Hermjan Darwinkel, qui a adopté le « compact feeding » consistant à ajouter de l’eau dans sa ration mélangée, a haché son ensilage de maïs à 7 mm. Il imagine le broyer encore plus fin à l’avenir. - Illustration Alimentation des laitières : Une bouillie totale mélangée pour limiter le tri
Hermjan Darwinkel, qui a adopté le « compact feeding » consistant à ajouter de l’eau dans sa ration mélangée, a haché son ensilage de maïs à 7 mm. Il imagine le broyer encore plus fin à l’avenir.

Alimentation des laitières : Une bouillie totale mélangée pour limiter le tri

Hermjan Darwinkel a adopté le “compact feeding”, approche revue et corrigée de la ration totale mélangée (TMR).

Hermjan Darwinkel conduit avec son épouse un troupeau de 200 laitières à Ecorpain (72). « Nous avons toujours cherché à récolter la meilleure qualité d’ensilage possible. Viser la régularité : mêmes silos, mêmes horaires de traite et de distribution. Et bien sûr essayer de diminuer les charges… », a-t-il expliqué récemment lors du colloque Nutrition animale de Limagrain. Mais, jusqu’en 2015, « malgré la distribution d’une ration totale mélangée aérée, riche en fibres longues », il n’était pas pleinement satisfait. « Bouses hétérogènes, pattes rouges, matières grasse et protéique fluctuantes… Paille de colza et bicarbonate ne suffisaient pas à trouver la stabilité. »

Adhésion des concentrés au squelette du mélange

Heureusement, le président du réseau European dairy farm (EDF) en France n’hésite jamais à expérimenter. « Lors de sa visite, Christine Bas, conseillère en bâtiment danoise, m’a expliqué que je ne distribuais pas assez de ration, que les vaches triaient trop et qu’il fallait rajouter de l’eau au mélange… » La conseillère lui propose le « compact feeding », approche utilisée au Danemark. Objectifs : augmenter la productivité et l’efficacité alimentaire et améliorer la santé. « Le principe est d’obtenir, grâce à l’ajout d’eau, une ration titrant à 36 % de MS pour limiter le tri, la compétition à l’auge, et obtenir une composition constante d’un jour sur l’autre. »

L’organisation quotidienne est chamboulée : la préparation démarre désormais par la phase de trempage. « Les concentrés et les aliments secs d’une TMR classique entraînent du tri. Pour l’éviter, on cherche à obtenir quelque chose d’humide et collant : on charge d’abord tourteau de colza, pulpe de betteraves et minéraux. On ajoute pendant le mélange la même quantité d’eau. Puis on laisse tremper une heure. » Vient ensuite la « phase de structuration » qui consiste à incorporer au mélange trempé les éléments les plus fibreux, notamment l’ensilage d’herbe. « On laisse l’automotrice tourner alors de 5 à 20 minutes en fonction du type d’ensilage, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de paquet d’herbe.

Objectifs de cette étape : déchiqueter les fibres et faire adhérer les concentrés au squelette du mélange. Tout doit être parfaitement homogène », précise Hermjan Darwinkel. Enfin, vient « le mélange final » avec l’incorporation du dernier ingrédient, « l’ensilage de maïs dans lequel le mélange lourd de la phase de structuration va être “dissous” pendant 5 à 20 minutes. »

Performances contre temps de travail

Trois semaines après l’adoption du compact feeding en 2015, Hermjan Darwinkel a constaté des progrès : « La production quotidienne a augmenté de 3 L. Les pattes n’étaient plus rouges. Les bouses plus homogènes. » Le comportement alimentaire des vaches a changé : « Comme elles ne cherchent plus “en profondeur” dans la ration, elles se nourrissent plus vite et retournent se coucher pour faire leur lait. Ne fouinant plus, le mélange est moins étalé et nous ne repoussons plus que 3 fois par jour au lieu de 7 auparavant. »

La ration est désormais mieux partagée : « Avant, les fortes productrices et dominantes cherchaient tout de suite les concentrés, les autres se contentaient de ce qui restait et manquaient sans doute d’énergie. Aujourd’hui, le tri à l’auge a beaucoup diminué. » Sur 2017, le troupeau a tourné à 42,5 de TB et 34,4 de TP (moyenne de 33 L de lait par jour, coût alimentaire autour de 100 € / 1 000 L). Seul inconvénient, le travail : « Nous consacrons 3 heures, sur deux sites, pour préparer 4,5 mélangeuses par jour, ouverture des silos et nettoyage de l’auge compris. » Il faut aussi balayer proprement la cuve de l’automotrice pour éviter de l’ensemencer. Malgré cela, Hermjan Darwinkel apprécie « le gain d’efficacité alimentaire » et invite les éleveurs à faire le test. « C’est quelque chose de simple et qui ne coûte pas cher, de l’eau que les vaches vont de toute façon boire. »

Ration à l’auge

  • 15 kg MS de maïs ensilage,
  • 4,6 kg MS d’ensilage d’herbe,
  • 6,9 kg brut de tourteau de colza,
  • 2 kg brut de pulpe déshydratée,
  • 410 g de minéral,
  • 9,31 L d’eau dans la mélangeuse,
  • Valeurs : 0,93 UFL, 99 g de PDIN et 91 g de PDIE / kg MS ; 15,5 % de MAT ; 17,8 % d’amidon ; 17,1 % de cellulose brute.

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