lait-collecte - Illustration Un point d’équilibre du lait à 326€/1000L

Un point d’équilibre du lait à 326€/1000L

Les clôtures comptables du premier semestre 2016 reflètent la chute de la rentabilité des élevages laitiers malgré la réduction des coûts de production et les aides reçues.

Suite au déséquilibre offre-demande sur les marchés laitiers, le prix du lait chute à 310 € dans les clôtures du 1er trimestre 2016, soit une baisse de 48 € sur un an. Cette tendance résulte à la fois de la baisse des prix de base des laits A et B et aussi de l’incidence du lait C hors quota payé à des prix dissuasifs.

Baisse des résultats

La marge brute de l’atelier descend à 206 €/1 000 L. Hors vente de lait, les éleveurs doivent aussi faire face à l’impact négatif des autres produits. La conjoncture en viande bovine est défavorable suite à l’afflux des réformes laitières, les prix des veaux sont bas et les DPU diminuent (- 9 €/1 000 L entre 2014 et 2016). Seules les marges des céréales s’améliorent suite aux meilleurs rendements obtenus sur la campagne 2015. L’excédent brut d’exploitation (EBE) descend à 149 €/1 000 L au même niveau que lors de la précédente crise en 2009. Les annuités pèsent 54 % de l’EBE dans les clôtures du 1er semestre 2016 contre 48 % au 1er semestre 2015.

Le niveau d’EBE est nettement insuffisant pour couvrir les annuités et les dépenses privées d’où une marge de sécurité négative. Malgré les aides de l’État notamment par le biais de la FAC et l’appui des autres partenaires (fournisseurs, banques…), les trésoreries se creusent, le taux d’endettement sur capital d’ex- ploitation progresse de cinq points pour se situer à 54 % suite à l’augmentation de l’endettement à court terme (35 % des dettes totales hors foncier dans les clôtures du 1er trimestre 2016). Les résultats vont de nouveau se dégrader pour les clôtures du second semestre (vers un prix du lait inférieur à 290 € / 1 000 L payés et baisse des marges en céréales).

Le point d’équilibre diminue

La crise laitière est donc très forte même si elle est légèrement atténuée par la baisse des charges. Le coût alimentaire baisse de 6 €/1 000 L suite au repli du coût des concentrés lié à la fois à une diminution des quantités distribuées et des prix des matières premières. Suite à la bonne campagne fourragère 2015, le coût fourrager reste relativement stable et le chargement se maintient à un bon niveau depuis deux ans vers 1,65 UGB/ha. À côté de la baisse des charges opérationnelles s’ajoute également une baisse de plusieurs postes des charges de structure. Les charges sociales, d’abord, affichent un repli suite à la baisse des taux décidée par l’État (-7 points) et aux options n-1 réalisées dans plusieurs dossiers.

Les dépenses de carburants, d’entretien et d’amendements sont aussi réduites. L’effet dilution s’estompe car les volumes livrés ont tendance à se stabiliser en 2016. Malgré cette baisse des dépenses, le prix du lait de 310 €/1 000 L ne couvre pas le point d’équilibre global qui descend à 326 €/1 000 L au premier semestre 2016. Les revenus des laitiers reculent de près de 5 000 € par actif familial en moyenne. Un quart des éleveurs affichent un revenu inférieur à 8 600 € et 10 % un revenu négatif.

Début de rééquilibrage offre-demande

Depuis mai 2016, l’orientation des marchés s’est clairement inversée avec le ralentissement de la production chez les principaux exportateurs mondiaux. La collecte européenne décroche également et le plan de réduction volontaire mis en place depuis septembre contribue à la baisse. Les cours des produits industriels entament leur remontée. Suite à une demande soutenue notamment de la Chine, le cours du beurre se redresse assez rapidement. Pour la poudre de lait, les stocks réalisés par l’Union européenne pèsent sur les cours et empêchent une remontée rapide. Cette amorce de rééquilibrage entre l’offre et la demande devrait avoir un impact positif sur le prix du lait dans les prochains mois.

Geneviève Audebet / Cerfrance Côtes d’Armor


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