Ils font rimer autonomie et production par vache

Le système de Martine et Joseph Bellier, de l'EARL Bellier Chaupitre à Argentré-du-Plessis (35), tend vers toujours plus d’autonomie, tout en gardant la productivité en ligne de mire. Ils ne souhaitent pas « passer davantage de temps en salle de traite ». Installés respectivement en 1987 et 1991 à Argentré-du-Plessis (35), Martine et Joseph Bellier cultivent l’autonomie depuis toujours. Avec la particularité toutefois sur leur élevage qu’elle ne signifie pas plus faible production laitière. Pour une distribution de seulement 350 kg de concentrés par vache laitière sur la dernière campagne 2015/16, la moyenne d’étable atteint tout de même 9 300 L, avec un TP de 32 et un TB de 40. La qualité et la quantité de fourrages produits sur la ferme est donc une priorité pour les éleveurs qui affichent un coût alimentaire de 62 € / 1 000 L, dont 42 € de coût fourrager et 20 € de coût de concentrés. L’exploitation est assise sur une SAU de 62 ha, dont 40 ha accessibles autour du siège. « Sur un autre site, avec arrivée d’eau et d’électricité, nous pouvons mettre les génisses au pâturage. Un troisième site de 7 ha est dédié aux cultures et à la fauche. » Au total, l’exploitation compte 8 ha de maïs, 3 ha de luzerne (culture débutée il y a 15 ans), 38 ha d’herbe (pâturage, enrubannage, affouragement en vert et un peu de foin) et 13 ha de prairies naturelles. « Nous sommes dans une région bocagère avec des terres à faible potentiel céréalier. C’est pourquoi nous utilisons logiquement nos sols pour faire des fourrages. » « Le maïs est surtout récolté en ensilage. Cette année, nous avons fait une partie en bouchons plante entière via la Coopedom. » La luzerne est également conditionnée en bouchons par la coopérative de déshydratation. Alimentation minérale du sol à l’animal Depuis 2000, les éleveurs utilisent des semences pour prairies multi-espèces commercialisées par l’entreprise TMCE (Technique minérale culture élevage). « Nous avons trois sortes de mélanges : pour le pâturage des vaches laitières, pour le pâturage des génisses et pour la fauche. Celui des vaches laitières contient des ray-grass, de la fétuque, de la fléole et des trèfles. » Depuis 1999, les éleveurs utilisent aussi les solutions minérales de TMCE qui permettent de réguler la flore microbienne au niveau des animaux, du sol, du lisier et du fumier. « La structure du sol s’est améliorée au fil du temps. Il est moins desséchant et contient plus de vers de terre. » L’affouragement en vert pour faciliter les rotations Les concentrés affichent une nouvelle baisse depuis l’instauration de l’affouragement en vert, débuté en 2014. « Cela permet d’augmenter la part d’herbe consommée par les vaches. Cette année, nous allons faucher environ 9 ha pour cela », précisent les éleveurs qui ont investi dans une remorque autochargeuse et distributrice de marque Belair (neuve pour un coût d’environ 30 000 € HT). « L’affouragement en vert me demande jusqu’à une heure de travail en plus par jour, mais c’est un plaisir, et il permet de faciliter les rotations, autre pilier du système », note Joseph Bellier. Le pâturage est priorisé, avant l’affouragement en vert. « Nous sortons les vaches à partir de mi-février / début mars jusqu’en décembre. Le silo de maïs est fermé de début avril à mi-août, le pâturage étant alors le plat unique ». Les prairies sont divisées en paddocks de 1,8 ha en moyenne, où les vaches restent entre deux et quatre jours. Un fil avant est parfois ajouté lors de la pleine pousse. « Au maximum, les vaches parcourent 1 km pour rejoindre la parcelle de pâturage. Nous avons un quad pour aller les chercher », précisent Martine et Joseph Bellier. « Cette année du fait de la sécheresse, de fin août à fin septembre, nous avons donné une ration à base de maïs, de bouchons de luzerne, d’enrubannage et de correcteur soja / colza aux vaches. » C’est ce type de ration qui est distribuée en hiver, avec en plus de la betterave. « À partir de fin septembre, les laitières sont revenues au pâturage ou à l’affouragement en vert, avec 500 g de soja / jour. » Santé des vaches avec le lin Toute l’année, les vaches reçoivent un aliment type VL au Dac, surtout en début de lactation. « Depuis 5 ans, nous leur donnons un concentré à base de lin, de féverole… pour améliorer la santé », précisent les producteurs. Depuis 8 ans, ils utilisent les huiles essentielles pour soigner les mammites (technique développée en groupe Adage 35). « Résultat : Aujourd’hui, nous donnons beaucoup moins d’antibiotiques aux vaches. » La génétique aussi est travaillée depuis longtemps sur l’exploitation, les éleveurs étant attentifs à la production, mais aussi aux taux et à la qualité de la mamelle. « Il y a des années, nous produisions 9 800 kg de lait en moyenne par vache, mais avec davantage de maïs et de concentrés, et donc des coûts beaucoup plus élevés et une santé moindre des vaches. »

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