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Optimiser les valeurs alimentaires de l’herbe d’automne

À l’EARL du Teilleul, à Montours (35), Marcel Tuaux cherche à optimiser la pousse automnale des prairies. Pour cela, il exploite ses pâtures au fil avant pour maîtriser l’équilibre de la ration.

« Même si la récolte de l’herbe a été difficile au mois août, l’année est favorable à la production de fourrage. J’ai encore de l’herbe dans les prairies que je compte faire pâturer par les vaches laitières », commente Marcel Tuaux à Montours (35). Depuis le 10 septembre, le silo de maïs est ouvert. La ration est composée de 6 kg de MS de maïs, 1 kg de MS de foin et le reste de pâturage. « Je ne manque pas d’herbe, mais je préfère apporter de l’énergie par le maïs, pour mieux valoriser l’azote présent par le pâturage ».

Les 45 vaches laitières produisent 17 kg de lait/jour avec 25 % du troupeau qui a vêlé sur le mois de septembre (TB 41,1, TP 32,8). Le foin et la moitié du maïs sont distribués le matin après la traite. Le reste du maïs est apporté le soir, toujours après la traite. « Cela permet aux vaches laitières de ne pas traîner en salle de traite ». L’ensemble des 24 ha accessibles en herbe est dans le cycle de pâturage, soit 53 ares/VL. Le pâturage est géré au fil avant matin et soir (1 ha pour 3 jours). Cette technique est pratiquée en cette saison pour optimiser les valeurs de l’herbe et du maïs. « Il est difficile de jongler entre les deux fourrages en paddock de 3 jours. Les vaches ne consommeraient que de l’herbe le 1er jour, et beaucoup de maïs le 3e jour. Avec le fil, je maîtrise la ration de manière équilibrée ».

EARL du Teilleul

  • 2 UTH
  • 46 ha de SAU
  • 315 000 L quota (65 % réalisé)
  • 4 ha de maïs
  • 2 ha mélange céréalier
  • 40 ha de prairie temporaire
  • 45 vaches normandes
  • 4 500 litres de lait /VL
  • 1,4 UGB par ha de SFP
  • En agriculture biologique

L’herbe d’automne possède une valeur alimentaire proche de celle de l’herbe de printemps. Les 48 jours d’avance de pâturage sur l’exploitation permettent de réaliser des stocks sur pied riches en azote. « Généralement, le pâturage peut se prolonger jusqu’à la mi-décembre », poursuit l’éleveur. Les vaches laitières rentrent en stabulation le plus tard possible afin de valoriser l’herbe dans les prairies. Les génisses rentrent en bâtiment entre la mi-octobre et la mi-décembre suivant la pousse de l’herbe et leur âge. Actuellement, elles ont une ration  composée exclusivement de pâturage.

Faire pâturer au-delà de 20 cm de pousse

A l’automne, l’herbe redémarre. Les paddocks atteignent 20 cm (au mètre ruban). Il faut réduire l’apport de fourrage complémentaire pour pâturer toute la surface en herbe. Ne risquant plus la montée d’épis, il est possible d’arrêter le pâturage les jours de pluie pour reprendre ensuite dans de l’herbe plus haute. En revanche, la hauteur minimum pour démarrer un pâturage est toujours de 20 cm.

Les agriculteurs impatients de relancer le pâturage et qui passeraient outre cette règle s’exposent à des accidents. En cette période de repousse, faire pâturer une herbe immature, riche en trèfle jeune et avec un apport azote/énergie plus fort qu’au printemps peut en effet causer des problèmes de météorisation. L’objectif est de faire pâturer ras tous les paddocks avant la rentrée en stabulation fin novembre/début décembre. Ce nettoyage permet d’économiser des correcteurs azotés, de gagner en diversité des apports alimentaires et en lait. Ce déprimage est également bénéfique à la prochaine saison de pâturage.

Avec un stock prévisionnel de 1,9 t MS /UGB, l’agriculteur pense avoir suffisamment de fourrage pour l’hiver. L’année favorable à la production de fourrage a permis de réaliser 66 t MS d’herbe et les rendements de maïs s’annoncent bons (12 t MS/ha). Si les stocks venaient à manquer, l’éleveur envisagerait d’anticiper la vente d’animaux à la réforme. « Je préfère vendre des vaches l’hiver et vêler des génisses au printemps, cela me fait moins de stocks à consommer, moins de travail et moins de concentration dans les bâtiments ». Les stocks représentent 35 % de la consommation annuelle du cheptel laitier. Le pâturage est optimisé au maximum sur l’exploitation tout au long de l’année. L’exploitation dégage sur l’exercice 2013 un EBE de 310 €/1 000 litres avant conversion à l’agriculture biologique en août 2014.

Le semis de prairie en septembre a été plus difficile. Les 5 mm de pluie du mois dernier n’ont pas permis une levée rapide de la prairie de 1,5 ha. Il faut attendre le printemps prochain pour établir les premières observations. Cette parcelle a été semée avec 9 kg de RGA, 3 kg de dactyle, et 3 kg de fétuque élevée et 5 kg de légumineuses (trèfle blanc, trèfle violet et luzerne). « Cette année, j’ai changé la composition de mes prairies. Même si je suis satisfait du RGA-TB, je veux voir le comportement d’autres espèces en association sur l’exploitation. » Trois hectares supplémentaires seront semés de la même manière après maïs vers la mi-octobre. « Même si le coût peut sembler élevé (175 €/ha), j’espère apporter de la diversité au fourrage ». Adage ( 02 99 77 09 56)

L’avis de :

J.-F. Orain à Saint-Malo-des-Trois-Fontaines (56), en zone séchante

La pluie est attendue avec impatience : il n’a pas plu depuis 1 mois. Les parcelles prévues pour la fauche ont donc été réintégrées au pâturage, plus intéressant qu’un foin d’automne manquant de fibres. Les vaches sont au pâturage avec 1 kg/VL/j de concentré, et du foin pour tamponner. La semaine prochaine, elles auront en plus de l’ensilage d’herbe le soir. Cette année, je n’ai pas de maïs, que des stocks d’herbe. Aujourd’hui, 53 VL sont en production avec en moyenne 16 L/j (TP à 34, TB à 43). Le taux de cellules est à 130 : les vaches leucocytaires ont été réformées. Le chargement va baisser : 3 VL restent à réformer, 8 animaux à l’engrais vont partir et 3 primipares ont été vendues. Civam 56 : 07 85 26 03 02.

Alain Normant à Mahalon (29), en zone intermédiaire

Aucune goutte de pluie n’est tombée au mois de septembre chez nous ! Malgré cela, les vaches ont toujours de l’herbe comme plat unique, accompagné d’1 kg de foin / jour. Elles pâturent des repousses de plus de 60 jours, qui sont certes moins appétentes mais qui ne me coûtent presque rien. La production de lait s’élève à 12 L/ VL (TB à 49 et TP à 38). La pluie prévue cette semaine va enclencher une forte minéralisation du sol, ce qui annonce encore beaucoup d’herbe pour le mois d’octobre. D’ici 15 jours, je réaliserai la 4e et dernière coupe de luzerne de l’année. Mon objectif de grouper les vêlages pour l’année prochaine est bien engagé : 58 vêlages sur 100 jours au printemps prochain. Civam 29 : 02 98 81 43 94.

Jérôme Oizel à Le Feuil (22), en zone humide

On est toujours débordé d’herbe. Les vaches ont entamé le 4e tour le 22 septembre, après avoir pâturé au fil une parcelle de 1,3 ha de colza fourrager RGI. De plus, 2 ha de jeune pâture semée après orge sont en train d’être nettoyés par les 30 vaches allaitantes. Le colza et la jeune pâture permettent d’allonger le cycle pour faire du stock sur pied. Ceci évite de tourner trop vite sur les prairies par temps sec, notamment sur les terres légères. Désormais, toute l’herbe sera pâturée : les génisses et vaches fraîchement vêlées sont ressorties à l’herbe, alors qu’elles restent en partie en bâtiment en année normale. Cette année, on aura de l’herbe après le 1er novembre. Cedapa : 02 96 74 75 50.

 


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