Mi juillet, une des prairies était encore verdoyante. Mais depuis le début du mois, les pâtures souffrent du manque d’eau. - Illustration Du fourrage acheté pour passer l’été
Mi juillet, une des prairies était encore verdoyante. Mais depuis le début du mois, les pâtures souffrent du manque d’eau.

Du fourrage acheté pour passer l’été

Les pâtures jaunissent, même dans le Finistère. Pierre Queniat, à Guerlesquin (29), a acheté des fourrages pour complémenter ses animaux.

Mi-juillet. En ce jour de Tour de France qui traverse une partie de la Bretagne, les vaches de Pierre et Michel Queniat, à Guerlesquin (29), paissent tranquillement dans une prairie couverte de fleurs de trèfle blanc. « Ne vous y trompez pas. Ce champ n’est pas le reflet de l’état du reste des pâtures… grillées ! », commente amèrement l’éleveur. Les 30 mm de pluie tombées la 1re semaine de juillet n’ont pas vraiment profité au verdissement des prairies.

Perte de 90 jours de pâturage

« Par rapport à l’année dernière, nous avons déjà perdu 90 jours de pâturage ». Les 60 vaches en production sont en effet depuis le 11 juillet complémentées, à raison de 7 – 8 kg MS de foin. La production de lait est de 14 kg/ VL avec un TB à 51,4 et un TP à 38,2. Si les conditions estivales se maintiennent, les éleveurs pensent avoir de l’herbe pour les vaches et les génisses jusqu’à fin juillet. Certes les besoins des vaches sont réduits, 25 seront taries à partir de cette semaine, mais le peu de précipitations, inhabituel dans ce secteur, ont conduit les éleveurs à acheter 50 bottes de foin et 50 bottes d’enrubanné pour passer l’été. « On me dit souvent que je suis trop prévoyant, mais là, je suis content d’avoir anticipé l’achat de ces stocks, car on ne trouve plus aucune annonce de vente de fourrages dans le coin », se rassure l’éleveur. La saison des vêlages (90 % de fin juillet à fin septembre) est calquée sur la pousse de l’herbe de leur ferme, en particulier celle d’automne. Les éleveurs n’interviennent quasiment jamais pendant les vêlages des Normandes.

Durant les mois précédents, la constitution des stocks de fourrages a été plutôt correcte : « On a environ 150 t de foin stockées dans le séchoir et 300 bottes de foin. La qualité est correcte mais moins bonne que l’année dernière, du fait du printemps froid avec des vents séchants d’Est. » Les éleveurs vont encore réaliser une 3e coupe fin juillet / début d’août.

« Le lait de foin », un nouveau challenge

Avec l’expérience, le système d’exploitation économe et autonome des éleveurs est désormais rodé. « Il nous fallait un nouveau défi pour la ferme : faire reconnaître notre savoir-faire en intégrant l’association d’éleveurs « lait de foin – Heumilch France », raconte Pierre Queniat. Cette démarche, inspirée d’Autriche, bannit tout recours à l’alimentation fermentée : ainsi les animaux, depuis la naissance, sont nourris exclusivement au pâturage et au foin toute l’année. Les pratiques seront certifiées dans le cadre d’un label officiel de qualité. Pour s’adapter à ces nouvelles exigences, les éleveurs devront abandonner l’enrubannage après le 30 août et acheter du foin en conséquence. « La valorisation du travail engagé depuis tant d’années pour l’environnement et pour le bien-être des animaux sera forcément gagnante », termine Pierre Queniat.

Civam 29 : 02 98 81 43 94

Pâturer l’été : quelques points de vigilance

[caption id=”attachment_36276″ align=”alignright” width=”186″]Attendre 18-20 cm de pousse d'herbe pour entrer dans les paddocks afin d’éviter de pénaliser le rendement des prairies. Attendre 18-20 cm de pousse d’herbe pour entrer dans les paddocks afin d’éviter de pénaliser le rendement des prairies.[/caption]

Le pâturage d’été permet d’économiser des stocks et de réduire son coût alimentaire. À condition de ne pas pénaliser la repousse et de préserver ses prairies. Quelques points de vigilance sont donc à respecter. Attendre 18-20 cm (mètre-ruban) pour entrer dans les paddocks afin d’éviter « l’accélération à contretemps, » qui pénalise le rendement des prairies, et de risquer de se retrouver sans aucun paddock pâturable. Si nécessaire, distribuer des stocks pour ralentir le tour (en priorité le foin ou l’enrubannage). Sortir les animaux à 6-7 cm (contre 4-5 cm en pleine pousse) pour qu’ils ne « grattent » pas trop. Préserver la gaine des ray-grass permet à la prairie de profiter des moindres pluies pour repartir rapidement sans puiser dans ses réserves. Éviter le surpâturage limite aussi la création de trous où s’installeront des adventices mettant en péril le rendement et la pérennité de la prairie.

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En zone intermédiaire

Entre le 30 juin et le 2 juillet, nous avons eu 50 mm de pluie. Cela a donné un coup de fouet pour la pousse de l’herbe. Notamment sur deux parcelles avec beaucoup de trèfle, ensilées en mai. Maintenant, on sent que la pousse faiblit à cause de la chaleur. Je n’ai plus que 10 jours d’avance. Je pense distribuer 5 kg d’ensilage (triticale, pois et herbe) pour rallonger le cycle et avoir un temps de retour de 2 mois. L’ensilage permettra peut-être aussi de remonter en lait car les vaches sont tombées à 17 kg (TP : 30 ; TB : 36). Sur les 7 ha de prairie semés sous couvert de triticale/pois et ensilés en mai, nous avons sorti 2 t de très bon foin début juillet.
Adage, 02 99 77 06 56Christophe Mellier, Essé (35)

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En zone intermédiaire

L’herbe pousse peu depuis 1 mois. Les 117 VL traites produisent 20,5 kg/VL/j avec un TP de 28,5 insatisfaisant (-25 €/1 000 l). Elles ont 8 kg de pâturage et 8 kg d’ensilage d’herbe. « Nous manquons d’herbe pour être en pâturage seul malgré 4 paddocks de plus. » Ces 4,8 ha, semés au printemps sous couvert d’avoine, ont été fauchés mi-juin avant de revenir dans le cycle de pâturage. Dans les jours à venir, le pâturage couvrira 1/3 de la ration, sauf s’il pleut. À la mi-juin, 150 t MS de foin et 60 t MS d’enrubannage ont été récoltées sur 85 ha. La semaine passée, 35 ha ont été ensilés. « Nous avons privilégié la qualité à la quantité. » Cette semaine, 20 ha dont 12 de luzerne seront coupés.
Civam AD 56 : 07 85 26 03 02Julien Josse, La Croix-Helléan (56)

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En zone humide

Le 2e tour devrait se terminer dans 10 jours mais avant de commencer le 3e, je vais incorporer une grande parcelle avec du stock sur pied pour gagner une dizaine de jours. Le temps de retour approche les 50 jours et j’ai de l’herbe d’avance. J’ai fauché 3 ha après les 18 mm qui sont tombés fin juin. Depuis, il fait chaud, le stock sur pied diminue, l’herbe pousse moins vite et perd en qualité : les taux ont baissé à 39/31 et la production est de 16 kg/VL. C’est un temps de saison, c’est bon pour les pommes de terre et les céréales mais, sans eau dans les semaines à venir, l’herbe va continuer de griller et aura besoin de temps pour repartir.
Cédapa : 02 96 74 75 50Mathieu Le Fustec, Plouaret (22)


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