Mardi, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a arpenté les allées du Space pendant de longues heures. - Illustration Nuages sur la rentrée agricole
Mardi, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a arpenté les allées du Space pendant de longues heures.

Nuages sur la rentrée agricole

Le ministre de l’Agriculture incite les agriculteurs à écouter davantage la demande sociétale. La potion apparaît amère pour la FNSEA.

«Le Space est un formidable outil pour répondre et anticiper les diverses mutations techniques, économiques et sociétales auxquelles le monde agricole dans son ensemble doit et devra faire face ». Marcel Denieul, président du salon de l’élevage qui s’est déroulé cette semaine à Rennes, ne savait pas que ses propos liminaires étaient une réponse anticipée au ministre de l’Agriculture.

Quelques minutes plus tard, Stéphane Travert expliquait en effet que « l’État ne doit pas tout faire au risque de faire moins bien que vous ». Cela tombe bien puisque le Space « porteur d’avenir » est « une initiative des agriculteurs » ont murmuré quelques responsables professionnels présents au discours du ministre. Autrement dit, les agriculteurs bretons ont appris à compter d’abord sur eux-mêmes pour avancer.

Pour autant qu’il ne doit pas tout faire, le ministre peut et doit être le juge de paix. C’est ce que pense Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui fait part de sa « colère » de voir le gouvernement laisser les États généraux de l’alimentation aux mains des consommateurs et du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique. Quelques minutes plus tôt, Stéphane Travert alimentait cette idée en déclarant : « Celui qui décide, c’est le consommateur, qui, en conscience, vote pour chacun d’entre vous en effectuant ses achats ».

Pas gouverner avec des interdictions

« La transformation ne peut se faire sans nous, sinon ce sera contre nous », menace la présidente du syndicat majoritaire qui sent la profession dépossédée des États généraux. Et de faire allusion aux annonces du Premier ministre, Édouard Philippe, concernant l’interdiction du glyphosate. « Si tout est joué d’avance, qu’on nous le dise ». Et de s’exclamer : « On ne peut pas gouverner la France avec des interdictions ».

Bref, c’est un sentiment de marginalisation, doublé de stigmatisation, qu’ont exprimé les représentants de la FNSEA à l’occasion « d’une rentrée moins positive que l’on espérait », comme le résume la présidente. Les leaders syndicaux estimant encore que « le gouvernement a une responsabilité sur de nombreux sujets, comme le droit à la concurrence ».

À l’index des syndicalistes se trouvent une nouvelle fois « les prix abusivement bas ». Thierry Coué, président de la FRSEA, enfonce le clou : « Les distributeurs sont responsables de la baisse des prix et tirent les producteurs vers la ruine. C’est aux politiques de mettre des règles du jeu aux 4 distributeurs ».
Stéphane Travert partage l’analyse : « Le bon prix c’est le prix juste, ce n’est pas mécaniquement le prix le plus bas. La course effrénée aux prix bas est destructrice d’emplois, destructrice de valeur, destructrice de notre environnement ».

Pas question de payer plus cher

Reste à convaincre tous les acteurs, y compris les « acteurs consommateurs » auxquels fait référence le ministre de l’Agriculture. Christiane Lambert a en partie la réponse : « 90 % des consommateurs sont favorables à une amélioration du bien-être animal. Mais la moitié exclut de mettre quelques centimes de plus pour rémunérer le producteur ». 


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