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Le progrès génétique en plantes fourragères : quel bénéfice pour l’éleveur ?

Chaque année, c’est une trentaine de variétés de graminées et de légumineuses qui sont inscrites au catalogue officiel français des variétés. C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler le niveau élevé de l’exigence qu’a le jury, c’est-à-dire le CTPS (Comité Technique Permanent de la Sélection). Ce niveau d’exigence est plus élevé que dans la majorité des pays dotés d’un catalogue officiel. Pour être inscrite, une variété doit apporter une amélioration par rapport à la moyenne des variétés déjà inscrites (représentées par des variétés témoins). Ainsi, d’année en année, les variétés doivent être de plus en plus performantes pour être inscrites, tirant l’ensemble du système vers le haut. C’est pourquoi on parle de progrès génétique.

Des améliorations multiples

Les améliorations des variétés fourragères sont multiples, mais souvent difficilement chiffrables, contrairement à d’autres espèces végétales où l’on dispose de chiffres : rendement, qualité. « L’herbe » est récoltée quotidiennement par les animaux et lorsque l’herbe est récoltée, les valeurs alimentaires et le poids de matière sèche sont souvent approximatifs.

Néanmoins, les éleveurs ressentent bien l’impact sur le comportement des animaux, leur croissance et leur état, et bien sûr, sur le tank à lait ! Le progrès génétique porte sur de multiples critères qui s’additionnent ou se multiplient entre eux. L’important c’est d’avoir de l’herbe de qualité, abondante, avec une production qui correspond aux objectifs du troupeau.

Des critères multiples et en priorité la qualité

Le rendement : depuis une vingtaine d’années, le progrès est de 250 kg par hectare et par an. Mais en fourragères, il faut aussi regarder la répartition de ce rendement. C’est pourquoi, lors des tests d’inscription, la productivité est chiffrée lors de la première coupe, puis pour la coupe totale du printemps, de l’été-automne et pour le total de l’année. Le rendement est en lien étroit avec le critère départ en végétation : en effet, avoir une plante qui démarre tôt au printemps fait l’objet d’amélioration, ce qui permet d’avoir de l’herbe disponible plus tôt en fin d’hiver.

Mais le progrès génétique est plus spectaculaire encore sur les critères en lien avec la qualité du fourrage et son comportement. 

La remontaison : il s’agit de la prédisposition variétale de la plante à refaire une seconde fois des épis. Cela peut être un défaut ou une qualité en fonction de ses objectifs. Pour la fauche, la remontaison constitue un plus alors que pour le pâturage, ce sera un handicap. Le choix variétal se fera donc en fonction de son objectif d’exploitation. 

La résistance aux maladies : les variétés sont testées pour leur prédisposition naturelle à être résistantes aux maladies. Cette résistance est notée et publiée. La présence de maladies affecte l’appétence, la productivité, la qualité alimentaire (les maladies sont surtout présentes sur les limbes et font baisser le rapport feuilles/tiges). Les maladies affectent également l’espérance de vie de la plante.

La pérennité : pour une même espèce, l’espérance de vie peut varier. Il est évident que l’éleveur qui investit dans de la génétique a tout à fait intérêt à conserver longtemps sa prairie.

La précocité et la souplesse d’exploitation : les variétés sont observées quant à la date d’épiaison pour une région de référence qui est le centre-ouest. Pour les autres régions, une grille de correction est disponible pour estimer la date probable d’épiaison. La souplesse d’exploitation est le nombre de jours qu’il y a entre la date du stade départ en végétation et le stade début épiaison. Plus la souplesse est longue, plus il est possible de constituer des stocks d’herbe sur pied attendant d’être pâturés. Par contre, les variétés à souplesse plus courte, exigent d’être fauchées afin de ne pas perdre en valeur alimentaire. Ce progrès réalisé sur la souplesse d’exploitation permet donc d’augmenter la part de fourrages pâturés par rapport aux fourrages récoltés.

L’alternativité : ce critère concerne bien sûr le ray-grass italien où on distingue des variétés alternatives et des variétés non alternatives. Mais chez d’autres espèces comme la fétuque élevée et les festulolium, il peut y avoir un peu d’alternativité. Ici aussi l’information sur la prédisposition variétale est disponible et publiée.

La souplesse des feuilles : ce critère concerne la fétuque élevée dont l’amélioration a été traduite par une augmentation de 1,6 kg de lait par vache et par jour !

Un site pour aider le choix variétal

Sur le site www.herbe-book.org, les valeurs alimentaires des variétés sont publiées, en UFl, protéines et sucres solubles, pour les variétés les plus récentes.

L’achat de semences pour prairies doit donc être raisonné comme un investissement, non une charge. Il faut analyser le rapport entre les bénéfices et les coûts, et non seulement ces derniers. Les variétés les plus récentes, permettant une consommation de matière sèche à l’hectare supérieure par les animaux, conduisent à une plus forte production de lait et au final des revenus supérieurs pour l’éleveur. Les variétés les plus récentes sont donc, le plus souvent, plus rentables que les variétés les plus anciennes.

De même, un point de protéines sur les 10 tonnes de matière sèche à l’hectare amène 100 kg de PDIN, soit l’effet correcteur de 500 kg de tourteau de soja que l’on n’aura pas besoin d’acheter.

Il existe donc un nombre important de variétés. Pour bénéficier au maximum du progrès génétique, il faut raisonner le choix variétal en ordonnant ses critères prioritaires. Pour cela, le site www.herbe-book.org permet non seulement d’informer sur les variétés mais de les classer par ordre d’intérêt en fonction de sa situation personnelle. 

Source Gnis


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