdre avec le Brexit. L

L’économiste anglais, Allan Buckwell, rappelle que les agriculteurs de son pays reçoivent environ 2,5 milliards d’euros d’aides directes et que 60 % de leurs exportations se font vers l’UE. La rupture que les Britanniques ont votée se traduirait par un effondrement des revenus de 30 % pour les producteurs de lait et 120 % pour l’élevage extensif. Est-ce cela que veulent les autres agriculteurs européens et bretons ? Faut-il rappeler que le revenu de la ferme Bretagne correspond globalement au montant des aides versées par l’Europe ? Même imparfaite, car trop technocratique, la Pac est l’alliée de l’agriculture, pas son adversaire.

Les élections qui se profilent en mai prochain vont être l’occasion pour les peuples d’Europe de marquer leur confiance – ou leur défiance – à l’égard de ce projet européen inédit lancé après la Seconde Guerre mondiale. L’occasion de témoigner leur désir que la grande Europe politique est un rêve accessible et que seuls valent les projets destinés à construire ensemble. Construire pour renforcer cette Europe, première puissance économique mondiale, capable si elle est unie d’imposer son socle de valeurs universelles dans un monde de plus en plus dangereux et imprévisible.


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