Le porc russe dopé à l’embargo

porc-marche-asie-russe - Illustration Le porc russe dopé à l’embargo

L’embargo sur la viande de porc en provenance des pays de l’Union européenne s’est traduit par une chute de moitié des importations en Russie. Le pays accélère ses efforts pour être autosuffisant.

Le message des responsables de l’Institut du marché agricole Russe, adressé aux producteurs européens, en marge du salon EuroTier à Hanovre, est sans équivoque. « Nous accélérons nos efforts pour être autosuffisants en viandes dès 2020 ». C’est particulièrement vrai en porc où l’embargo sur les viandes européennes sévit depuis février 2014. Le manque est partiellement comblé par des importations, notamment du Brésil (le plus gros exportateur vers la Russie actuellement), du Chili et de Serbie. Partiellement seulement car l’embargo touche aussi les viandes américaine et canadienne depuis août. La Russie vise l’autosuffisance en développant les aides publiques et en encourageant les investissements privés, essentiellement des poids lourds de la filière Miratorg et Cherkizovo. Le premier cité développe un programme qui vise à produire rapidement 400 000 tonnes de viande de plus, en filière intégrée, soit plus de la moitié des volumes importés de l’Union européenne avant l’embargo. Ces efforts devraient permettre d’atteindre une production de 5 millions de tonnes (moins de 3 millions en 2014). Cet objectif était déjà visé avant l’embargo. Il assure que désormais la moitié de la production de porcs est assurée par des élevages modernes et qu’en 2016, ces élevages produiront 60 %. À l’inverse, les petits élevages de quelques truies qui assurent encore 10 % de la production chuteront à moins de 3 %.

Une bonne rentabilité à la production

La situation de la filière est ambivalente. La forte hausse des cours du porc (plus de 65 % en sept mois), combinée au recul du prix des matières premières pour l’alimentation animale, devrait générer des marges records pour les producteurs en 2014. La situation des transformateurs est plus difficile. Confrontés à la forte hausse du prix d’achat de leur matière première, ils peinent à la répercuter sur les autres maillons de la filière. Les entreprises de taille moyenne se sont rapidement adaptées en s’orientant vers la viande de volaille, moins onéreuse ou en accroissant la valeur ajoutée de leurs produits. Les grands groupes profitent de la forte hausse des cours et de la bonne rentabilité de leur activité de production pour se lancer dans d’importants investissements. « L’effet de ces investissements est à estimer avec précaution », tempère Estelle Antoine, de l’Ifip. « Les grandes structures ne sont pas à l’abri d’un incident sanitaire. Les grands investisseurs sont aussi très sensibles à l’évolution du prix du porc en Russie qui pourrait baisser en cas de réouverture du marché ». Bernard Laurent


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