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Fin des quotas : le grand chamboulement

La fin des quotas laitiers bouleverse l’horizon économique des producteurs laitiers… et de leurs voisins éleveurs.

L’agriculture est en train de vivre une phase de rupture, sans doute la plus importante depuis l’instauration des quotas laitiers en 1984. Leur suppression amène à raisonner autrement la gestion de l’exploitation.

Reprise : de nouveaux réflexes

Face à la demande mondiale de lait en hausse de 2 à 3 % par an,  la majorité des laiteries investit et se positionne sur les marchés internationaux. Compte tenu de la pyramide des âges des exploitants laitiers, de la saturation des bâtiments, de la déprise laitière dans certaines régions, la croissance prévue pour satisfaire ce nouveau besoin en lait n’est pas certaine d’être couverte en France.

Toutes les laiteries ou presque prévoient de « recruter » des jeunes agriculteurs en leur accordant des volumes de lait contractualisés. Aussi, aujourd’hui, avant de bâtir son projet, le jeune doit contacter sa laiterie. Il n’a pas forcément nécessité de reprise d’exploitation ou de reprise totale. Bâtir son projet demande de chercher la meilleure adéquation entre tous les moyens de production : main-d’œuvre, SAU, places en bâtiments et salle de traite, environnement.

Pour l’agriculteur déjà installé qui envisage de produire plus de lait, les compléments déjà alloués par certaines laiteries pour la campagne laitière 2014/2015 laissent des perspectives déjà conséquentes. Et, avant de rechercher de la croissance externe, il faut se poser la question de réaliser déjà cette croissance. De plus, il faut étudier ces projets de reprise en intégrant deux nouveautés :

  • La réforme de la Pac 2015-2020 qui va généralement limiter la valeur des droits au paiement de base des laitiers, d’autant plus que l’exploitation dépassera la surface de 52 ha qui permet de bénéficier d’un paiement complémentaire redistributif ;
  • L’arrêté du 30 décembre dernier qui interdit la prise en compte des dérogations pour présence de tiers à moins de 50 ou 100 mètres des exploitations suivant le régime des installations classées. Cette mesure interdit toute demande de modification de l’autorisation d’exploiter, et donc, la majorité des agrandissements sur site.

La valeur des exploitations est donc très influencée par ces modifications du contexte laitier. La disparité de valeur s’accroît encore.

Améliorer l’accessibilité

De plus, avec la volatilité du prix des intrants et du lait, l’autonomie alimentaire et la maîtrise technico-économique prennent encore plus d’importance. Il faut disposer de surfaces afin de produire des fourrages, car le rapport entre les différents aliments est de 3 pour de l’herbe pâturée, 5 pour du maïs et de la betterave, 12 pour les concentrés. Seule la voix fourrage est économiquement viable en regard du rapport actuel des prix du lait sur coût des concentrés. En effet, ce rapport est de 0,8 à 1 pour le tourteau de soja, 1,5 pour les céréales alors, qu’en 2009, il était respectivement de 1,5 et de 3.

Autre point important économiquement, le faible morcellement des surfaces afin de privilégier les aspects pâturage et le minimum de frais de mécanisation liés à la dispersion des surfaces. Le quota laitier n’étant plus lié au sol à partir du 1er avril 2015, il faut privilégier la reprise de surfaces proches du siège d’exploitation. La fin des quotas laitiers peut également avoir de l’influence sur les éleveurs de porcs. Un atelier porcin n’a de valeur économique que s’il est cohérent en bâtiments, en lien au sol, en main-d’oeuvre… La fin des quotas change aussi la donne pour les producteurs de porcs car, le lait n’étant plus attaché à une parcelle physique, des surfaces peuvent être « libérées ». De même, d’autres surfaces peuvent intéresser plus les laitiers pour une meilleure structuration de l’accessibilité au pâturage. Des arrangements avec les propriétaires des terres peuvent peut-être s’envisager, tout simplement, afin d’optimiser l’exploitation de chacun. La maîtrise technique devient plus primordiale encore avec une gestion réactive et prévisionnelle à court et moyen terme. Anne Yvonne Hénot/CerFrance Finistère


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