Pourquoi ne pas déléguer l’élevage des génisses ?

genisses-prim-holstein - Illustration Pourquoi ne pas déléguer l’élevage des génisses ?
La mise en pension des génisses est un sujet récurrent dans les campagnes, mais peu d’éleveurs la pratiquent. Elle permet, pourtant, de garder la main sur sa génétique et d’éviter d’acheter tout son renouvellement sur le marché. Le point sur les intérêts, limites et points de vigilance.

L’élevage de génisses demande beaucoup de travail et d’investissements : 20 heures de travail pour élever une génisse en moyenne, entre 65 et 90 unités d’azote organique par génisse élevée, autour de 40 à 60 ares de SFP pour élever une génisse… La charge de travail, l’environnement, l’autonomie alimentaire, ou encore les besoins en logement sont les principaux motifs de mise en pension des génisses. Une enquête de la Chambre régionale d’agriculture en 2012 a montré que 13 % des éleveurs interrogés étaient prêts à mettre en pension leurs génisses. Les principales réticences sont la volonté d’élever soi-même et la crainte de ne pas maîtriser le sanitaire.  Mais au-delà du coût, il s’agit avant tout d’une question de confiance entre éleveurs, d’autant plus que cela touche le cœur du capital productif futur du troupeau.

La base : la confiance

Plusieurs formules existent soit par le biais d’un groupement, d’une association, d’un organisme de services permettant de sécuriser l’organisation ou bien de gré à gré.
Si vous procédez de gré à gré, il est important de rédiger ensemble un contrat fixant les règles suivantes : quelles précautions sanitaires prendre (BVD, etc.) ? Pour cela, il faut se rapprocher du GDS pour sécuriser ce point. Qui devient propriétaire ? Il faut alors savoir s’il s’agit d’une pension ou une vente. Quel âge à l’arrivée et à la sortie ? L’âge d’arrivée conseillé doit être d’au moins un mois et il faut compter sur un retour au moins un mois avant terme par rapport au risque sur le transport d’animal gestant. Qui réalise et paie le transport ? Quel mode d’élevage des génisses choisir ? (alimentation…) Qui est responsable en cas de problème ? (mortalité, génisse vide …) Qui fait le choix dans les accouplements et jusqu’à quel rang d’insémination artificielle ? Quels objectifs de croissance, d’âge au vêlage et de moyens de contrôle ? Quel engagement de reprise ?

Reprendre 100 % des génisses placées est une bonne base de départ. Les éleveurs doivent aussi se pencher sur la forme de contractualisation annuelle. En effet, le prestataire doit avancer les frais et définir son assolement en fonction du nombre de génisses. De l’autre côté, le naisseur doit pouvoir avoir la trésorerie pour payer chaque retour de génisse. On peut donc imaginer contractualiser le nombre de génisses par an, définir un coût de pension mensuel et régulariser en fin d’année, etc…

Le coût net de la pension pour le naisseur doit être finement calculé ; il doit bien prendre en compte le coût de la prestation de laquelle sera déduite la marge potentielle faite sur les terres libérées par les génisses, si celles-ci ne sont pas des prés non cultivables. Le calcul de la prestation est souvent basé sur les charges opérationnelles d’élevage d’une génisse (alimentation, IA, frais de santé, paille…), une partie des charges de structures (celles que l’on peut affecter aux génisses) et la rémunération de l’éleveur (y compris le transport, le coût du suivi le cas échéant). Les tarifs observés oscillent souvent entre 1,2 et 2 € par jour de présence.

Valoriser le potentiel des exploitations

Loin d’être une réponse exhaustive à tous les cas de figure, la mise en pension permet à la fois de valoriser le potentiel de certaines exploitations (savoir-faire autour des génisses, utilisation de bâtiments et de terres adaptés aux besoins des génisses) tout en permettant de soulager et de spécialiser les naisseurs dans un contexte d’augmentation continuelle des moyens de production par actif et avec, bien souvent, une gestion des génisses rendue difficile par l’éclatement des sites.


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