Gérer l’herbe d’été

Tour d’herbe avec l’animateur du Cedapa : Isabelle et André Ganne sont satisfaits de leur parcelle avec une bonne présence de trèfle. - Illustration Gérer l’herbe d’été
Tour d’herbe avec l’animateur du Cedapa : Isabelle et André Ganne sont satisfaits de leur parcelle avec une bonne présence de trèfle.
À Saint-Étienne-du-Gué-de-l’Isle (22), en zone humide, 50 mm de pluie en un mois ont permis à l’herbe de bien reverdir. Isabelle et André Ganne redistribuent du stock depuis mi-juillet afin de maintenir un bon intervalle de pâturage.

Après avoir craint la sécheresse en début de saison d’herbe, Isabelle et André Ganne ont été rassurés par les pluies du milieu de l’été. À Saint-Étienne-du-Gué-de-l’Isle, les conditions pédoclimatiques sont favorables à l’herbe : un bon sol et des pluies régulières, même en été (50 mm en un mois).

Éviter l’accélération à contretemps

Mais les bonnes conditions ne suffisent pas, il faut aussi savoir gérer l’herbe lorsque la pousse ralentit. Attention à ne pas pratiquer l’accélération à contretemps : la pousse de l’herbe ralentit, on passe donc moins de temps sur chaque paddock et on revient plus rapidement sur les mêmes parcelles (on accélère le rythme de rotation alors que la pousse ralentit). Chez Isabelle et André Ganne qui disposent de 30 ares accessibles par vache laitière, on distribue du stock depuis mi-juillet. La ration des 70 laitières se compose de 8 kg MS d’enrubannage d’herbe, de 3 kg de maïs épi et le reste au pâturage. Elles tournent la journée sur des parcelles de mélange prairial (2 types de ray-gras anglais, trèfle blanc, trèfle violet, trèfle de Perse, fléole, fétuque des près), restent à l’étable après la traite jusqu’à 20 h et passent la nuit sur une parcelle proche du bâtiment. « On cherche à maintenir un intervalle de 30 jours minimum avant de revenir sur les parcelles, si possible 35 jours », précise l’agriculteur.

Les génisses sont toujours en pâturage plat unique, sur des prairies permanentes (principalement composée de fétuque élevée) situées en bord de rivière. La ration des 40 taurillons a changé depuis le 19 août, ils sont passés de l’ensilage de maïs à une ration de 20 kg brut de méteil ensilé, 6 kg brut de maïs épi et un mélange de tourteau (35 % de MAT). « C’est la première année qu’on teste le méteil ensilé, précise André Ganne. Avant, on le distribuait en grain. » « On va implanter un méteil derrière un maïs ensilage cet automne. Ce méteil sera ensilé et on implantera une prairie par la suite. Implanter une prairie en milieu de printemps est risqué, mais cela fait 3 ans qu’on le fait et les prairies s’en sont toujours bien sorties, même avec l’été 2016 », explique l’éleveur.

Rester économe

La production de 20,5 kg/ VL (TB : 40, TP : 32) est produite uniquement par des fourrages et des concentrés de la ferme, ce qui limite les charges. Chargée du suivi des finances, Isabelle Ganne se réjouit : « On produit un peu moins de lait que l’an dernier à la même époque, mais on a plus de  trésorerie. » Sur le plan économique, l’évolution vers un système herbager s’avère payante. Les résultats comptables de l’exercice clos au 31 mars 2017 le confirment : avec un prix moyen de 290 €/1 000 L sur l’année, et malgré des produits en baisse de 28 000 €, l’Excédent brut d’exploitation (EBE) a augmenté de 31 000 € pour s’élever à 112 545 € (218 €/1 000 L vendus).

Ce résultat doublement positif dans un contexte de crise laitière s’explique notamment par une baisse des charges opérationnelles de 15 153 € et de structure de 17 335 €. Le coût alimentaire est passé de 86 €/1 000 L en 2016, à 73 €/1 000 L en 2017. Les résultats économiques sont très encourageants et devraient pouvoir encore s’améliorer au fil des ans. Le troupeau s’adapte au pâturage. « Cette année, les vaches sont en meilleur état. La reproduction se passe mieux », observent les agriculteurs.

Gérer les chardons

chardonLe chardon fait partie des deux principales adventices prairiales (avec le rumex). Les chardons dans les prairies sont généralement des chardons des champs ou des chardons communs. Le chardon commun (gros chardon à aspect plat avant montaison) se reproduit uniquement par les graines. Il est donc assez facile de l’éliminer via des fauches assez tardives au printemps (vers la Saint Jean) pour empêcher l’égrenage. Le chardon des champs est lui bien plus difficile à éliminer. En effet, en plus de sa reproduction sexuée, il a aussi une reproduction végétative (par les rhizomes). Il faut donc proscrire toute montée à graine via une fauche ou un broyage. Mais il ne faut pas non plus le faucher souvent car cela va stimuler les rhizomes et donc le développement de nouveaux pieds. Pour le vaincre, on préconise de le faucher tardivement, en pleine floraison, les réserves du chardon seront plus mobilisées et il sera plus facile de réussir à l’épuiser via des fauches successives.

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En zone intermédiaire
Depuis le 1er août, on a reçu 40 mm de pluie. Les prairies ont reverdi. Assez pour assurer une ration moitié pâturage, moitié ensilage d’herbe/ avoine. La luzerne est bien présente, mais les graminées et les légumineuses ont du mal à repousser en quantité satisfaisante. Mes vaches produisent 15 kg/j (contre 17 en juillet et 16 en juin). Mes taux sont à 42 de TB et 34 de TP. Les taries et les génisses prêtent à vêler sont ramenées sur des parcelles autour du bâtiment. J’ai finalement semé fin juillet 2,5 ha de RGI-trèfle Alexandrie et colza fourrager pour affourager en vert cet automne et ainsi compenser la distribution des stocks cet été. Adage 35 : 02 99 77 09 56

Michel Priour, Cesson-sévigné (35)

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En zone humide
Avec les précipitations régulières, la pousse de l’herbe est toujours bonne et de qualité, l’intervalle entre deux pâturages est d’environ 30 jours.  Je ne fauche les refus que pour limiter les chardons.  La production laitière a un peu baissé, les taux se maintiennent (TB : 48,6 – TP : 34,5). Vendredi passé, j’ai enfin fauché 8 ha, la deuxième coupe, une belle semaine était annoncée et je pense en faire du foin. Au début du mois, le vétérinaire est intervenu plusieurs fois pour soigner des kératites sur les génisses. Civam 29 : 02 98 81 43 94

Philippe Cloarec, Hanvec (29)

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En zone intermédiaire
Depuis les pluies de mi-juillet, les hauteurs d’entrée sont de nouveau suffisantes pour reprendre progressivement le tour de pâturage. De 10 kg MS/j/VL de stock au 20 juillet, je suis redescendu à 6 kg et je vais encore diminuer. La production des vaches reprend aussi des couleurs avec une moyenne de 17,5 kg/j/VL. Les taux remontent également (TB = 41 et TP = 31). Les parcelles de fauche attendent une fenêtre favorable. Les besoins en stocks pour l’hiver sont couverts. Je vais détruire une prairie non productive pour semer un couvert de RGI – colza fourrager pour cet hiver. J’y ressèmerai une prairie sous couvert d’avoine au printemps. Civam AD 56 : 07 85 26 03 02

Ludovic Massard, Buléon (56)


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