Un impérial prairial

Deux longues pattes que l’on dirait cuirassées de houseaux rose foncé, un plastron noir impeccable et un manteau vert irisé de pourpre avec des reflets de bronze aux nuances violacées. C’est sous cette parure à l’élégance tout impériale d’un oiseau prairial que le vanneau huppé annonce les premiers frimas. Ses plages d’hiver ? Les prairies humides ouvertes désertées par les bovins.

Perché sur ses échasses dont les doigts effilés aiment clapoter dans une fine pellicule d’eau, le vanneau peut ainsi guetter à découvert le danger qui s’approche tout en picorant par intermittence. À la première alerte, les sifflements aigus de quelques congénères aux aguets précèdent l’envol chaloupé et désordonné de toute la troupe bruyante portée par des centaines de battements d’ailes lents comme des papillons. Ce cri sonore lui vaut d’ailleurs son nom ; il rappellerait le son du van, cette machine qui sert à séparer le grain du son.

Les Bretons ont été davantage séduits par la beauté de sa huppe recourbée que par son cri saillant. C’est pourquoi ils l’ont nommé « kornigell ». Mais le vanneau n’est pas seulement beau. Il est bon : « Qui ne mangea jamais vanneau, ne mangea jamais bon morceau », assure la maxime. Est-ce la finesse de sa chair qui lui a valu « d’être admis par faveur dans la liste des mets de la mortification établie par ceux qui ont tiré la ligne délicate de l’abstinence pieuse ? », comme l’évoque le naturaliste Buffon dans son « Histoire naturelle ». Même les ascètes tireraient donc vanité à faire bonne chère de vanneau…


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