Pour les associés du Gaec Bio Yvel à Mauron (56), « Il faut être patient entre le moment où on arrête le labour et le moment où les rendements attendus arrivent. » - Illustration Une exploitation familiale certifiée Bio depuis 1968
Pour les associés du Gaec Bio Yvel à Mauron (56), « Il faut être patient entre le moment où on arrête le labour et le moment où les rendements attendus arrivent. »

Une exploitation familiale certifiée Bio depuis 1968

Le Gaec Bio Yvel est un pionnier de l’agro-écologie dans le Morbihan. Respecter l’environnement naturel tout en vivant de leur métier est le fil conducteur des exploitants depuis presque 50 ans.

Située à Mauron dans le Morbihan, l’exploitation comprend 4 associés : Claudine et Patrice Le Callonnec et leurs deux enfants, Émilien et Valentin, installés respectivement en 2014 et 2016. Aujourd’hui, 850 000 L de lait sont produits grâce aux 120 vaches laitières de race Holstein rouge. En complément du lait, un atelier de 6 000 poules pondeuses est également en place.

Fourrages de qualité, ration équilibrée et autonomie sont les bases du système fourrager sans lesquelles il est difficile de perdurer en agriculture biologique. Le lait est vendu 470 €/1 000 L en moyenne mais le coût en concentrés est de 70 €/ 1 000 L.

La surface de 220 hectares est occupée pour moitié par des prairies avec des mélanges de variétés, choisies en fonction des sols notamment. La moitié est pâturée et l’autre fauchée. En 1995, les éleveurs ont construit un séchoir en grange pour obtenir une très bonne qualité d’herbe. Il sèche aussi la luzerne et d’autres légumineuses afin de garder une forte valeur énergétique et protéique. Avec l’augmentation du troupeau, il s’avère insuffisant en capacité de séchage. Le changer fait partie des projets du Gaec.

Les 100 hectares restants sont consacrés au maïs, aux légumineuses, à des mélanges céréaliers et à des céréales bien valorisées sur des niches (floconnerie). Le raisonnement principal de Patrice Le Callonnec est d’équilibrer la ration avec les produits de la ferme. Il souhaite produire un maximum de lait tout en limitant les achats de soja encore cher (1 000 € la tonne). Pour lui, arriver à 7 000 L par vache et par an passe par une bonne gestion des rotations en amont. Il veut trouver les cultures qui lui apportent un maximum de protéines pour stabiliser ses coûts. Toujours en recherche, il teste de nouvelles cultures protéiques (pois, vesce, féverole) afin de développer l’autonomie fourragère de l’exploitation.

Des sols vivants et protégés

« Moins je travaille le sol, mieux je me porte » précise-t-il. Depuis 15 ans, le labour n’est plus pratiqué afin de ne pas casser la structure du sol. Il a été remplacé par un travail superficiel du sol. Les exploitants font aussi du semis direct, une pratique qu’ils souhaitent augmenter.

Le fait de ne plus labourer n’a pas diminué les rendements. Il faut surtout être patient entre le moment où on arrête le labour et le moment où les rendements attendus arrivent après que la terre se soit régénérée. Il faut au moins 5 ans avant de voir le sol se restructurer. « C’est le sol qui nourrit la plante, qui nourrit l’homme, et non l’inverse » selon l’agriculteur.

Il met énormément l’accent sur les rotations des cultures et sur l’utilisation des couverts végétaux permanents pour protéger le sol et l’enrichir. Les parcelles à proximité de l’exploitation sont utilisées au maximum en pâturage, celles plus éloignées ont la rotation suivante : prairie pendant 4-5 ans, cassée en août pour implanter du méteil (féverole, pois, vesces, avoine, triticale), semé en septembre et récolté fin avril pour implanter un maïs début mai puis des céréales d’hiver et ensuite un couvert végétal, et enfin des céréales de printemps ou une prairie, soit au total une rotation de 7 ans.

L’éleveur souhaite que ses fils multiplient encore plus les variétés et qu’ils soient à l’affût des innovations. Il est nécessaire notamment d’adapter le matériel aux nouvelles techniques culturales et aux problématiques rencontrées. Intégrer des réseaux est aussi très important comme Base (Biodiversité, agriculture, sol et environnement) ou le Segrafo (Séchage en grange des fourrages). « On apprend par le biais des autres » souligne-t-il. Son l’exploitation est devenue « ferme référence ».

Des haies essentielles

« On plante tous les ans, un, deux ou trois kilomètres, soit 25 kilomètres implantés au fil des années. En 1968, le remembrement a tout rasé, on a déstabilisé le système » précise-t-il. L’implantation de haies autour des parcelles lui permet de conserver un agro-écosystème de qualité. Elles servent de brise-vent pour le bétail et ont un rôle anti-érosion et tampon qui protège la qualité de l’eau, notamment de l’Yvel situé à proximité. Elles sont aussi un corridor écologique indispensable à la faune.

Nous sommes ressortis de cette visite enrichis de nouvelles connaissances, par la rencontre avec un agriculteur passionné, qui a partagé avec nous son amour du métier, du bio et des innovations dans ce domaine. On retiendra qu’il est indispensable de prendre soin de la terre, « elle ne nous appartient pas et on a le devoir de la préserver pour les générations futures ».

Sursemis de prairies

Depuis plus de dix ans, Triskalia organise, en partenariat avec le journal Paysan Breton, un concours d’écriture ouvert aux élèves de BTS agricoles 1re année. Cette année, le thème du concours était : « L’agro-écologie, un nouveau modèle agricole ? ». Au travers d’un article de presse de type témoignage ou portrait, les étudiants ont apporté un éclairage sur le développement des pratiques agroécologiques dans les exploitations bretonnes. Voici l’article qui a obtenu le 1er prix. Félicitations à ses rédacteurs, élèves du CFTA de Monfort-sur-Meu (35).

CFTA de Montfort : Réussir autrement

[caption id=”attachment_29600″ align=”aligncenter” width=”720″]BTSA ACSE du CFTA de Montfort-sur-Meu (35). BTSA ACSE du CFTA de Montfort-sur-Meu (35).[/caption]

Membre du réseau des Maisons Familiales Rurales, le CFTA de Montfort, à proximité de Rennes, forme aux métiers de l’agriculture et du secteur équin, du para-agricole, de l’agro-fourniture et des Entreprises de l’agro-équipement.

L’établissement propose les formations suivantes : le BAC Pro CGEA (agriculture et équin), le BTSA ACSE, le BTS TC en double compétences en Contrat pro, une formation de Conducteur de Travaux en ETA (niveau III) et en partenariat avec l’IUT de gestion de Rennes, une licence pro Gestion des entreprises d’agro-équipement.
Les étudiants BTS ACSE sont originaires de la Bretagne mais aussi de Normandie et des Pays de la Loire. La formation a pour particularités l’alternance et de proposer depuis 1987 un stage à l’étranger de 4 à 6 mois. Une expérience enrichissante, inoubliable, professionnelle et humaine, qui est un atout sur un C.V. Les destinations sont en 2017 : le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande, les pays européens, le Sénégal, le Vietnam, le Chili…

Nicolas Rio, Julien Reuze, Dylan Sablé, Inès David, Ophélie Vilquin


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