La santé

Jeune, entreprenant, dynamique, courageux. Toutes les qualités pour devenir agriculteur. Sauf qu’il en manque une : la raison. Mais peut-on demander à un jeune dont le cerveau grouille de mille projets d’être « raisonnable » ? Il le faudrait pourtant sur un point : celui de la santé.

Des responsables professionnels qui examinent les dossiers d’installation sont aujourd’hui inquiets pour la santé de certains jeunes. « Nous voyons passer des projets à 5 000 heures de travail pour une personne », s’inquiétait récemment un membre de CDOA. Non pas que ces jeunes embrayent dès le lendemain de leur installation pour des journées de travail de 13 heures, mais ils y seront acculés dans quelques années, quand leurs parents partiront à la retraite. « Dans de trop nombreux dossiers, le jeune n’a pas étudié la solution de la main-d’œuvre à échéance de 2-5 ans », se désolait récemment un autre élu professionnel breton.

Le « succès » de l’aide au répit mise en place par la MSA témoigne bien de la situation de burn-out qui touche aussi les agriculteurs. Depuis la mise en place de ce dispositif en 2016, quelque 3 500 agriculteurs – en majorité des hommes et le plus souvent des éleveurs – ont pu souffler un peu en profitant de quelques jours de repos et éventuellement un soutien psychologique. Mais aussi louable soit cette action, elle demeure un emplâtre sur une jambe de bois. Des témoignages édifiants font ainsi état d’agriculteurs qui tombent d’épuisement et qui sont « soignés » par des cures de sommeil. Sans parler de ces agriculteurs qui vivent leur épuisement chronique dans la plus grande solitude.

Au XXIe siècle, pratiquer le noble métier de nourrir les hommes mérite mieux que de mourir de fatigue.


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