7 leviers pour optimiser le volume de lait trait par un robot saturé

traite-lait_robot_lely-3 - Illustration 7 leviers pour optimiser le volume de lait trait par un robot saturé
« Le robot de traite, investissement coûteux, implique un effet palier correspondant à un nombre maximum d’animaux traits par stalle », concède Paul Lacombe, conseiller en traite automatisée. « C’est pourquoi il est nécessaire d’optimiser son utilisation pour l’amortir en cherchant à sortir le maximum de lait par stalle. » Pour ce faire, l’éleveur dispose de différents leviers.

« La capacité maximale d’un automate peut être atteinte plus ou moins rapidement selon les exploitations. On parle communément de saturation quand le robot n’a plus que 5 à 8 % de temps libre  », explique Paul Lacombe, consultant en gestion de troupeaux automatisés pour le cabinet FDS. Différents critères influent sur la capacité d’un automate et son niveau de saturation. « L’implantation du robot dans le bâtiment, le nombre de vaches traites et la productivité par animal… Trois points demandant de l’anticipation qui sont à adapter progressivement. » La vitesse de traite a aussi son mot à dire : « Il faut la mesurer en salle de traite pour se rendre compte de son futur impact ensuite en système automatisé. »

Enfin, étant donné le nombre et la précision des indicateurs et des paramètres de traite disponibles sur un robot, leurs modifications peuvent rapidement influer sur l’optimisation du fonctionnement de la machine. « En effet, leur réglage va permettre d’augmenter le volume de lait par station et par jour, ou à l’inverse, engendrer une saturation rapide du robot », explique le conseiller spécialisé. Il liste et détaille ainsi 7 leviers pour piloter le troupeau et optimiser la quantité de lait produite par box.

[caption id=”attachment_26466″ align=”aligncenter” width=”680″]Pour un troupeau de plus de 60 vaches sur la stalle, tournant à une moyenne de 30 kg de lait, Paul Lacombe conseille de respecter les fondamentaux suivants pour optimiser les traites : les animaux produisant moins de 24 kg de lait quotidien ne peuvent passer au robot que toutes les 10 heures (2,4 traites par jour) ; les animaux à plus de 40 kg peuvent être acceptés toutes les 4 heures (soit jusqu’à 4 traites par jour) dans le box. Les vaches produisant entre 24 et 40 kg ont accès au robot entre 2,4 et 4 fois par jour, l’intervalle de temps entre deux visites permises évoluant alors progressivement en fonction des performances laitières. Pour un troupeau de plus de 60 vaches sur la stalle, tournant à une moyenne de 30 kg de lait, Paul Lacombe conseille de respecter les fondamentaux suivants pour optimiser les traites : les animaux produisant moins de 24 kg de lait quotidien ne peuvent passer au robot que toutes les 10 heures (2,4 traites par jour) ; les animaux à plus de 40 kg peuvent être acceptés toutes les 4 heures (soit jusqu’à 4 traites par jour) dans le box. Les vaches produisant entre 24 et 40 kg ont accès au robot entre 2,4 et 4 fois par jour, l’intervalle de temps entre deux visites permises évoluant alors progressivement en fonction des performances laitières.[/caption]

1/ La gestion des accès à la traite

Les paramètres d’accès à la traite dépendent de trois critères majeurs que sont la production de l’animal, son stade de lactation et sa catégorie (primipares, multipares). Les vaches en début de lactation nécessitent des traites plus régulières que des animaux à un stade plus avancé. « Mais cette première phase permissive de 4 traites / jour et d’acceptation toutes les 6 heures ne doit pas durer plus de 50 jours, voire 30 jours avec un robot saturé ! Ce temps doit permettre de favoriser l’expression du pic de lactation grâce à une fréquence de traite élevée. » Après 50 jours, le critère de production de lait attendue par traite doit pondérer les passages selon les animaux.

2/ Le nombre et la durée des manipulations pré-traite

Avec un robot saturé, le temps consacré aux opérations précédant la traite doit être limité. Mais les réglages doivent tout de même permettre un bon compromis entre la durée de préparation, le lavage des trayons (qualité du lait) et une stimulation adaptée de l’animal favorisant une bonne éjection du lait (décharge d’ocytocine) et donc une traite plus rapide.

Quelle répartition du temps dans le box ?

  • Temps dans le box max : 7 minutes / visite (au-delà, les vaches s’impatientent)
  • Temps de traite : 5 minutes / visite
  • Temps hors traite : Viser 2 minutes maximum / visite décomposées en 60 s pour la préparation pré-traite, 30 s pour le branchement et 30 s pour l’entrée / sortie des animaux.

3/ La vitesse de branchement

Un robot efficace est un robot qui branche vite, avec un temps de connexion de 30 secondes. « Mais un robot  branchera vite à condition que les animaux soient propres et apprêtés ! Effectivement, les mamelles doivent être épilées et les poils du bout des queues coupés pour éviter les brins de paille venant gêner la caméra. » Derrière se cache un objectif : moins de 5 traites incomplètes ou échec par station et par jour. « Une traite incomplète, c’est 6 minutes durant lesquelles la vache n’est pas traite. A 10 par jours, c’est une heure de travail perdu, soit 4 % de temps libre ! »

4/ Le niveau de vide  

La traite robotisée se base sur le principe d’une traite plus fréquente des animaux, et donc une production par traite moins importante engendrant une traite moins longue. « Le niveau de vide est à mettre en relation avec le décrochage en fin de traite, qui doit être rapide. C’est un critère sensible, à modifier avec prudence et de manière progressive. » Le paramétrage permettant de faire varier le niveau de vide en fonction du débit de lait permet de gagner en vitesse de traite pour limiter la sollicitation du sphincter (maintien du vide constant sous le trayon pendant la traite).

5/ La vitesse de distribution des concentrés

Ce paramètre dépend des types d’aliments utilisés et des quantités maximums à distribuer par traite. L’objectif est de permettre aux animaux d’ingérer correctement leurs quantités prévues sur la durée de la traite. « Attention aux aliments farineux, plus longs à ingérer (300 g / minute), à limiter à maximum 1,5 kg par visite. Par contre, pour des aliments granulométriques (correcteur azoté ou aliment de production), la vitesse d’ingestion peut atteindre 600 g / minute. À distribuer à maximum 3 kg par traite. »  

6/ Le seuil de décrochage

Avec l’augmentation de la fréquence de traite, le lait résiduel dans les quartiers peut être plus important qu’en salle de traite. « Le seuil de dépose du faisceau trayeur doit être rapide pour éviter d’allonger le temps de traite. Le risque pour les sphincters est accentué avec un seuil réglé trop bas, sachant que le vide exercé en fin de traite sur le sphincter est plus important car le débit de lait est plus faible. »

7/ Le réglage du « chasse-vache » en fin de traite

« Qu’il soit mécanique ou électrique, le « chasse-vache » doit être actif rapidement après la fin de la traite pour que l’animal quitte le box dans un temps limité, de manière à ce que l’enchaînement avec l’animal suivant soit rapide. Sur un robot où l’objectif est d’optimiser la quantité de lait produite (plus de 700 000 L / an), ce délai avant déclenchement d’un fouet mécanique ou d’une intensité électrique progressive doit être de 10 à 15 s. Attention, il arrive fréquemment de voir que des élevages ne l’utilisent pas ou trop tard malgré un nombre de vaches important sur la stalle. Ceci se traduit par un temps de traitement trop élevé s’expliquant par le fait que les vaches restent tranquillement à lécher le fond d’auge une fois la traite finie. »

« Gagner 30 s par traite, c’est plus de lait dans le tank et moins de travail »

Prenons un exemple concret, propose Paul Lacombe. « Partons d’un troupeau de 65 laitières à 30 kg de lait et 2,5 traites / vache, soit 162 traites sur une stalle par jour. L’objectif est d’augmenter la fréquentation à 2,8 traites par jour. Si les paramètres de traite sont optimisés et que vous gagnez 30 s par passage dans le robot, cela représente 1 h 20 de gagnée sur la journée, soit 5 % de temps libre.

À la clé, un gain de temps : il y a moins de vaches à pousser dans la stalle, donc une baisse du niveau d’intervention de l’éleveur qui comporte toujours le risque d’habitude chez les animaux. Cela se traduit aussi par une meilleure intégration et expression du potentiel des primipares et des vaches dominées. Enfin, davantage de lait dans le tank à la fin de la journée grâce à une fréquentation plus élevée. »


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