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Bien valoriser les produits organiques sur prairies

La variabilité des effets fertilisants et amendants des produits organiques  peut, en partie, être maîtrisée par des techniques culturales appropriées, notamment en limitant la volatilisation.

Les effets amendants organiques et azote à long terme sont liés et d’autant plus importants que le produit épandu contient de la matière organique (fumiers) et que cette dernière est stable (fumiers stockés plusieurs mois, composts).

Effet azote à court terme

Cet effet azoté qui suit l’épandage (appelé effet direct) est très dépendant du produit et de l’année. Les fumiers ou composts de fumiers ont des effets azote directs plus faibles que les fumiers de volailles et les lisiers de bovins ou de porcs. Ce phénomène est lié à leur proportion plus faible d’azote minéral directement disponible pour les prairies. L’azote organique nécessite plusieurs transformations par les micro-organismes du sol pour être disponible aux plantes. Au cours de l’année suivant l’apport, cette minéralisation de l’azote organique peut être inférieure à 10 % pour des composts, peut approcher les 30 % pour des fumiers de porcs ou bovins, et aller jusqu’à 50 % pour des fientes de volailles, selon les conditions climatiques de l’année.

Les engrais de ferme n’acidifient pas les sols

Il a longtemps été considéré que les fumiers et lisiers acidifiaient les sols. L’oxydation de l’azote et du soufre qu’ils contiennent est acidifiante. Mais ces produits contiennent également des anions organiques associés au potassium, calcium, magnésium et sodium. Ils ont un effet analogue à celui des amendements minéraux basiques. Aussi, l’apport de produits organiques contribue dans la majorité des situations au maintien, voire à l’augmentation du pH du sol.

La volatilisation, un enjeu important

Sujette à volatilisation, la part ammoniacale de l’azote contenu dans le produit organique épandu n’est pas obligatoirement disponible pour la plante. Cette perte d’azote, conditionnée par le produit lui-même (teneur en matière sèche, teneur en azote ammoniacal), les conditions climatiques (vent, température) après épandage et les techniques d’épandage (buses palette, pendillards, enfouissement) explique une autre part importante de la variation interannuelle de l’effet azote. Ainsi sur prairie, ces pertes par volatilisation d’ammoniac limitent l’effet azote des produits organiques, donc l’effet positif sur le pH. Des études conduites récemment dans l’Ouest de la France ont quantifié ces pertes et vérifié la durée du phénomène après épandage lorsque les produits ne sont pas enfouis.

Les observations ont confirmé que la volatilisation était extrêmement rapide après épandage. Sans enfouissement immédiat du lisier, le phénomène dure de 3 à 6 jours, mais 80 % des pertes se passent au cours des 24 heures suivant l’épandage. Ainsi, les lisiers de bovins épandus en plein avec une buse palette ont perdu 45 % de l’azote ammoniacal qu’ils contenaient, ce qui a représenté 17 % de l’azote total appliqué. Les lisiers de porcs ont perdu selon les sites de 10 à 64 % de l’azote ammoniacal tandis que les fumiers de bovins en perdaient 20 % (premiers résultats du projet Casdar volat NH3). Ces chiffres illustrent bien les enjeux considérables liés aux pertes d’azote potentielles lorsque l’épandage est mal maîtrisé.

Valeurs P et K des produits organiques

Les effets fertilisants phosphore et potassium sont très bien identifiés et correspondent aux quantités totales d’éléments apportés par les produits organiques. La composition des produits organiques est souvent déséquilibrée par rapport aux besoins des prairies. Ainsi, pour faire correspondre les besoins des plantes et les apports de P2O5 et K2O apportés, il faut souvent limiter les doses appliquées, ce qui conduit à complémenter la fertilisation avec de l’engrais minéral azoté.

Enfouir le lisier sur prairies

Différentes études menées ont montré que les lisiers dilués, en s’infiltrant rapidement dans le sol, perdaient moins d’azote par volatilisation que les lisiers plus riches en matière sèche qui restent collés en surface sur la végétation. Dans ces essais, l’arrivée d’une pluie juste après l’épandage permet de diviser par deux les pertes mesurées après épandage de fumier.  L’un des moyens le plus  efficace pour diminuer les pertes reste l’utilisation de pendillards. La plus forte diminution des pertes par volatilisation est obtenue avec l’utilisation de matériel permettant l’épandage de lisier sous la végétation de la prairie, et avec des enfouisseurs attelés à la tonne à lisier. Cet effet est d’autant plus important que le lisier est dilué. Robert Trochard – Arvalis-Institut du végétal


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