Hervé Moël, vice-président de la FDSEA 22 - Illustration “Que les banques dialoguent et communiquent plus”
Hervé Moël, vice-président de la FDSEA 22

“Que les banques dialoguent et communiquent plus”

Les responsables de la FDSEA et de JA ont reçu les représentants des banques finançant l’agriculture pour échanger sur la gravité de la crise, ses conséquences sur la santé financière des exploitations et les moyens de les accompagner.

[caption id=”attachment_19558″ align=”alignright” width=”313″]Hervé Moël, vice-président de la FDSEA 22 Hervé Moël, vice-président de la FDSEA 22[/caption]

Dans un contexte très tendu (« Pac, prix, attaques médiatiques… »), la FNSEA avait lancé un mot d’ordre pour une journée d’actions le mardi 7 juin. Objectif : « Reprendre la parole dans un contexte social compliqué sans repartir sur des actions dures. » Dans les Côtes d’Armor, la FDSEA et JA ont choisi de cibler les organismes bancaires du secteur agricole en invitant présidents de caisses locales et responsables départementaux du Crédit Agricole, du CMB et de la Banque Populaire.

Objet de cette réunion à Plérin : « Aborder la question de l’accompagnement dynamique et volontaire des banques aux côtés des éleveurs frappés par la crise et rencontrant des difficultés de trésorerie », a expliqué Hervé Moël, vice-président de la FDSEA. « Nous avons d’abord été déçus de l’absence des élus locaux. On a senti clairement qu’ils n’avaient pas de prise sur les orientations et que tout se joue à l’échelle des commissions départementales. »

9 % couvrent leur coût de production

[caption id=”attachment_19559″ align=”alignleft” width=”200″]Damien Blanchard, président de JA 22 Damien Blanchard, président de JA 22[/caption]

Après le porc et la viande bovine, le syndicaliste voulait notamment échanger sur la situation laitière. Il a rappelé ce qui doit se lire dans les comptes : « Le point d’équilibre moyen se situe à 340 € / 1 000 L. Depuis début 2016, bonus qualité compris, nous sommes payés entre 290 et 300 € / 1 000 L. Résultat : seuls 9 % des bretons couvrent leur coût de production ! » Pour Hervé Moël, alors que « les banques tournent et que les exploitations plongent », une des solutions passe par la fameuse « année blanche » permettant de reporter en fin de tableau les annuités avec des intérêts d’emprunt pris en charge à parts égales par l’Etat, la banque et l’agriculteur. « Ce serait un bol d’air de 12 mois qui ramènerait le prix d’équilibre à 300 € / 1 000 L. 50 % des laitiers bretons équilibreraient… »

41 % de la dette chez les fournisseurs

En Bretagne, seuls 100 dossiers d’année blanche auraient été ouverts depuis la communication sur le dispositif il y a plusieurs mois. « Les banques trouvent cela trop compliqué à mettre en place et préfèrent mettre en avant leurs boîtes à outils en fonction des besoins : prêt de trésorerie, ouverture de crédit, étalement d’emprunt, report d’annuité… » Hervé Moël répond « Soit ! Mais il y a alors un profond besoin de communication vers les agriculteurs sur toutes ces possibilités. »

Et Damien Blanchard, président des JA, de poursuivre : « Je rencontre beaucoup de jeunes très inquiets qui ont déjà activé la plupart de ces leviers. La question demeure : que fait-on pour passer l’année laitière difficile à venir ? Les conseillers voient effectivement les problèmes de trésorerie sur les comptes… Mais pas forcément les dettes qui s’accumulent dans les coopératives, les délais de paiement qui s’allongent chez tous les fournisseurs et prestataires, les fermages pas encore tous payés. 41 % de la dette des éleveurs bretons seraient chez leurs fournisseurs », avance-t-il. Pour lui, il faut « retravailler sur les prix d’équilibre. Et davantage de dialogue entre centres comptables, banques et agriculteurs. Les responsables d’organismes financeurs tiennent des discours apaisants, d’ouverture. Mais sur le terrain, il y a un sentiment d’abandon, de la crainte ou une pression qui monte chez les producteurs vis-à-vis de leur conseiller clientèle agricole.»

Alors que les conditions d’emprunt sont historiquement favorables, les deux producteurs laitiers n’ont pas l’impression que les agriculteurs en profitent pleinement. « Quand on veut se faire financer ou ré-étaler un prêt aujourd’hui, cela coûte cher malgré les taux du marché. Pire, on nous considère parfois comme client à risque et on n’accède pas à tous les avantages. Pourtant, nous avons besoin des banques à nos côtés car nous n’avons jamais connu de crise aussi longue… » 


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