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Le 10 août 1968, on parle “UTH”

Dans les archives de Paysan Breton :

Ne vous cassez point trop la tête sur les trois lettres ci-dessus. C’est un sigle comme beaucoup d’autres qui signifie : « Unité de Travailleur Homme ». On en parle quand il s’agit de chiffrer la main-d’œuvre nécessaire pour effectuer un travail donné ou pour déterminer, suivant ce qu’on y fait, le volume d’une exploitation : on arrive à l’heure actuelle à moins parler d’hectares que d’UTH puisqu’on dit que cette ferme est à deux UTH ou à trois UTH.

Pour ma part, je trouve cette expression UTH un peu veuve. Je voudrais qu’on y ajoute une UTF, c’est-à-dire une unité travailleur femme, non pas qu’il me plaît de voir les femmes être associées abusivement au travail de l’exploitation elle-même mais parce que les choses sont ainsi.

Ce serait commettre une erreur énorme de se baser pour chiffrer la main-d’œuvre nécessaire à la conduite d’une entreprise agricole (c’est ainsi qu’il faut parler de nos jours) sur le seul apport masculin car, en définitive, les femmes participent, souvent avec excès, aux travaux propres de l’entreprise.

En 1968, le machinisme vient au secours des travailleurs de façon efficace. Un progrès immense, dû à la motorisation, à l’utilisation de l’électricité a suivi sa marche ascensionnelle depuis la fin de la dernière guerre.

En contrepartie, le nombre d’hommes et de femmes apportant leur concours aux travaux de la ferme a été en diminuant régulièrement. Dans le même temps, et ceci est surtout valable dans notre péninsule armoricaine, l’élevage s’est développé dans des proportions considérables. Malgré l’agencement des bâtiments, il n’en reste pas moins vrai qu’il faut quand même « passer partout » et faire face à tout.

Je pense qu’il est difficile à un simple observateur de se rendre compte des sujétions que cela comporte et qu’il est nécessaire de mettre la main à la pâte pour savoir avec précision de quoi il en retourne.

En cette période d’équilibre budgétaire difficile, on dit que les plus touchés sont ceux qui ont fait les investissements les plus importants. Or, ces investissements ont pour objet de diminuer la main-d’œuvre, le nombre d’UTH.

A côté, des exploitations ayant moins investi se comportent en général un peu mieux à condition toutefois qu’elles ne soient pas restées « marginales ». Cela n’est-il pas compensé précisément par la densité de travail que recouvre ce sigle UTH auquel vient s’ajouter la densité du sigle UTH.

Je connais, tout comme vous, nombre de jeunes ménages et aussi d’anciens, qui abattent une besogne journalière hors de proportion avec ce que l’on est en droit d’exiger d’un homme ou d’une femme. La réussite pourtant est à ce prix.

Une femme disait un jour que l’outil qui l’avait le plus soulagée dans son travail était le tracteur de son mari. Je le crois volontiers dans la mesure où son mari pense à venir en aide à son épouse plus particulièrement pour le soin à donner aux animaux et pour la traite.

Ma conclusion est simple. Nos entreprises prennent de l’importance. La main-d’œuvre diminue en nombre. Ceux qui restent doivent faire face à l’ensemble des travaux qui doivent être exécutés pour assurer la rentabilité de l’exploitation. Puisque chacun doit participer à l’œuvre commune, que l’équipement et les tâches soient répartis au mieux entre tous afin qu’UTH et UTF soient sur un même pied d’égalité dans les moyens qui s’offrent à nous d’alléger et de faciliter le travail de ceux qui ont décidé de s’associer pour le meilleur et pour le pire.

Pierre Malitourne


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