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Les leviers pour améliorer le revenu en aviculture

Gagner 3 points d'IC avec les nouvelles mangeoires

Emmanuelle Le Dorze, éleveuse de poulets lourds à l’EARL AVI POM à Bieuzy (56), a mis un peu de temps à trouver le bon réglage de ses nouvelles gamelles. Mais sur les lots qui ont suivi l’indice de consommation s’est amélioré en moyenne de 3 points.

« Lorsque je me suis installée en 2009 avec mon frère en reprenant l’exploitation familiale, nous nous sommes réparti les tâches : lui les cultures et moi l’élevage », raconte Emmanuelle Le Dorze, avicultrice à Bieuzy (56), avec 3 000 m2 de poulaillers en poulets lourds sexés pour le Gaévol. La première année, l’éleveuse a alterné un lot de dinde dans un bâtiment pendant qu’elle faisait deux lots de poulets dans les deux autres poulaillers, comme le faisaient ses parents. « J’ai ensuite tout basculé en poulet, car en dinde mes performances étaient moindres ».

Laurent Boscher, technicien Sanders et Emmanuelle Le Dorze, avicultrice.
Laurent Boscher, technicien Sanders et Emmanuelle Le Dorze, avicultrice.

Entre 2013 et 2014, Emmanuelle Le Dorze décide de remplacer ses gamelles « Chore Time », qui datent des années 1980, pour installer des mangeoires multibecks de chez Le Roy. « Dans les anciennes gamelles, les poussins rentraient à l’intérieur, ils y laissaient des fientes, rendant l’aliment moins appétent. De plus, la hauteur des gamelles m’obligeait à mettre des becquets et de les laisser jusqu’au neuvième jour des poulets. » L’éleveuse a investi entre 3 000 € (version courte) et 3 500 € (version longue) par bâtiment pour s’équiper. « En changeant de matériel, j’ai dû me réadapter et faire des réglages. Le premier lot, j’ai réglé les gamelles à ¾ de tour comme le préconise le fabricant. Je trouvais qu’il n’y avait pas assez d’aliments, je suis donc passé à 1 tour complet le lot suivant. Finalement, je me trompais et j’ai pénalisé mon indice de consommation (IC). »

Après coup, elle décide d’opter pour un réglage sévère pour qu’il y ait peu de quantité dans les mangeoires et que les animaux aillent chercher l’aliment plus loin. « Le point négatif est qu’avec ce réglage la première semaine, je ne peux pas lever les chaînes pour que les poulets aient accès au centre de la mangeoire, aussi, ils mettent de la paille dans les gamelles et il faut l’enlever régulièrement. En passant à un réglage à un ½ tour, j’ai environ 100 grammes d’aliment en miettes par gamelle et un peu plus en granulé puisque ça coule mieux. J’ai même pensé régler à un ¼ de tour, mais c’est trop restrictif. » L’avicultrice estime que le poulet doit aller chercher son aliment et qu’il ne faut pas lui faciliter la tâche.

« Ralentir sa vitesse d’ingestion est positif. Le fait qu’il y a une petite quantité d’aliments dans les gamelles, qu’il se renouvelle plus souvent, l’aliment rend plus frais et donc plus appétent. » Laurent Boscher, technicien de l’élevage de chez Sanders, apporte la preuve que la technique et les réglages sont bons par les chiffres : « Depuis qu’Emmanuelle Le Dorze a réglé ses mangeoires à un ½ tour, nous avons gagné en moyenne 3 points d’IC. Nous estimons le point à 160 € ce qui fait une économie de 480 € par bâtiment (1 000 m2) et par lot. En faisant 5 lots par an, c’est donc une économie de 2 400 € sur l’année. » Emmanuelle Le Dorze tempère : « Les économies sur l’indice sont avérées, mais tout ne vient pas uniquement du changement de mangeoires, c’est multifactoriel. »

La moindre erreur est pénalisante

Le technicien fait remarquer que l’analyse scrupuleuse et quotidienne des prises de poids et des consommations d’eau est une bonne pratique partagée par les éleveurs. L’agricultrice confirme : « Nous avons des animaux qui poussent très vite, du matériel plus performant et donc des risques d’élevage plus importants qu’avant. On se doit de détecter d’éventuels problèmes très rapidement pour pouvoir réagir très vite. » Elle s’est donc équipée très tôt de pesons automatiques dans ses 3 poulaillers. Cela ne l’empêche pas de faire des pesées manuelles, mais les informations recueillies par les pesons sont précieuses pour détecter des problèmes.

Avec un gain de 3 points d’IC, à 160 € le point, c’est une économie de 480 € par bâtiment (1 000 m2) et par lot.

C’est aussi du temps supplémentaire pour pailler et faire du tri dans les poulets. « Le tri d’aujourd’hui, c’est la mortalité et la saisie de demain », déclare Laurent Boscher. Cette durée d’élevage assez longue fait que la moindre erreur est pénalisante. « On sort vraiment de l’élevage classique du poulet, on se rapproche de l’exigence technique de la production de dinde », conclut Emmanuelle Le Dorze. Nicolas Goualan

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