ludovic-le-gall-vin-eau - Illustration In Vin d’O veritas

In Vin d’O veritas

Mettre de l’eau dans son vin, ce n’est pas vraiment le genre de Ludovic Le Gall, jeune créateur d’entreprise passionné. Lui, c’est le vin qu’il met dans l’eau… de mer. Une méthode de conservation originale. Immersion.

On la dirait tout droit sortie d’un coffre de pirate. Comme un trésor qui aurait été rejeté à la côte après un long séjour dans les entrailles d’une épave. Recouverte de concrétions, scellée d’un bouchon de cire, un lien de raphia autour du goulot… Ce n’est plus une simple bouteille de vin. Portant les traces de son histoire originale, le flacon s’est transformé en une invitation au rêve.

L’idée d’immerger du vin en mer a germé dans l’esprit de Ludovic Le Gall en 2007. Cette année-là, un collègue scaphandrier lui offre une bouteille ayant séjourné dans l’océan. Pour le Finistérien, c’est le flash. « Je me suis dit : c’est ça que je veux faire ! J’ai tout de suite pensé à la Baie de Morlaix, au Château du Taureau… Et puis c’était un retour à mes premiers amours ». Passionné par la mer, plongeur professionnel de formation, le jeune homme n’en possède pas moins des racines bien terriennes. « Mon grand-père et mon père étaient marchands de bière sur la région de Morlaix ! J’ai grandi dans cet univers ».

[caption id=”attachment_4759″ align=”aligncenter” width=”300″]Une immersion d’un an à une profondeur de 10 mètres « Une immersion d’un an à une profondeur de 10 mètres équivaut à trois années passées dans une cave classique », estime Ludovic Le Gall.[/caption]

L’eau d’ici pour aller au-delà

Avec le concours d’un caviste morlaisien, il décide de tenter l’expérience. Vingt-quatre bouteilles sont immergées dans un sarcophage de béton, situé dans un endroit abrité de la Baie de Morlaix. Pour pouvoir effectuer des comparaisons gustatives, des « doubles » sont entreposés dans une cave traditionnelle. Le test réalisé au bout d’une année s’avère des plus concluants. Outre l’attrait esthétique d’une bouteille revêtue d’une gangue de coquillages, le vin, bercé par le rythme des marées, à l’abri des variations brutales de température, protégé de la lumière, semble vieillir plus vite. « Une immersion d’un an à une profondeur de 10 mètres équivaut à trois années passées dans une cave classique, estime Ludovic Le Gall. Le vin est moins vert, moins asséchant. Il devient plus mat et plus long en bouche ».

Fort de cette première réussite, il décide de passer à la vitesse supérieure et dépose 300 bouteilles – du vin rouge, du vin blanc – en mer. Parallèlement, il crée « Vin d’O », son autoentreprise, « pour valider le process ». Et même si ses produits ne sont diffusés à l’époque que par un seul point de vente, le succès commercial est au rendez-vous. Continuant à travailler comme scaphandrier à Saint-Nazaire, il réinvestit « tous les premiers bénéfices dans l’affaire ». Et petit à petit, il monte en puissance : 1 900 bouteilles immergées en 2009, 2 000 en 2010, 4 000 en 2011. « Dans le même temps, le réseau de distribution s’est mis en place. De notre côté, nous avons perfectionné le procédé, amélioré le système des cages dans lesquelles les bouteilles sont stockées sous l’eau ».

En 2012, avec le concours du Crédit Mutuel de Bretagne, il décide d’aller de l’avant. « J’ai commencé alors à diminuer les chantiers comme plongeur. Pour faire découvrir le produit et avoir un contact direct avec les clients, j’ai participé à plein de manifestations comme les Tonnerres de Brest, Temps fête à Douarnenez… »

Ivresse des profondeurs

Début 2014, la société « Vin d’O » change de statut pour devenir une SARL. Le vieux zodiac au démarrage capricieux cède la place à une barge professionnelle. « En sept mois, nous avons levé des fonds, mis tout aux normes et déposé plus de 10 000 bouteilles en mer », précise Ludovic Le Gall. Aujourd’hui, Vin d’O commercialise ses bouteilles (rouge, blanc, rosé et champagne) dans une quinzaine de points de vente en France ainsi que via son site internet. Et la société exporte déjà vers la Belgique, le Congo et les États-Unis. « Nous n’avons pas encore atteint notre vitesse de croisière. Dans quelques mois, un nouveau plongeur viendra nous rejoindre. L’objectif est de passer à 20 000 bouteilles ». Entamé il y a sept ans, ce projet – qui a démontré qu’il tenait la marée – s’est concrétisé  par étapes. En prenant le temps de mûrir, comme du bon vin, pour donner toute sa dimension. Et sans jamais céder à l’ivresse des profondeurs.

[caption id=”attachment_4760″ align=”aligncenter” width=”300″]Recouverte de concrétions, scellée d’un bouchon de cire, un lien de raphia autour du goulot… Recouverte de concrétions, scellée d’un bouchon de cire, un lien de raphia autour du goulot… Ce n’est plus une simple bouteille de vin.[/caption]

L’avis de Gérard Le Berre, Administrateur du CMB à Pleyber-Christ, membre du comité régional Bretagne d’Ark’ensol Créavenir

Ark’ensol Créavenir est une association, financée par le Crédit Mutuel Arkéa, qui a pour objectif de favoriser et d’accélérer le développement économique et social des territoires sur lesquels elle intervient (Bretagne, Massif Central, Sud-Ouest). Elle y contribue en accordant des aides financières à des créateurs ou repreneurs de petites entreprises.

C’est ce que nous avons fait avec Vin d’O, la société  créée par Ludovic Le Gall. Lorsque nous l’avons rencontré, nous avons été séduits par sa motivation, sa capacité à communiquer sur son projet. Il a su ne pas brûler les étapes et tester la viabilité de son idée avant de se lancer complètement dans ce concept qui lui permet de concilier sa passion de la mer et un univers professionnel dans lequel il a baigné enfant.
Pour avoir été chef d’entreprise pendant près de 30 ans, je sais combien les coups de pouce sont appréciables au démarrage d’une activité. C’est ce que nous avons fait en octroyant à Vin d’O un prêt à taux zéro, une subvention et une aide pour participer à un salon professionnel. Quand je vois que ce projet vient d’être distingué lors du concours de création d’entreprise Créacc, organisé par le Conseil régional de l’ordre des experts-comptables, je me dis que nous ne nous sommes pas trompés en accompagnant cette jeune société prometteuse.

Pour en savoir plus : www.vin-do.fr


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