pois-proteagineux - Illustration Pois/Lentille : Anticiper et réaliser un test aphanomyces avant l’implantation

Pois/Lentille : Anticiper et réaliser un test aphanomyces avant l’implantation

En ce mois de juin, l’assolement pour la campagne prochaine est en cours de finalisation. Mais avant de choisir d’implanter un pois ou une lentille, avez-vous pensé à réaliser le test « aphanomyces » ?

[box type=”info” align=”” class=”” width=””]Consulter cet article sur le site Terres-inovia.fr[/box]

Qui est aphanomyces ?

L’aphanomyces (Aphanomys euteiches) est un pathogène d’origine tellurique qui se conserve jusqu’à 20 ans dans le sol. Lorsque les conditions climatiques sont favorables (pluviométrie importante et températures moyennes > 15°C), le pathogène, attiré par les exsudats racinaires, colonise les racines du pois ou de la lentille. Celles-ci deviennent brunes et molles, les nodosités ne sont plus fonctionnelles. En végétation, la maladie apparaît le plus souvent sous forme de foyers au sein desquels les plantes sont nanifiées et jaunissantes.

La sévérité de la maladie dépend de 4 facteurs : 

  • la quantité d’inoculum dans le sol (PI), 
  • les conditions climatiques, 
  • le stade de développement de la plante au moment de l’attaque : plus la plante est jeune plus elle est sensible au champignon ; passé début floraison, le risque de contamination devient moindre.
  • la réceptivité du sol : les sols calcaires sont beaucoup moins réceptifs (Carte de France du taux de calcaire)

Quelles espèces sont sensibles à Aphanomyces ?

Plusieurs espèces de légumineuses sont sensibles à Aphanomyces : le pois, la lentille, la luzerne et la gesse sont hôtes du pathogène. En revanche, la féverole, le lupin, le pois chiche, le fenugrec, le soja, le sainfoin et le lotier sont non hôtes ou très résistants. Ils ne multiplient pas l’inoculum. Enfin, concernant le trèfle et la vesce, la sensibilité dépend de la variété.

Comment gérer aphanomyces à l’échelle de la rotation ?

Avant d’implanter une légumineuse sensible en culture principale, réaliser le test aphanomyces. Il s’agit d’un prélèvement de terre à envoyer à un laboratoire (adresse dans fiche jointe), dont le résultat vous revient sous 2 mois sous forme d’une note allant de 0 (pas de pathogène) à 5 (parcelle très infestée).

Potentiel infectieux (PI)

Conséquences agronomiques

Pois d’hiver

Pois de printemps / Lentille

PI < 1

Parcelle faiblement infestée

Sur pois de printemps et lentille, quelques foyers peuvent apparaître en cas de printemps très humide et doux, mais sans conséquence importante sur le rendement

oui

oui

1 < PI < 2.5

Parcelle moyennement infestée

Des dégâts importants peuvent apparaître sur cultures de printemps en cas de printemps humide et doux (T>15°C). Les cultures d’hiver peuvent être cultivées sans risque grâce au décalage de son cycle qui lui permettra d’échapper partiellement à la maladie

oui

déconseillé

PI > 2.5

Parcelle fortement infestée

Les risques de pertes de rendement sont importants. Privilégier des espèces de protéagineux résistantes à l’aphanomyces telles que la féverole ou le lupin qui ne multiplient pas l’inoculum. Vous pourrez ainsi profiter d’une tête de rotation protéagineuse tout en limitant le développement de la maladie sur la parcelle.

déconseillé

déconseillé

Exemple d’impact sur le rendement

Type de Pois

Etat d’infestation

Rendement moyen (q/ha)

 

Type de Pois

Etat d’infestation

Rendement moyen (q/ha)

Semis de printemps

Sain

71

Semis automne

Sain

71

Infesté (PI>4)

37

Infesté (PI>4)

63

Pertes

-34 (48 %)

Pertes

-8 (12 %)

Qu’en est il des légumineuses en couvert, dérobés ou plantes compagnes ?

Le cycle du pathogène est très rapide (quelques semaines suffisent pour multiplier l’inoculum en conditions optimales) et les conditions climatiques peuvent être favorables au développement de la maladie (températures douces et précipitations) entre mars et fin octobre. Les légumineuses semées à partir de fin juillet-début août et détruites avant la fin de leur cycle végétatif durant l’hiver (ex. des couverts d’interculture ou des colzas associés à des plantes gélives) ou semées au printemps (ex. de plantes compagnes, à vocation permanente ou non) peuvent donc multiplier le pathogène même si leur cycle cultural est court. Le choix de l’espèce ou de la variété est donc également important :

  • Lorsque le PI est inférieur à 1 et qu’il n’existe pas d’espèce sensible, en culture principale dans la rotation, il n’y a pas de restriction.
  • A l’inverse, si le PI est supérieur à 1 ou si des légumineuses sensibles sont présentes dans la rotation (pois, lentille…), il est recommandé de choisir des espèces/variétés non hôtes ou très résistantes (féverole, fenugrec, certaines variétés de vesces et de trèfles…). Il est par exemple fortement déconseillé d’insérer du pois, de la lentille ou toute autre espèce sensible quand du pois ou de la lentille sont déjà en culture principale. En revanche, le risque de multiplier le pathogène est faible pour les légumineuses semées à partir d’octobre et détruites avant la fin de l’hiver.

Quel que soit le type de couvert, le respect des fréquences de retour conseillées est indispensable, même pour des variétés très résistantes.


Tags : ,
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article