Soigner l’immunité des veaux et des taries

Comme chez l’Homme, le bovin se défend grâce à l’immunité innée et acquise. Deux types d’animaux physiologiquement en déficit immunitaire demandent une attention particulière : les veaux et les taries. Pour illustrer simplement ce qui se passe à l’intérieur d’un bovin attaqué par des virus ou des bactéries, on peut prendre comme comparaison un champ de bataille. « Deux types de mécanismes se mettent en route pour défendre l’organisme : l’immunité innée (non spécifique) et acquise (spécifique). L’immunité innée, c’est l’artillerie lourde qui agit au début : les cellules macrophages attaquent tous les agents pathogènes sans distinction. Elles font un nettoyage grossier. Les larmes, l’acidité de la panse sont d’autres systèmes de défense innée », explique Alexandra Senkowski, vétérinaire membre du Groupement technique vétérinaire de Bretagne. En cas de mammite par exemple, les macrophages mangent les bactéries entrées dans la mamelle, ce qui entraîne une réaction inflammatoire. « Jouant également un rôle de sentinelles, les macrophages libèrent une substance qui attire les polynucléaires neutrophiles (PNN) : les leucocytes qui s’attaquent aussi aux germes de façon non spécifique. Les macrophages font aussi le lien avec les lymphocytes B : des soldats spécialisés qui vont s’attaquer plus spécifiquement aux pathogènes et recruter d’autres lymphocytes capables de reconnaître et combattre un agresseur donné : des tireurs d’élite ! ». Pas de système immunitaire à la naissance Particularité chez les bovins, les veaux naissent sans système immunitaire. D’où l’importance du transfert des anticorps maternels via une prise rapide du colostrum. « Si le veau ne boit pas dans les premières heures de vie, un sondage doit être réalisé. Je connais un producteur qui drenche systématiquement les nouveau-nés avec 4 L de colostrum. Ils dorment ensuite pendant 24 h mais ils sont protégés. Au-delà de 6 h à 12 h de vie, on peut continuer à donner du colostrum, même si l’intestin n’est plus perméable aux anticorps : ces derniers assurent tout de même une défense locale dans le tube digestif. Un quart de L/jour pendant une semaine, ça peut être intéressant. » Pour contrôler la qualité du colostrum, l’aspect visuel n’est pas un bon indicateur. Alexandra Senkowski recommande les « colostro balls ». « Peu chères, pratiques et incassables, elles peuvent être utilisées à chaque naissance. On peut voir aisément s’il est nécessaire de décongeler du bon colostrum en secours. De grandes différences de qualité existent au sein d’un même élevage. » Parfois, il suffit d’enrichir un colostrum de qualité moyenne avec du bon. « La décongélation se fait au bain-marie à 37 °C maximum pour ne pas altérer les anticorps. Le micro-ondes est interdit », rappelle la vétérinaire. Ne pas tarir avec une mammite Autre stade physiologique où les bovins sont immunodéprimés : la fin de gestation. « Vérifier l’alimentation lors de ce “congé maternité” est fondamental. Un minéral “spécial vaches taries” est important pour l’apport en vitamine E et sélénium notamment. Retenez que les cellules immunitaires passent dans la mamelle quelques semaines avant vêlage. » De temps en temps ou en cas de problème, il peut être intéressant de faire évaluer le transfert d’immunité sur 4 ou 5 veaux par le vétérinaire. « Cela passe par des mesures de glycémie, un dosage des globulines, du taux de protéines. Sur les vaches taries, avant de revoir un plan d’alimentation, des analyses peuvent également aider à orienter : glycémie, dosage des corps cétoniques, des oligoéléments, des minéraux, pH urinaire… » Des outils médicaux pour renforcer l’immunité Des solutions médicales existent pour renforcer l’immunité. « On peut vacciner les taries en fonction des germes pathogènes présents sur l’élevage pour que les anticorps adaptés puissent passer dans le colostrum. Les veaux peuvent être directement vaccinés contre les maladies respiratoires. Un nouveau médicament préventif disponible sur le marché permet par ailleurs d’augmenter la production et l’activité des neutrophiles. Deux injections sont réalisées : 7 jours avant mise bas et le jour du vêlage ».

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