chariot-telescopique - Illustration Chariots télescopiques

Chariots télescopiques

Le chariot télescopique s’est peu à peu imposé dans la cour des fermes bretonnes, poussant parfois même un tracteur dehors. « Dans des exploitations qui grossissent, un outil de manutention dédié est devenu presque indispensable », confirme Judicaël Le Champion, des Établissements Alexandre à Plouisy (22). « C’est un marché dynamique car les clients ont des cycles de renouvellement assez courts. » Il faut dire que les télescopiques sont soumis à rude épreuve : « C’est souvent l’engin qui fait le plus d’heures de travail. Il n’est pas rare d’atteindre les 1 000 h au compteur par an. » La faute à une polyvalence toujours améliorée grâce aux relevages et crochets hydrauliques à l’arrière qui se démocratisent, à l’option prise de force, au développement d’outils de plus en plus performants à atteler… Et surtout, pour ces « valets » corvéables à merci, dans lesquels on grimpe pour redescendre un grand nombre de fois au quotidien, la notion de confort est devenue centrale. « Elle suit les progrès réalisés dans les tracteurs… »[nextpage title=”Se former pour conduire en sécurité”]
La MSA travaille sur la mise en place d’une formation à la conduite en sécurité des chariots télescopiques en agriculture, pour promouvoir les bonnes pratiques d’usage et de sécurité. Priorité aux salariés…

Même si la manipulation des animaux est la première cause d’accident en élevage, « la conduite et l’utilisation d’engins de levage à bras télescopiques en exploitation peuvent être génératrices d’accidents et d’incidents dont les conséquences peuvent être graves », rapporte Matthieu Bourdet, conseiller prévention à la MSA d’Armorique. Manipulation de charges, attelage et dételage d’outils, déplacement sur route et aux champs, opérations de maintenance… L’analyse du contexte des accidents liés aux télescopiques  permet de mettre en évidence « des circonstances défavorables » : jeune âge et déficit de formation et d’expérience des conducteurs en matière de sécurité ; méconnaissance de ce type d’engin d’abord dédié aux travaux publics et qui est venu remplacer le tracteur dans les exploitations ; co-activité de différentes personnes sur un même site ; nature de la surface (sol en pente, mou, instable…) ; puissance et gabarit des outils interchangeables ; défaut de maintenance ; mauvais usage (levage de personne, non-respect des abaques de charge…).

[caption id=”attachment_1610″ align=”aligncenter” width=”300″]Matthieu Bourdet, conseiller prévention à la MSA d’Armorique. Matthieu Bourdet, conseiller prévention à la MSA d’Armorique.[/caption]

« Or les employeurs ont une obligation en matière de prévention et de sécurité : ils doivent délivrer à leurs salariés une autorisation de conduite », rappelle Matthieu Bourdet, qui concède que les exploitants « ne disposent pas dans tous les cas du temps et des moyens nécessaires pour vérifier les savoir-faire et former les nouveaux embauchés ».

Autorisation de conduite obligatoire

Matthieu Bourdet attire l’attention des agriculteurs sur la transmission du volant lors d’une embauche ou de l’accueil d’un stagiaire. À l’heure actuelle, « un salarié agricole n’a qu’une obligation pour conduire un chariot télescopique sur l’exploitation » : posséder une autorisation de conduite. « C’est un document qui doit être donné par l’exploitant employeur. » Il répond à trois obligations. « D’abord, s’assurer que le salarié est apte, c’est-à-dire qu’il n’a pas reçu d’avis d’inaptitude  par le médecin du travail à la conduite des engins de levage. Ensuite, former ou faire former le salarié et tester sa capacité à conduire en sécurité. Enfin, vérifier sa bonne connaissance des lieux, des accès, du sens de circulation… » Pour le télescopique sur route, les exigences et les règles sont les mêmes qu’en tracteur. Mais n’oublions pas qu’un mineur n’est pas autorisé à conduire un télescopique sur route.

Formation spécifique agricole cet hiver

S’il existe un référentiel Caces permettant d’évaluer l’aptitude technique des candidats pour le régime général de protection sociale, « aucun dispositif n’intègre les spécifici-tés du travail en exploitation agricole. » C’est pourquoi les MSA d’Armorique et des portes de Bretagne ont travaillé à la rédaction du cahier des charges. Déjà testé sur le terrain, notamment avec des classes de BPREA, ce stage de 3 jours (21 h) consécutifs, intitulé « formation et vérification à l’aptitude à la conduite en sécurité des chariots de manutention et de levage à usage agricole », alterne séquences théoriques en salle et mise en situation en exploitation. « Au terme de la session, l’utilisateur doit être capable de vérifier la conformité de la machine, interpréter les pictogrammes des dispositifs de commande et de danger, vérifier les organes de sécurité et de signalisation de sa machine, procéder aux interventions de maintenance et d’entretien journaliers, connaître les règles liées au convoyage, au balisage et à la circulation des engins sur la voie publique et sur les chantiers… » Le candidat sera d’ailleurs testé par un évaluateur  en fin de programme lors d’un exercice pratique avec l’engin. « L’attestation de formation indiquera les points à améliorer et une autorisation de conduite personnalisée, à compléter par l’employeur, sera remise au candidat reçu. » L’hiver prochain, « hors des périodes de grands chantiers », ces formations seront proposée­s en Bretagne. « Les groupes ne pourront excéder 8 personnes pour assurer la qualité de la transmission. »

Dans un premier temps à destination des salariés, ils pourront être ouverts également aux exploitants. Toma Dagorn

Contact : MSA : 02 96 78 88 58[nextpage title=”Avoir les bons réflexes”]Éric Gatel anime des formations Caces. Il revient sur l’importance de bien appréhender les spécificités de la manutention au télescopique pour travailler en toute sécurité. 

Parce qu’un accident est si vite arrivé, Éric Gatel, formateur à Agr’Équip, à La Bouexière (35), rappelle quelques recommandations de bon sens à l’heure de conduire un chariot télescopique. Rencontré lors d’une session au Centre de formation de Saint-Ségal (29), il souligne l’importance de transmettre aux nouveaux arrivants sur l’exploitation, stagiaires ou salariés découvrant la machine, quelques con-seils de bonnes pratiques. Accompagné d’un de ses stagiaires du jour, Quentin Le Doze, salarié de l’ETA Cochennec, au Trévoux (29), il présente quelques situations à risques. « Des choses toutes bêtes qui n’arrivent pas que chez les autres. »  Éric Gatel insiste aussi sur la nécessité « de bien appréhender la capacité de levage de l’engin à partir des données constructeur, notamment par la lecture des abaques de charge affichés dans la cabine. Car il y a souvent des accidents liés à des basculements causés par des charges amenées en hauteur. » Rappelant au passage que « ce n’est pas parce que l’outil permet de lever 4 t que l’engin peut lever 4 t. » Sur le terrain, il conseille de savoir estimer la masse d’un colis. « Par exemple en évaluant la longueur de la flèche télescopée au déclenchement de l’alarme du limiteur de charge avant de lire les abaques… »  Toma Dagorn

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La connaissance et la reconnaissance de l’environnement de travail sont primordiales. « S’assurer de la stabilité des sols bien sûr. Et bien considérer les lignes électriques présentes. Jamais à moins de 5 m d’une ligne de 50 000 V ; jamais à moins de 3 m d’une ligne de moins de 50 000 V. » Et quand on ne connaît pas la tension en question ? « Par précaution, c’est 5 m… »

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« 16 à 20 % des accidents liés aux engins professionnels interviennent dans le cas d’opérateur sautant de la cabine pour sortir. Les éleveurs, parfois pressés,  descendent plusieurs fois par jour de leur machine. Pour ne pas risquer la foulure ou l’entorse, il faut prendre l’habitude de descendre en marche arrière en utilisant le marchepied. »

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« On le répète aux stagiaires car, sur le terrain, l’erreur est trop souvent commise : il ne faut pas rouler avec l’outil pointé vers le bas. Si les roues s’enfoncent dans un trou ou une ornière, le risque de planter les doigts dans le sol est réel. »

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« Lors du transport, les doigts sont légèrement relevés et la charge est appuyée contre le tablier. Dans le cas contraire, une secousse, un trou ou de la pente peuvent provoquer la chute de la charge. »[nextpage title=”Le télescopique s’impose dans le parc”]Depuis une quinzaine d’années, le chariot télescopique s’est imposé dans le paysage des exploitations. En particulier dans le monde de l’élevage. Mais aussi dans le secteur des cultures pour le chargement des céréales, ou encore pour l’approvisionnement de méthaniseurs.

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296 immatriculations en Bretagne en 2014

Selon l’Axéma, le nombre d’immatriculations est ainsi passé de 1 242 machines en 2005 contre 3 202 en 2014. La région Bretagne, représentant près de 10 % du volume, suit la même tendance au fil des ans.

[nextpage title=”Le valet est un atout”]Bon compromis entre le tracteur et le télescopique, le valet de ferme est petit mais costaud pour différentes tâches en élevage.

Tous les matins, Rémi Guével démarre son valet de ferme pour différentes tâches. Que ce soit pour la distribution du maïs ou pour vider le fumier, l’outil s’avère redoutable d’efficacité et de polyvalence. « Quand j’utilisais le godet du tracteur pour mettre l’ensilage de maïs à l’auge, il fallait toujours être vigilant par rapport aux rétroviseurs et au gyrophare. Avec ce petit chargeur articulé, quand l’avant passe, l’arrière suit. L’habitude de constamment regarder derrière se perd rapidement », confie l’éleveur, installé en production laitière à Bourg-Blanc (29). Le choix de s’équiper de ce chargeur s’est fait par crainte d’une panne sur le vieux tracteur habitué à racler les bâtiments. « Je compte m’équiper d’un rabot. L’engin articulé me permets de rentrer dans des endroits exigus, comme dans l’aire d’attente de la salle de traite : un couloir de 2,5 m de large y mène, débouchant sur une porte de 2 m. Le chargeur y pénètre, même si l’accès se fait en angle droit. Le petit gabarit accède à différents endroits, même dans les logettes pour éventuellement relever une vache. »

Tablier multi constructeur

Pichon fabrique et distribue le petit chargeur qui équipe cette ferme finistérienne. « Le P330 développe 33 CV, avec une capacité de levage de 900 kg. Il doit être utilisé comme engin de curage ou déplacement plutôt que de levage. Avec un tablier galvanisé, il s’adapte à tous les accessoires de chargeur. Nos clients peuvent ainsi réutiliser le matériel existant », confie Christophe Marzin, responsable des produits chargeurs chez Pichon. Personnalisable à souhait, les chargeurs articulés peuvent recevoir une cabine, un siège suspendu ou encore une suspension du bras par boule d’azote, « idéal quand on doit passer des bâtiments à la route », ajoute-t-il.

Pour Rémi Guével, il s’agit à part entière. « Il est complémentaire au tracteur et au téléscopique. Plus maniable, il lève moins haut que la fourche du tracteur. J’apprécie en revanche l’accessibilité par rapport aux trois marches à monter et descendre sur le tracteur ».

[caption id=”attachment_1625″ align=”aligncenter” width=”300″]Petit gabarit comparé au tracteur... Petit gabarit comparé au tracteur…[/caption]

Avantage côté consommation

La faible consommation de carburant plait aussi à Rémi Guével. « En utilisant le chargeur environ 1 h 30 par jour, je consomme 2 L par heure. Comparé au 12 L du tracteur, j’économise 10 € par jour, soit 300 € par mois. Ce montant couvre mes annuités, et mon tracteur est plus disponible pour d’autres travaux. Mieux, le valet de ferme travaille plus rapidement, comme sur le dernier chantier d’enrubannage en continu où il apportait rapidement les bottes », assure le producteur. Du côté entretien, pas de grands travaux à prévoir, si ce n’est vidange et graissage. Une multitude d’accessoires, en partie déjà présentes sur l’exploitation, assure le travail. « En plus d’un godet, d’une fourche grappin, d’un pic-bottes, d’un lève-palette et d’un godet grappin, je réfléchis à une pailleuse pour compléter mes outils. » Présenté lors du Sima de 2005, la société guipavasienne prévoit prochainement une nouveauté déjà proposée à l’export dans les pays de l’Est. Fanch Paranthoën
[nextpage title=”Le télescopique de demain sera moins gourmand”]Les constructeurs de chariots télescopiques travaillent d’arrache-pied sur la question de la consommation de carburant, longtemps pointée du doigt par certains utilisateurs. « L’adaptation de nouvelles motorisations sur nos modèles nous a ainsi amenés depuis 2 ans à sensibiliser les utilisateurs à la consommation », confirme Sylvain Lelièvre, responsable marketing chez Manitou France. Ces notamment le but du programme Reduce de la marque rouge qui était au coeur de la communication de la société au salon Sima en février dernier. « Le programme décompose le besoin en carburant sur 4 phases de travail différentes. Cela permet d’être transparent face au client et ainsi de donner des conseils et des pratiques afin d’optimiser les consommations » qui sont très variables selon les utilisations : conduite sur route, chargement, distribution…

[caption id=”attachment_1628″ align=”aligncenter” width=”300″]Manœuvrer dans les bâtiments est rapide avec le chargeur articulé. Manœuvrer dans les bâtiments est rapide avec le chargeur articulé.[/caption]

Nouvelles options à venir

Le spécialiste poursuit : « Notre option « Eco-mode » est la continuité de cette reflexion, disponible sur certains modèles, elle permet de baisser le régime moteur de la machine en vitesse maximale. » Et de nouveaux progrès sont à attendre sur le sujet à l’avenir : « Dans la continuité du programme Reduce, nous allons continuer à travailler sur la consommation et l’énergie, avec des nouvelles options à venir avec les futurs modèles. »[nextpage title=”Un engin au service des communes, éleveurs et maraÎchers environnants”]Maniable et polyvalent, le chariot sert tous les jours à la ferme et permet de proposer près de 500 h en prestation de service à l’extérieur.

Au Gaec du Bois Paris à Saint-Grégoire (35), le chariot télescopique effectue environ 950 heures par an. Pour moitié sur l’exploitation : « Tous les jours pour nourrir le troupeau grâce à un godet désileur. Plus ponctuellement pour vider la stabulation ou ramener les bottes de paille après la moisson », expliquent Sylvie Denis et Gilles Lenen, les deux associés. L’autre partie du temps d’utilisation est réalisée à l’extérieur : Jean Denis, conjoint collaborateur, propose ainsi depuis quelques années de la prestation de service en direct ou par le biais d’une ETA « qui n’a pas une demande suffisante pour investir dans un télescopique. »

[caption id=”attachment_1631″ align=”aligncenter” width=”300″]Les associés « ne reviendraient pas en arrière », le chariot télescopique est devenu indispensable dans le quotidien de l’exploitation Les associés « ne reviendraient pas en arrière », le chariot télescopique est devenu indispensable dans le quotidien de l’exploitation.[/caption]

Une prestation pour les guirlandes de Noël

Les travaux réalisés peuvent être classiques. « Curage de stabulation, chargement des épandeurs à partir des tas de fumier stockés dans les parcelles, remplissage de remorques de céréales chez des agriculteurs qui stockent, ramassage des bottes… » Ou un peu moins communs, comme les interventions « chez les maraîchers du coin pour la manutention du terreau par exemple » ou encore « dans les décharges communales pour le chargement des déchets verts dans des camions. »

Voire originaux : « Grâce à une nacelle, depuis six ans, j’interviens pour la mise en place des guirlandes de Noël pour la municipalité de la Chapelle-des-Fougeretz. Chaque année, c’est un contrat de deux jours pour le montage puis le démontage. Avec le télescopique, le chantier est beaucoup plus rapide et la ville évite ainsi le danger des employés communaux qui montaient auparavant sur des échelles. » D’un point de vue économique, les travaux, peu importe leur nature, sont facturés à un tarif unique : « 42 € H.T. l’heure ».

Deux suggestions aux constructeurs

Voici deux idées que soumet Jean Denis aux constructeurs :

  • Adapter une vitesse qui permettent de rouler à 40 km / h avec un moteur qui tourne à 1 500 tours. Aujourd’hui, quand on roule à 40 km / h, le moteur monte à 2 200 tours. Ce qui pose un problème de consommation sur route. Tout confondu, notre chariot consomme 10 L / h en moyenne.
  • Augmenter la taille du réservoir de carburant. Le nôtre fait 110 l. Pour limiter ce problème d’autonomie, j’ai un jerricane de secours de 60 L.

Grand mât, suspension de flèche et bon siège

Au Gaec, le chariot a remplacé le tracteur-chargeur depuis 8 ans. « Le télescopique a un meilleur débit de chantier pour curer ou charger. Il est plus maniable : 90 % du temps, je travaille en 4 roues directrices, c’est devenu naturel et c’est extrêmement pratique dans les petits espaces. La conduite en crabe permet, quant à elle, de se dégager quand on est coincé le long d’un mur par exemple », détaille Jean Denis.

[caption id=”attachment_1632″ align=”aligncenter” width=”300″]Depuis un an, Jean Denis change les roues en fonction de la saison Depuis un an, Jean Denis change les roues en fonction de la saison : « Les vieux pneus quand je fais beaucoup de route à la belle sison. Des pneus moins usés pour adhérer aux terrains gras au printemps. »[/caption]

Sur l’exploitation, l’engin est renouvelé tous les 3 500 heures environ, « soit tous les 3 ou 4 ans. Car, toutes marques confondues, c’est un outil assez fragile auquel on demande énormément. »

Arrêt au stand pour changer de pneus

Comme un pilote qui adapte ses pneus à la météo, depuis un an, Jean Denis change ses paires de roues en fonction de la saison. Il explique sa stratégie : « Nous changeons de télescopique tous les 3 500 heures, or c’est à peu près le temps qu’il faut pour user un train de pneus. Au moment du renouvellement, la reprise de l’ancien chariot est minorée parce que le caoutchouc est lisse. Généralement, il faut même les remplacer d’abord et la note est salée. » C’est d’ailleurs ce qui est arrivé une fois aux associés qui ont conservé les vieux pneus d’un précédent chariot. « Nous avons simplement racheté quatre jantes d’occasion à 100 € l’unité pour les monter. C’est intéressant d’user ces vieux pneus à la belle saison, quand je fais beaucoup de parcours sur route. » À la fin de l’hiver, par contre, ce sont les modèles neufs qui chaussent le télescopique : « Au printemps, il me faut de l’adhérence pour les chantiers de fumier sur des terrains souvent gras. »

Autre intérêt de ce second jeu de roues à disposition : « Si j’éclate un pneu, j’ai une roue de secours prêtes pour me dépanner en urgence. » D’autant qu’avec une clé à choc, il ne faut que 15 minutes pour tout changer, « sans cric, simplement en soulevant le train avant grâce à la flèche et le train arrière en abaissant au maximum le crochet hydraulique à l’arrière… » Une méthode rapide mais peu orthodoxe.

Actuellement, les associés utilisent un Massey Ferguson 94.07s arrivé il y a un an. C’est le 4e télescopique sur l’exploitation. Au moment du renouvellement, ils ont opté pour un mât qui monte jusqu’à 7,2 m, « 1 m de plus qu’auparavant facilitant le chargement des camions ». La capacité de levage était également un point de vigilance important pour transporter du silo à l’auge « 1,3 t de maïs ensilage dans un godet désileur qui pèse à peu près aussi lourd ».  Un siège « plus confortable que le standard » a été choisi au moment de la commande en faveur du bien être du chauffeur.  Sans oublier la suspension de flèche, « une option obligatoire car ça limite vraiment les secousses quand on se déplace sur route. Quand j’ai oublié de presser le bouton de contrôle avant de partir, je m’en rends aussitôt compte… » Enfin, le crochet hydraulique à l’arrière s’avère bien utile à l’heure des chantiers de ramassage des bottes : « Seul, je peux déplacer le plateau à paille dans la parcelle sans quitter mon siège. C’est seulement au moment de reprendre la route que je descends pour brancher les clignotants… » Toma Dagorn[nextpage title=”Bien entretenir pour faire vieillir”]

7 000 h au compteur, le précédent télescopique est resté 12 ans sur l’élevage. L’entretien quasi-quotidien d’un matériel généralement sollicité fait aussi la différence.

Sur cette exploitation bretonne, le chariot télescopique précédent a été conservé près de 12 ans. Une belle carrière pour un engin généralement renouvelé plus fréquemment. « Les tracteurs sont remplacés plus rapidement. Mais pour le télescopique, quand nous avons voulu le changer à 4000 h au compteur, les devis des concessionnaires ne nous convenaient pas. Les pneus en fin de course en dépréciaient trop la valeur. » Finalement, des pneus neufs ont été achetés et le chariot est reparti pour un tour, jusqu’à approcher les 7 000 h.

Du matériel en bon état pour être mieux repris

Faire bien vieillir le matériel est aussi une habitude de la maison. « En prévention, nous sommes très assidus sur l’entretien », expliquent en chœur les deux associés. « Nous voulons absolument limiter les risques de panne car le télescopique sert tous les jours de l’année, sans exception. » Sans oublier que pour ces amateurs de beau matériel, s’atteler à maintenir les machines et équipements du parc « en bon état » paye au moment du renouvellement : « Les concessionnaires accordent un bonus. À l’arrivée, nos efforts valent de l’argent à la reprise. »

[caption id=”attachment_1634″ align=”aligncenter” width=”300″]Le niveau d’huile moteur est vérifié plusieurs fois par semaine On ne déroge pas à l’entretien du matériel. Le niveau d’huile moteur est vérifié « plusieurs fois par semaine ».[/caption]

En routine, les éleveurs « vérifient les niveaux d’huile moteur et hydraulique le plus souvent possible, c’est-à-dire plusieurs fois par semaine. Pour l’un, on soulève le capot, pour l’autre. C’est simple, une bulle à niveau située près de la portière permet de contrôler tout le temps d’un coup d’œil. » Et dès que les conditions sont poussiéreuses, sur des chantiers de paille ou de foin, il faut « souffler les filtres, nettoyer les grilles qu’on voit s’encrasser » en rentrant au bâtiment. Sans oublier un graissage fréquent des articulations, une vidange toutes les 250 h avec changement de filtre à huile et graissage complet (roues…), le suivi du niveau de liquide de refroidissement… « Ce n’est jamais du temps perdu. »

Les 40 km / h sur route appréciés

Le nouveau chariot, un Agrovector Deutz Fahr 37.7, a été livré au début du printemps. « Pour le choix, nous avons surtout regardé de près les 7 m de longueur de bras, les 3,7 t de charge potentielle pour porter notre godet désileur de 3 m3, et bien sûr le débit hydraulique, ainsi que les conditions de financement à 0,49 % que proposait ce constructeur », expliquent les utilisateurs qui apprécient « sa boîte Powershift 6 vitesses avec commande sur le levier de contrôle après la boite mécanique 4 vitesses commandée par un levier et un petit bouton de débrayage sur le précédent modèle ». Surtout, le nouveau télescopique va plus vite sur la route : « 40 km / h contre environ 30 km / h pour l’ancien », ce qui était devenu rédhibitoire pour les chantiers éloignés.

Indispensable clim’ en cabine

La climatisation est jugée « indispensable » : « une cabine de télescopique est plus petite que celle d’un tracteur et présente beaucoup de surface vitrée. L’enceinte chauffe plus vite et comme on travaille porte fermée pour garder la cabine propre, la clim’ est obligatoire. Même l’hiver pour désembuer… C’est finalement l’option dont nous nous servons le plus. » Les associés ont aussi opté pour « un siège de qualité (marque Grammer) puisque les télescopiques ne sont pas équipés de pont suspendus ». Une qualité de l’assise primordiale pour un matériel utilisé tous les jours sans exception.

La consommation surveillée de près

En cabine, les indications supplémentaires du tableau de bord, « comme le compte-tours », sont un plus. Peut-être qu’un jour, « on nous proposera la consommation instantanée de fuel à l’écran. » Une consommation que les éleveurs surveillent toujours de près grâce au compteur installé sur le pistolet de leur pompe à carburant. « Nous relevons toujours le nombre de litres apportés par rapport au nombre d’heures de travail effectuées. » Très contents de leur ancienne machine qui utilisait « 4 L / h tout confondu », il y avait une certaine inquiétude en optant pour un modèle d’une autre marque, plus puissant (125 cv contre 100 cv auparavant) et avec davantage de débit hydraulique… Mais les premiers mois d’utilisation ont été rassurants : « La consommation est de 4 L / h pour la reprise et la distribution du maïs ensilage au godet. Elle monte à 5 L quand on fait de la route ou un chantier de fumier. Pour l’instant, on ne se plaint pas du tout de ces performances… » Toma Dagorn[nextpage title=”Un outil devenu indispensable”]

Joël Péron a investi dans un télescopique il y a 2 ans. Aujourd’hui, l’engin lui sert pour curer, désinfecter, laver, entretenir les abords des poulaillers et bien d’autres utilisations.

« Mon télescopique est vraiment devenu un outil de tous les jours », avoue Joël Péron, éleveur de poulettes à Briec (29). L’aviculteur l’a acheté il y a deux ans. Avant il était équipé d’un tracteur sans cabine et d’un Bobcat qui lui servait pour vider le fumier des poulaillers lors des vides sanitaires. « Au départ, avec le télesco, c’était un peu difficile de curer le bâtiment à cause des poteaux, mais depuis j’ai pris mes repères. »

[caption id=”attachment_1637″ align=”aligncenter” width=”300″]Le gyrobroyeur placé à l’avant du télescopique assure un travail parfait pour l’entretien Le gyrobroyeur placé à l’avant du télescopique assure un travail parfait pour l’entretien des abords des poulaillers car l’engin n’écrase pas l’herbe avant qu’elle ne soit broyée.[/caption]

Un bon débit hydraulique

Le choix de la marque et du modèle a été dicté par le potentiel de débit hydraulique. « Je voulais absolument conserver le gyrobroyeur avant que j’utilisais avec mon Bobcat pour l’entretien des abords de mes poulaillers. Toutes les marques n’assurent pas un débit de 90 L/min minimum permettant d’assurer le bon fonctionnement de l’outil. » Grâce à cet investissement, Joël Péron a vraiment gagné en confort de travail. « Au moment du paillage, je ne respire plus de poussière. Je ne voulais plus travailler avec mon tracteur sans cabine. » Afin de rationnaliser au maximum l’achat de son télescopique, l’éleveur a cherché les différents matériels qui peuvent s’adapter sur l’engin. « J’ai acheté un godet pour étaler la litière. Ça fonctionne comme un distributeur à engrais, il y a deux plateaux qui projettent les copeaux. En deux heures de temps, j’étale 10 t de copeaux dans mes deux poulaillers de 1 200 m2 chacun. Le travail est parfait, je n’ai même plus à retoucher à la pelle. »

15 minutes pour désinfecter 1 200 m2

Afin de pouvoir atteler les équipements à l’arrière Joël Péron a demandé à son concessionnaire d’installer un relevage et une prise de force. « Nous l’avons équipé avec un relevage avant de tracteur et effectué des modifications pour mettre une prise de force. C’était une première sur un JCB. » L’éleveur peut donc atteler et utiliser son atomiseur pour désinfecter les poulaillers.

[caption id=”attachment_1638″ align=”aligncenter” width=”300″]atomiseur utilisé pour désinfecter les poulaillers L’ancien atomiseur qui était utilisé pour traiter les plants de vignes a été reconditionné pour désinfecter les poulaillers.[/caption]

« Ce matériel pour désinfecter commence à se démocratiser dans les élevages avicoles. Ces atomiseurs étaient utilisés dans les vignes ou en arboriculture pour traiter, mais ils ne sont plus aux normes pour pouvoir appliquer des produits phytosanitaires. C’est le meilleur appareil pour une bonne désinfection, le brouillard se propage partout. » Il ne faut plus que 15 minutes pour désinfecter 1 200 m2. Avant, c’était au minimum 1 h à la lance et avec une pompe haute pression. Mais le Finistérien adapte bien d’autres outils sur son chariot, comme le compresseur pour le nettoyage des canons à gaz, la pompe de lavage ou encore une petite tonne à lisier pour récupérer les eaux de lavage. « Aujourd’hui, je ne ferais plus sans mon JCB », conclut l’aviculteur. Nicolas Goualan[nextpage title=”Jamais sans mon télescopique”]
Équipé d’une multitude d’accessoires, le télescopique facilite le travail de l’élevage. Un outil moins éprouvant quand les montées et descentes sont fréquentes dans la journée. Rencontre avec un utilisateur conquis à Tréméoc (29).

En élevage, les télescopiques sont rapides et maniables. Avec une panoplie d’accessoires, ils facilitent le travail quotidien, surtout quand les bâtiments ne sont pas facilement accessibles pour un ensemble tracteur-mélangeuse. Au Gaec de Keryennec, Olivier et Gilbert Jeannes ont investi dans du matériel de manutention avec différents outils pour gagner en efficacité.

[caption id=”attachment_1640″ align=”aligncenter” width=”300″]La distribution de foin n’est plus pénible La distribution de foin
n’est plus pénible[/caption]

Godet à tout faire

Pour la distribution du maïs, le choix s’est porté sur un godet désileur et mélangeur de 3,4 m3 de chez Emily. « Le mélange se fait rapidement même avec incorporation de paille de colza dans la ration. Il faut compter une vingtaine de minutes pour distribuer 3 godets. Auparavant, j’utilisais un godet qui mettait près de 10 minutes à mélanger les différents ingrédients. Les manœuvres étaient aussi plus importantes du fait de la distribution possible par un seul côté. Je peux aujourd’hui distribuer à gauche et à droite : en avançant à droite en entrant dans le bâtiment et à gauche en reculant. Le procédé du godet est aussi plus simple, avec une vis mélangeuse qui sert aussi à la distribution. L’ancien modèle possédait une vis mélangeuse et une vis pour la distribution. Les pompes hydrauliques étaient alors très sollicitées », confie Olivier Jeannes, qui avoue aussi avoir gagné en visibilité par rapport à l’ancien équipement plus haut et plus profond. Hormis l’accessibilité de l’engin, l’exploitant apprécie aussi de ne pas avoir à employer 2 tracteurs, comme c’est le cas avec une remorque mélangeuse, entre le chargement et la distribution.

Toutes les fonctions du télescopique JCB sont mises à contribution. « Un interrupteur trois positions me permet de choisir entre la commande de la fraise du godet, de la vis mélangeuse ou de l’ouverture de la porte pour la distribution. J’ai opté pour l’option d’inversion du sens de la fraise : quand je désile le haut du tas, je la fais tourner de façon à entrainer le maïs vers le bas pour ne pas projeter l’ensilage sur la bâche ». Le front d’attaque reste propre et la pesée indique à l’utilisateur la quantité chargée.

[caption id=”attachment_1641″ align=”aligncenter” width=”300″]Olivier Jeannes apprécie les possibilités d’un télescopique. Olivier Jeannes apprécie les possibilités d’un télescopique.[/caption]

Une caméra sur le mât, l’image en cabine

Olivier Jeannes a installé une petite caméra qui retransmet les images sur son écran. « Je m’en sers pour vérifier la répartition du chargement de l’épandeur à fumier, la quantité de maïs restant dans mon godet ou pour piquer jusqu’à 4 bottes de foin à la ferme avec la pince ». Le télescopique est l’engin de l’exploitation le plus utilisé, à raison de 1 500 h par an. « Je l’utilise pour le chargement des fumiers, mais aussi pour tracter les remorques de paille et de foin. Je l’emploie pour le paillage, la distribution de betterave avec la benne de chez Robert qui trie les cailloux, ou encore pour dérouler les balles de foin », explique l’éleveur. Pour attacher et détacher tous ces accessoires, l’exploitant a installé un raccord rapide multi-connexion qui ne demande aucun effort pour débrancher les flexibles hydrauliques. Le télescopique JCB tourne au ralenti pour entrainer tous ces outils, si bien que la consommation de carburant reste faible, « entre 4 et 5 L/h ». Avec 136 CV, le télescopique est un allié précieux lors des chantiers d’ensilage. « Les pneus larges ne s’enfoncent pas dans le maïs. Il sert à pousser le tas, un tracteur se charge du tassage. J’apprécie la visibilité car la cabine, avec une position haute, offre une vision sur les 4 roues ». Le point de gravité plus haut donne des sensations plus importantes pour mieux appréhender le risque de retournement. Fanch Paranthoën[nextpage title=”L’atout confort de la manutention au quotidien”]

Le télescopique de Mickaël Lévrier tourne tous les jours et près de 900 h par an. L’éleveur apprécie les progrès en matière de confort des dernières générations.  

« Le télescopique (156 cv) a un meilleur débit de chantier qu’un tracteur-chargeur : on peut déplacer les bottes deux par deux. C’est un outil impeccable pour la manutention », apprécie Mickaël Lévrier qui presse et rentre 1 400 bottes de foin et de paille par an. L’éleveur de vaches allaitantes de Saint-Mayeux (22) a remplacé son Merlo Multifarmer par un 42.7, un modèle un peu plus puissant de la marque verte. « Flèche rentrée, la machine peut porter une charge de 4,2 t. Mais le plus important est de pouvoir monter 1,5 t à 7 m en déployant le mât. Cela me permet d’empiler six rounds sous le hangar. » À l’arrière de l’engin, un crochet hydraulique pour pouvoir atteler et toutes les connectiques pour gérer les freins, les clignotants ou le système hydraulique de bennage d’une remorque. « Le télescopique est ainsi homologué sur la route. Avec le plateau derrière, je suis autonome pour mener un chantier de ramassage de bottes. »

[caption id=”attachment_1643″ align=”aligncenter” width=”300″]le télescopique est utilisé pour charger la pailleuse-distributrice Tous les jours, le télescopique est utilisé pour charger la pailleuse-distributrice.[/caption]

Emporté, c’est pesé

Mickaël Lévrier apprécie également la possibilité de pouvoir peser une charge grâce à son télescopique. « Je tare manuellement en appuyant sur un bouton. Puis je pèse la botte. Environ 320 kg pour la paille et 380 pour du foin. J’ai même fait le test en pesant un demi-chargement à la bascule de la coop. Le système du télescopique est fiable. » Une balance mobile bien utile puisque l’élevage achète 20 ha de foin et 30 ha de paille à l’extérieur.

Plus globalement, le costarmoricain apprécie les efforts des constructeurs pour améliorer le confort du chauffeur. Son chariot télescopique est notamment équipé d’une « cabine suspendue ». Celle-ci est posée « sur un système hydraulique à boule d’azote » pour amortir les secousses. Et équipée d’un siège pneumatique. « J’ai commencé ma carrière assis sur une caisse à outil. Là, on a l’impression d’être sur un coussin d’air. C’est mieux que dans un tracteur où seul le pont avant est suspendu. Pour le transport d’une botte sur chemin ou sur route par exemple, il n’y a plus d’à-coups liés à la charge. C’est le jour et la nuit. »

Renouveler pour prévenir les frais

Avec 156 cv sous le capot, « il ne faut pas que le télescopique tourne pour rien. Ce n’est pas un jouet », lâche Mickaël Février. Sur l’exploitation, c’est d’ailleurs un vieux tracteur et son chargeur qui servent à aller chercher les bottes des parcelles les plus éloignées, « pour économiser la transmission hydrostatique ». Et de rappeler que le télescopique est « tout de même un outil coûteux ». Le financement est étalé sur 7 ans et atteint 13 000 € par an. « Mais je préfère renouveler tous les 4 ans car je ne veux pas avoir de pannes et de frais sur ma machine. » Il faut qu’elle démarre tous les jours. « Si je gardais un télescopique sept ans, pour environ 6 000 h au compteur, que vaudrait-il à la reprise ? »

Pare-brise tout en arrondi

L’habitable est aussi plus spacieux que dans l’ancien modèle. « La même hauteur, mais 30 cm de longueur en plus. Et un pare-brise tout en arrondi, sans arrête, en faveur de la visibilité. » La commande de l’avancement est maintenant accessible depuis le levier de commande à droite. « Avant, il fallait lâcher le volant de la main gauche pour actionner l’inverseur. » L’accoudoir, « plus long, plus large et plus souple », soutient désormais tout le bras. « Ça épargne l’épaule quand on passe une journée à engranger des bottes. » Autre facilité appréciée, le dételage automatique : « J’appuie sur un bouton et un petit vérin déverrouille l’outil. Pas besoin de descendre enlever une goupille ou retirer une barre. » Sans oublier l’efficace système d’éclairage de phares à Led, « la nuit sans la nuit. » Une somme de petits détails qui améliorent le travail au quotidien sur un matériel « qui fait près de 900 h par an ». Toma Dagorn


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