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Différencier et étiqueter : le ticket gagnant ?

La constitution d’un cahier des charges franco-français visant à protéger le marché intérieur est sur les rails. Les éleveurs devront s’y adapter s’ils veulent capter de la valeur ajoutée.

Si la baisse des charges sociales, annoncée cette semaine, est bénéfique aux producteurs, la création de deux fonds dotés de 100 millions d’euros chacun semble plus en mesure de redonner le sourire aux éleveurs. Le premier notamment, initié par l’Union des groupements et désormais repris au niveau national. C’est un projet de revalorisation de la production dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ces derniers mois, des acteurs professionnels de l’amont et de l’aval et des associations de consommateurs ont été interrogés sur l’évolution de la production porcine. En clair : quels produits voulez-vous consommer demain ? Cette enquête a débouché sur la constitution d’un cahier des charges qui comprend des volets sur la dé-médicalisation, sur l’impact énergétique, sur l’environnement, sur le bien-être animal ou encore sur le modèle à capitaux familiaux. De nombreux éléments qui caractérisent et qui peuvent, à terme, différencier la production française.

Les distributeurs sont demandeurs d’une telle démarche de progrès. Reste à la mettre en place. Couplée à l’étiquetage, elle pourrait redonner un peu de souffle et surtout du prix aux éleveurs. Une centaine de millions à ramener au niveau du kilogramme de cochon vendu. « Seuls en bénéficieront ceux qui s’engageront dans les démarches », tempère Michel Bloc’h, président du groupement porc de Triskalia et de l’UGPVB. Il y croit cependant dur comme fer. « C’est une démarche crédible qui n’implique que les GMS et les producteurs, sans interférer dans le travail des intermédiaires ». Une démarche qui ressemble à celles qui se sont imposées en Allemagne et dans certains pays du Nord de L’Europe et qui ont permis de protéger leurs marchés intérieurs. La Région Bretagne salue cette initiative et souhaite l’appuyer. « Aux GMS de mettre en avant les éléments, dans le cahier des charges, qui leur semblent le plus attirant pour leur clientèle et de marketer les produits en conséquence ».

Le groupement Triskalia en chiffres (2015)

  • 697 éleveurs adhérents,
  • 314 naisseurs-engraisseurs (NE),
  • 380 engraisseurs,
  • 3 naisseurs,
  • 1 669 224 porcs produits,
  • 52 nouveaux adhérents dont 17 NE,
  • 9 jeunes installés,
  • + 1,9 % de vente de reproducteurs,
  • 81 % des abattages chez Bigard-Socopa.

10 ct/kg des GMS, mais dans quelle poche ?

Un second fonds en faveur des éleveurs porcins, lui aussi de 100 millions d’euros, est en cours de constitution. Les principales enseignes françaises de la grande distribution se sont déclarées prêtes à l’abonder via un prélèvement de 10 centimes d’euro par kg vendu. Comment seront-ils reversés aux producteurs ? La question reste en suspens car elle implique également les intermédiaires. Un système en cascade où les centimes pourraient bien disparaître avant d’arriver dans la poche des éleveurs. « Contrairement au RSE (fond de responsabilité sociétale), celui-ci n’est que transitoire (6 mois) », ajoute Michel Bloc’h, visiblement bien plus confiant dans le cahier des charges qui permettrait de différencier la production française.

Enfin un décret sur l’étiquetage ?

Au rayon des bonnes nouvelles, un projet de décret concernant l’étiquetage est en cours. Tous les produits nés, élevés, abattus et transformés en France devraient être étiquetés. Cette mention d’origine ne serait pas imposée aux produits étrangers  (pour ne pas être « retoquée » à Bruxelles). Où est l’avancée ? « Il y aura plus de transparence. On saura, par déduction, quelle est l’origine des viandes que travaillent les salaisonniers et on pourra leur mettre la pression ». L’embargo sanitaire russe devrait être levé au printemps, selon les appréciations du ministre de l’Agriculture. Le gras et les abats qui sont actuellement dirigés vers les petfoods pourraient de nouveau prendre la direction de la Russie. Enfin, le dossier de plainte concernant les distorsions sociales avec l’Allemagne (TVA) devrait être instruit dans les prochains mois… On le voit, les éleveurs et leurs conseillers se battent mais les luttes ne peuvent occulter les problèmes de fond : la surabondance de porcs en Europe et le modèle espagnol intégré qui continue de faire des misères aux filières des pays voisins. Bernard Laurent


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