Marc Xifra Sala, éleveur laitier catalan avec son fils (futur éleveur?). - Illustration Produire du lait en Espagne
Marc Xifra Sala, éleveur laitier catalan avec son fils (futur éleveur?).

Produire du lait en Espagne

La Catalogne n’est pas que le pays du cochon. Irrigation et intensification fourragère permettent aux éleveurs de la région de produire du lait de façon compétitive.

Marc Xifra Sala, exploite une ferme laitière de 100 ha dans la province de Gérone, zone frontalière des Pyrénées françaises. « Nous sommes propriétaires de la moitié de la SAU et 85 ha sont irrigués », explique l’éleveur dans un français parfait (1). Et de faire observer que, dans sa région convoitée par les urbains et les touristes, la pluviométrie peu généreuse contraint d’adapter son système pour produire du lait (655 mm/an). « Le prix du foncier est élevé : 24 000 €/ha irrigable. Mais sur ces terres, nous pouvons faire deux cultures annuelles : maïs et herbe ».

L’élevage

• SAU : 100 ha, 85 ha irrigués (maïs, herbe), 15 ha séchants (avoine, sorgho, herbe, luzerne),
• Troupeau : 190-210 VL,
• Traite : 130-140 vaches en bâtiment de 2 600 m2 équipé de 2 robots + salle de traite épi 2 X 8 (65-75 VL). « Ce double équipement permet de s’adapter ».

2 500 € l’hectare de maïs

Pour autant, produire les fourrages coûte relativement cher dans la région. Même irrigués, les rendements en maïs restent moyens (7 t MS/ha) et les ray-grass produisent seulement 3 t MS/ha. Malgré tout, les chargements bovins sont élevés : 5 VL/ha en moyenne. Cette intensification animale est rendue possible par l’achat de fourrages qui constitue un véritable marché local (compter 2 500 €/ha de maïs).

« Sur mon exploitation, le coût de production du maïs est de 2 088 €/ha et de 1 120 €/ha pour l’herbe », précise l’éleveur. Du fait de cette particularité régionale, l’alimentation représente quelque 60 % du coût de production du lait (30 % en Bretagne). Avec son troupeau de 190 à 210 vaches produisant 12 000 L/VL, Marc Xifra Sala n’a d’autre choix que d’optimiser son système. « Actuellement le prix du lait varie de 270 à 280 €/1 000 L selon les groupes laitiers, voire 140 à 220 €/1 000 L si l’éleveur n’a pas de contrat. De même, si l’éleveur dépasse le volume qui lui est imparti, il est payé 140 €/1 000 L (prix Spot) ».

Alimentation du troupeau

• 18 kg ensilage maïs,
• 18 kg ensilage ray-grass,
• 2 kg luzerne,
• 1,3 kg paille,
• 4 kg concentré (robot),
• 8 kg concentré et minéraux à l’auge (4 kg maïs ; 2,8 kg soja ; 1,36 kg orge ; 780 g minéraux, matière grasse vitamines et autres compléments). Sur 8 mis, substitution de 4 kg de concentrés par 4 kg de maïs grain humide.

L’éleveur catalan évalue son coût de production entre 300 et 320 €/1 000 L. Il estime son bénéfice à 9,10 % du chiffre d’affaires et 5 % sont consacrés à la rémunération de la main-d’œuvre familiale, pour un prix moyen perçu de 360 €/ 1 000 L en 2015 ; (prix moyen du lait dans la région en 2015 : 321 €/1000 L ; prix moyen perçu par les éleveurs en 2015 : 342 €/1 000 L ; seuil de rentabilité : 344,7 €/1 000 L ; chiffres Segema, organisme espagnol de conseil en élevage). « Nous explorons plusieurs voies pour améliorer la rentabilité », explique Marc Xifra Sala, en citant « la qualité des rations, le vêlage à 22-24 mois, l’amélioration de la reproduction, l’augmentation de la productivité par UTH passée de 310 000 L en 2009 à 400 000 L en 2016. Et puis nous devons nous organiser entre producteurs pour vendre notre lait ».

« Je crois aux 2 types de ferme »

L’avenir laitier local, il le voit divers et diversifié. « Dans notre province, les fermes comptent de 100 à 500 vaches. Demain, il y aura des fermes ancrées au territoire qui vendront en direct et des grosses exploitations de 1 000 vaches dirigées par des investisseurs ou des partenaires. Je crois aux deux types de fermes, car elles ont une grande capacité d’adaptation. D’ailleurs, elles devront forcément s’adapter aux besoins du marché, sinon elles seront contraintes de vendre leur lait à 280 €/1 000 L sur le marché mondial ».

Et l’éleveur de se montrer prudent au regard des pays émergents qui, selon lui, « vont eux-mêmes devenir des producteurs agricoles. C’est pour cela que je dis qu’il ne faut pas essayer de s’agrandir avec cette idée de conquérir ces marchés car il faut être très très compétitif pour vendre sur ce marché mondial ».

(1) : intervention lors de la journée Lactosphère, organisée par BCEL Ouest, le 31 mai à Carhaix.


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