Faire face aux crises légumières grâce au bio

Producteur de légumes depuis 1985, Jean-Luc Moulin s’est orienté vers le bio en 2005. Progressivement, les pommes de terre, le céleri, et les oignons ont diversifié la production de choux et de céréales.« Je me suis dit que cela valait le coup d’essayer. C’était un nouveau challenge, et une façon d’envisager l’avenir différemment suite aux crises répétitives en légumes… » Producteur à Saint-Malo depuis 1985, Jean-Luc Moulin a franchi le cap de l’agriculture biologique (AB) en 2005, débutant à cette date sa conversion de deux ans.« Je faisais alors beaucoup de chou-fleur : ce n’est pas la culture la plus difficile à conduire en bio. Depuis 2000, j’étais engagé dans des certifications AgriConfiance et Global Gap qui demandent de réduire les traitements. Et j’avais l’exemple d’autres producteurs de Terres de Saint-Malo qui étaient passés en bio à partir de 1998 », retrace le légumier, notant que l’OP (Organisation de producteurs) compte aujourd’hui 5 adhérents en bio. « Je suis content d’avoir pu garder mon mode de commercialisation : une facilité et surtout une sécurité. La coopérative permet le développement des ventes en légumes bio. »Varier les espèces végétalesAu départ en AB, Jean-Luc Moulin ne cultivait que des choux-fleurs, des céréales, en alternance avec des engrais verts. « Puis j’ai commencé à faire un peu de pommes de terre, jusqu’à 5 ha aujourd’hui. Puis du céleri il y a 5 ans, et des oignons depuis l’an passé… Avoir différentes espèces permet de casser les rotations et de gérer plus facilement les maladies et les nuisibles. »Côté matériel, le producteur a investi dans un broyeur de couverts végétaux et une bineuse plus précise pour les choux-fleurs, avec des roues à doigts en caoutchouc (Kress). Cet outil combine le travail dans l'interrang de la bineuse à dents et le sarclage sur le rang grâce aux doigts souples. Les deux roues étoilées viennent se croiser sur le rang pour déraciner les adventices en surface. « Deux outils indispensables en bio. » Ils sont complétés par la herse étrille qui permet le désherbage mécanique des céréales, des pommes de terre, du céleri et des oignons.« Quelques produits de traitement sont par ailleurs autorisés en bio. J’utilise de la bouillie bordelaise sur pomme de terre ou une spécialité à base de bactéries contre les chenilles du chou. » Jean-Luc Moulin va investir avec un autre légumier bio dans un pulvérisateur équipé d’une soufflerie, pour mieux répartir la bouillie bordelaise sur le feuillage, et optimiser son utilisation.L’anticipation primeMais ce qui compte avant tout en bio, « c’est l’anticipation », selon le légumier. Une bonne fertilisation est essentielle, j’achète du fumier de bovins composté pour 20 €/t, épandu à 20 – 25 t/ha. Deuxième point de vigilance, le sol doit être en état. « Pour ne pas diluer la matière organique, je ne fais plus de labour, sauf s’il y a trop de végétaux sur la parcelle. Pour planter les oignons par exemple, il faut un sol régulier et propre. »Aujourd’hui, Jean-Luc Moulin ne regrette pas son choix. « Les rendements sont aussi bons qu’en conventionnel et les prix sont supérieurs de 10 – 15 %. La demande est là, y compris au niveau des transformateurs qui surgèlent nos produits quand la production augmente. Cela leur permet d’élargir leur gamme. »

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