Les éléments de la micro-méthanisation sont montés en usine. De ce fait, le chantier ne dure qu’une semaine chez l’éleveur. - Illustration La micro-méthanisation enfin rentable
Les éléments de la micro-méthanisation sont montés en usine. De ce fait, le chantier ne dure qu’une semaine chez l’éleveur.

La micro-méthanisation enfin rentable

Avec un montant à investir à partir de 220 000 € pour une puissance de 22 kW, la micro-méthanisation séduit les producteurs laitiers en recherche de diversification. Une vingtaine de projets seraient déjà dans les tuyaux en Bretagne et la première unité sera mise en service cet été.

On parle de petite méthanisation lorsque la puissance est inférieure à 80 kW. Mais ces petites unités étaient souvent jugées peu rentables et il était difficile de faire aboutir les projets. Depuis le 13 décembre 2016 un décret fixe les nouvelles règles du tarif de rachat de l’électricité produite à partir de la méthanisation. Le tarif est maintenant de 0,175 €/kWh pour des installations de moins de 80 kW avec une prime effluent de 0,05 €/kWh si le porteur de projet utilise au moins 60 % de ses effluents comme intrants. Le tarif atteint alors 0,225 €/kWh ce qui va aider à développer la petite méthanisation sur le territoire.

Une unité de méthanisation montée en une semaine

La révision de ce tarif de rachat, Éric Lecoq directeur de Biolectric en France, l’attendait depuis des mois. « Nous proposons aux éleveurs non pas de la petite méthanisation mais de la micro-méthanisation. Le concept est déjà très développé en Belgique puisque la société existe depuis 2009 et à fin 2016 ce sont 130 installations qui étaient en service en Europe. » Pour pouvoir atteindre un prix au plus juste possible, la société a standardisé le concept. Les puissances proposées sont de 22 kW, 33 kW ou 44 kW. Cela s’adresse à des producteurs laitiers avec un troupeau allant de 100 à 200 vaches laitières en bâtiment avec raclage et production de lisier.

[caption id=”attachment_26762″ align=”aligncenter” width=”680″]Intérieur du conteneur qui arrive tout équipé, prêt à être raccordé au digesteur. Intérieur du conteneur qui arrive tout équipé, prêt à être raccordé au digesteur.[/caption]

« Presque tout est monté à l’usine en Belgique. Le conteneur arrive tout équipé avec les moteurs de cogénération, le traitement du biogaz, les brasseurs du digesteur, la pompe à digestat, les différentes vannes, capteurs, l’armoire électrique, la récupération thermique, le départ de la chaleur et les aérothermes. Le conteneur est alors prêt à être connecté au digesteur », explique Loïc Fougère, animateur commercial Biolectric. La paroi du digesteur est en inox cintré et isolée avec du styrodur.

Au moment de son montage, le réseau de chaleur est installé tout autour pour maintenir le digestat à une température de 40°C permettant une méthanisation mésophile. Un liner serti sur la cuve en inox vient ensuite en assurer l’étanchéité. « Lorsque la dalle et les tranchées sont prêtes, il nous faut une semaine pour installer le digesteur et le conteneur. L’installation est mise en service un mois et demi plus tard. Au total, il faut environ un an et demi en France pour faire aboutir un projet alors qu’en Belgique en trois mois c’est fait », indique Éric Lecoq.

Quelle rentabilité ?

Le montant total à investir est de 220 000 € pour une unité de 22 kW et de 310 000 € pour 44 kW. « En partant sur une hypothèse pessimiste avec un moteur tournant uniquement 8 000 h/an et avec un changement de moteur (garantie 1 an) tous les ans, nous arrivons à générer une trésorerie moyenne sur 17,5 ans de 16 324 €/an pour une unité de 22 kW et 45 925 €/an pour 44 kW », chiffre Éric Lecoq. Et d’ajouter : « Et cela sans aucune aide et sans évoquer la possibilité de valoriser la chaleur. »

Peu de travail au quotidien

Cette micro-méthanisation est vraiment un prolongement de l’élevage, l’impact visuel est limité et elle n’occupe pas plus de 500 m2 de surface au sol. Avec uniquement le lisier comme intrant, le temps de travail au quotidien est limité. « L’éleveur va passer entre 10 et 20 minutes par jour à vérifier les différents paramètres pour être certain que tout fonctionne bien. Il n’y a aucune matière à incorporer puisque le lisier est pompé automatiquement dans la fosse plusieurs fois par jour pour être envoyé vers le digesteur. Nous programmons des séquences de pompage, cela peut être par exemple 4 pompages de 3 m3 par jour pour une unité de 33 kW », décrit Éric Lecoq.

Le lisier passe ensuite entre 20 et 25 jours dans le méthaniseur avant d’être transformé en digestat et envoyé par transferts quotidiens dans une fosse de stockage. En 15 jours, 75 % du potentiel méthanogène du lisier est valorisé par l’installation. La production de méthane entraîne des petits moteurs de cogénération de 11 ou 22 kW, selon la puissance de l’installation, qui produisent de l’électricité, envoyée sur le réseau électrique et vendue à EDF

L’éleveur peut suivre en temps réel les différents paramètres de son installation et les modifier grâce à son téléphone portable. Les ingénieurs de la société peuvent aussi prendre la main à distance en cas de problème. Ils sont avertis directement dès qu’un défaut est détecté. « La micro-méthanisation est vraiment une belle opportunité de diversification pour un montant à investir raisonnable pour les producteurs laitiers bretons de plus de 100 vaches avec un système lisier », conclut le directeur France de Biolectric.

Un investissement raisonnable et rentable

[caption id=”attachment_26761″ align=”alignright” width=”225″]Carl Guilbert,  Associé du Gaec Guilbert à Tracy Bocage (14) Carl Guilbert, Associé du Gaec Guilbert à Tracy Bocage (14)[/caption]

Notre projet initial était d’investir dans une méthanisation d’une puissance de 250 kW avec un éleveur voisin. Mais notre élevage étant en bio et l’autre pas il y avait un souci de retour au sol du digestat. En creusant un peu sur la micro-méthanisation, nous avons rapidement vu qu’il y avait une rentabilité et nous avons lancé le projet. Avec un investissement raisonnable de 262 500 € pour une unité de 33 kW correspondant à notre troupeau de 140 vaches laitières, nous valorisons notre lisier pour produire de l’électricité et la vendre afin de générer de la trésorerie dès la première année d’exploitation. Nous obtenons un digestat débarrassé des graines d’adventices. Enfin, nous valorisons aussi la chaleur produite par les moteurs grâce au séchoir à fourrages en grange et au séchoir à céréales. Carl Guilbert, Associé du Gaec Guilbert à Tracy Bocage (14)


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