Le réseau d’essais de Triskalia permet d’obtenir le classement des variétés pour cette campagne. - Illustration Céréales : 2018, un cru décevant
Le réseau d’essais de Triskalia permet d’obtenir le classement des variétés pour cette campagne.

Céréales : 2018, un cru décevant

Les essais réalisés par Triskalia et les observations locales des équipes techniques confirment une moisson décevante et hétérogène. A l’heure des choix pour la prochaine campagne, voici quelques enseignements tirés des observations sur les différentes variétés.

En orge, les implantations ont été réalisées dans de bonnes conditions. Les désherbages de pré-levée ont pu être positionnés dans de bonnes conditions. La pression pucerons a été faible tout au long de l’automne, n’entraînant pas de dégâts de jaunisse nanisante de l’orge (JNO) .

Orge : rendements moyens

Comme en 2017, les rendements en orge sont variables selon les secteurs et les parcelles. La forte pluviométrie en sortie d’hiver a provoqué des régressions de talles dans certaines parcelles, d’où des densités d’épis par mètre carré souvent inférieures à 2017. De plus, la chaleur de fin de cycle, avec des journées échaudantes, a eu un impact sur le poids de mille grains (PMG) et donc sur le rendement. Les poids spécifiques (PS) sont moyens, et très variables suivant les lieux.

Au niveau des variétés d’orge, en 2 rangs, Maltesse, sur le créneau précoce, est la première variété en rendement et cela pour la 4e année consécutive. Elle confirme également son bon PS. Memento, nouveauté 2017 sur le créneau demi-précoce, est 2e en rendement. Cette variété est remarquée par son très bon PS et sa régularité dans l’ensemble des essais. Sur le créneau Augusta, en précoce, Newton apporte du potentiel (+ 2 quintaux) avec un PS proche de celle-ci.

En 6 rangs “JNO”, dans une année sans pression JNO, sa tolérance ne lui a pas permis de faire la différence. Domino est en retrait en rendement et PS (mais très correct pour une 6R). Il s’agit tout de même de la seule alternative face à l’arrêt du Gaucho, pour éviter les traitements insecticides d’automne.

Blés, une année assez particulière

Les rendements des essais blés sont dans la moyenne alors qu’on observe une forte disparité sur le terrain. Les écarts traduisent des différences de types de sol (gradient terres hydromorphes et petites terres filtrantes) et de situations géographiques (gradient est – ouest). Dans la plupart des cas, on a des densités épis/m² inférieures aux autres années, avec des régressions de talles dues aux conditions météo très humides de l’hiver. Le mois de juin et surtout juillet, très chaud, a pénalisé le remplissage. Avec des dates d’épiaison identiques à la moyenne et une récolte plus précoce de 15 jours, la période de remplissage a donc aussi été écourtée, impactant notamment les têtes d’épis.

La nuisibilité maladies est peu importante cette année, avec un écart traité/non traité de seulement 8 q. Les PS sont très bons et les taux de protéines sont corrects.
Concernant les variétés, Chevignon est 1er en rendement, suivi de Complice (la variété précoce) et la nouveauté de la gamme RGT Sacramento (1/2 précoce). Ces trois variétés confirment leur haut potentiel de l’année dernière. RGT Tekno, blé de très bonne qualité, est encore bien cette année avec de bons PS et taux de protéine. Ensuite, peu d’écarts de rendement entre les variétés Vyckor, Lg Absalon, Fructidor et Cellule. Malgré une position légèrement en retrait en rendement, ces variétés se démarquent par leurs très bons PS et taux de protéine.

Triticale, irrégulier et inférieur aux années passées

Les résultats sont comme pour les autres céréales hétérogènes et l’ensemble des composantes de rendements n’ont pas pu être mises en place correctement. Dans ce contexte, Rivolt, variété 1/2 précoce, apporte du potentiel par rapport aux autres variétés, avec un PS correct. Ces rendements sont confirmés dans la synthèse Arvalis. Rgt Omeac, variété précoce, confirme cette année son potentiel mais aussi son excellent PS (proche d’un blé). Elicsir, variété demi-tardive, décroche cette année en rendement mais a sans doute été victime d’une fin de cycle trop rapide pour un 1/2 tardif. Elle est toujours peu sensible à l’ensemble des maladies et bénéficie d’un bon PS.

Prochaine campagne : plus de vigilance et d’agronomie

Désherbage, de plus en plus complexe

Aujourd’hui, le désherbage est contraint par la diminution des solutions chimiques (arrêt de l’isoproturon l’an dernier), les points réglementaires DVP 20 m (dispositif végétalisé permanent), des interdictions sur sols drainés, etc… D’autre part, en Bretagne, le phénomène d’adventices résistantes à certains modes d’actions chimiques apparaît régulièrement.
Dans ce contexte, plusieurs mesures sont à mettre en place. Tout d’abord, les mesures agronomiques à adapter selon les adventices. Décaler la date de semis d’octobre à novembre limitera la levée du vulpin. Le labour par exemple est la solution la plus efficace pour détruire le brome. La réalisation de faux semis permet une levée des graines en surface et ainsi baisse la pression adventice. Ensuite, le désherbage de pré-levée ou de post-levée précoce permet de gagner en efficacité dans le cadre d’un programme complet. De plus, le fait de désherber précocement, limite la nuisibilité des adventices.

Vigilance pucerons d’automne

Cette année sera la première sans traitement de semences protégeant le début de cycle contre ce ravageur. Sans “Gaucho”, il est recommandé, en particulier pour les orges, de décaler la date de semis à fin octobre voire début novembre pour limiter le risque. A Triskalia, le réseau d’observation “Vigitech” sera renforcé cet automne sur ce ravageur. Chaque technicien de façon régulière va observer et remonter ses observations sur les cultures de céréales et indiquer la présence ou non du ravageur sur son secteur. Ce dispositif permettra de réaliser une intervention contre les pucerons uniquement si nécessaire.

Le traitement insecticide pour lutter contre les pucerons n’est pas automatique. Un traitement “préventif” sur de jeunes plantes sans présence de puceron n’aura que peu d’efficacité. Les insecticides ne protègent que la partie de la plante présente au moment du traitement. Si une attaque de pucerons arrive après le traitement et que de nouvelles feuilles sont sorties, la plante ne sera pas protégée.

Charlotte Carn & Philippe Lécuyer – Triskalia


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